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 RAYNA RAYKOUM

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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptyMar Sep 30, 2008 10:32 am

Analyse à l'infrarouge d'un texte encore furtif

par Kamel Daoud
A la fin, cela devient ridicule et tue en vrac les gens qui s'yattardent la bouche ouverte : la nouvelle Constitution prêt-à-voter n'a jamais pu être un débat, mais seulement une sorte d'objet stellaire ou un rongeur bureaucratique dont on suit la trace supposée d'un bureau à l'autre, en éclairant à la torche les recoins d'aération et les tiroirs qui ne s'ouvrent plus depuis le départ de Chadli. Hier, la copie était entassée en feuilles mobiles sur le bureau du Président de la RADP, un instant, on a cru en voir une photocopie dans la bosse de Belkhadem. On a accusé le RND d'en avoir subtilisé une version dans le Sénat.

Puis, il s'est dit et répété qu'elle est aujourd'hui au-dessus de la pile des attentes du Conseil constitutionnel chargé d'en valider la naissance non naturelle ou douteuse par un processus de paternité passive.

En bas de la tour nationale, peu de gens s'y intéressent et les meilleurs sont ceux qui, déjà, ont réduit le texte fondateur de la nation à sa nature véritable de contrat de mariage forcé avec le peuple du moment ou qui ont compris sa fonction d'acte notarié. D'ailleurs, et si on en suit le périple furtif, on s'apercevra vite que les meilleurs en parlent comme les pires parlent de la Nuit du Destin.

La fameuse Leïlat El-Qadr, que la religion populaire prend pour une loterie ou une green card céleste et que la mystique a définie comme une conjonction rare entre plans célestes et profondeurs humaines de l'homme qui prie et attend dans la position du lotus arabe, celle du palmier couché. Comme la Nuit du Destin fixée au flou narratif des dix derniers jours du Ramadan, la nouvelle Constitution est dite prévue entre aujourd'hui et novembre.

Lorsque Ouyahia a dit qu'elle est annoncée des « les jours qui suivent », Belkhadem s'est cru obligé de revenir sur le faux scoop qui lui a été ravi de la bouche en annonçant qu'elle se fera avant deux mois. Comme la Nuit du Destin, la nouvelle loi se fabrique la nuit et change le destin d'un seul homme accompagné des siens et des gens qu'il aime. On sait qu'elle vient et tout le monde en parle, personne ne l'a vue et personne n'a rencontré l'homme qui a tiré le numéro gagnant depuis la fin des Abbassides.

Comme pour la Nuit du Destin, la nouvelle Constitution est vue et vécue comme une étoile filante qu'on peut confondre avec un phare de camion, le coup de phare d'un ange pressé de se consumer ou le lustre de plafond de la mosquée du quartier. La seule différence est qu'avec la Nuit du Destin, vous pouvez demander à la Nuit du Destin un destin package de Président, et qu'avec la nouvelle Constitution, vous pouvez seulement demander votre chemin pour rentrer chez vous. La conclusion ? Le 29 septembre 1902, Emile Zola a été tué. Le 29 septembre 1994, Cheb Hasni a été tué. Le 29 septembre 1995, Khaled Kelkal a été tué. Cela n'a aucun lien mais c'est la fin du Ramadan.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptySam Oct 04, 2008 8:53 am

La cause domino

par Kamel Daoud

Qui peut contrôler le contrôle ? C'est la grande question en Algérie. Boumediene y a répondu en répondant que l'on ne peut pas placer derrière chaque Algérien, un policier. La Tunisie l'a fait, mais cela ne mène pas plus loin que la portée de la matraque et vous transforme un peuple en un délateur en deux générations. Aujourd'hui, en l'absence d'une morale nationale observée par tous en guise de civilisation, de religion dé-folklorisée ou de sentiment de responsabilité, la grande question revient sous une nouvelle forme : comment contrôler les contrôles techniques des véhicules ? Le problème s'est posé, il y a quatre ans, lorsqu'il fallait contrôler les tôles roulantes et les transports publics. Il se pose aujourd'hui, après le terrible accident d'un bus contre un arbre sur une des routes d'Oran. Amar Tou, le ministre des Transports, venu pour présenter ses condoléances, y apprendra que le bus en question était rafistolé avec du fil de fer, alors qu'il avait passé avec succès son contrôle technique. D'où la mesure nationale de contrôler les contrôles techniques qui contrôlent les véhicules. Cela ne mènera à rien, mais permettra d'y aller avec fermeté et officiellement. Car la question la plus bête sera de trouver qui va contrôler le contrôle des contrôles techniques et ainsi de suite. Faussement, le problème finira par remonter jusqu'au sommet (accuser Bouteflika d'avoir mal conduit le bus de Aïn Témouchent même si c'est pas lui), alors que son coupable se trouve à la base. Chez le conducteur, le citoyen, l'Algérien anonyme qui n'estime pas nécessaire d'avoir une morale mais seulement un mode alimentaire et un bon schéma de débrouillardise en guise de QI. Psychologie de la démission face au réel, de l'absence du sens communautaire, syndrome de la licence après le départ du colon ou comportement de résistance par la triche face à la loi, le tout mène l'Algérien à tricher même quand il est seul sur une île déserte, sur une planète de granite dans un cosmos sous forme d'un cadenas. Avec le contrôle du contrôle du contrôle technique, on finira par accuser Bouteflika, ou n'importe quel Président de la RADP, d'un crime commis par tous. La formule fourvoie l'Etat et pousse le peuple à plus de félonie lorsque le policier a le dos tourné. C'est humain, mais il y a des limites. Lorsqu'on met un policier derrière chaque citoyen, la formule mène à l'absurde de cette situation où tous les citoyens voudront devenir policier pour se dérober à la loi, en son nom. Cela vous donne une dictature ou un commissariat collectif. Le peuple disparaîtra dans un immense fichier cartonné et ne resteront comme civils que des coupables ou des gens suivis de très près ou des vieux qui ne peuvent manger personne. Que faire alors ? Que faire à la place du contrôle des contrôles techniques des véhicules ? Comment résoudre la situation ? Comment attraper un chauve par sa coiffure ou lui vendre du gel ? Vaste programme : la réponse commence à l'école et finit dans le cahier des charges de la Civiliation. On peut, pour le moment, user de cette vieille recette de la psychologie grégaire : commencer par soi et l'exemplarité. Offrir le spectacle d'un Etat et de « gens de l'Etat » qui respectent la loi, pour mener une minorité du peuple à respecter le feu vert à pieds, et le feu rouge au volant. Cela donnera le reste dans une génération ou deux. Peut-être. Tellement « peut-être ».
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptyDim Oct 05, 2008 9:23 am

Ghardaïa : Retour à la méthode du fils de Noé

par Kamel Daoud
Petite définition format poche du vocable «civilisation»: c'est la maîtrise du temps qui passe et du temps qui fait. En clair, plus on maîtrise l'hiver, le chaud, le froid, les inondations ou les sécheresses, plus on se rapproche de la civilisation et on s'éloigne de la grotte inaugurale de l'humanité qui s'abrite. La distance est mesurable à la distance qu'il y a entre la fourrure animale et l'urbanisme. Ce qui s'est passé donc à Ghardaïa n'est pas la faute de l'Etat : il n'existe plus ou si peu. Ni du peuple : il a été emporté. Ni du Ciel : c'est sa loi et sa nature. Ce qui n'a pas fonctionné, ce sont les secours, le plan Orsec, le réflexe, la rapidité. En clair : il n'y avait pas assez de distance entre le pays et la nature, la grotte et la ville. Un pays mesure son développement à la maîtrise de l'hiver et des horloges. En Occident, la saison froide est une fête, une belle chute de flocons de neige sur des couples amoureux, des jouets et un beau tableau de chaumières, de feu de cheminées...etc. Ailleurs, là où on n'a pas encore conquis la lune, l'hiver est une menace, une saison de mort, comme il le fut pour l'homo sapiens à l'époque des grognements linguistiques. Donc à Ghardaïa, il y a eu des morts parce que nous n'avons pas encore suffisamment « creusé » la distance. Nous en sommes encore aux avaloirs mal faits et cela se conclut par des inondations assassines. Et rien n'exprime mieux l'état de cette nature plus forte que l'Etat et son reste que ce recours de survie choisi par un père de famille pour sauver les siens : les faire grimper chacun sur le tronc d'un palmier altier. La méthode remonte même aux temps mythiques de Noé dont le fils avait choisi de s'asseoir sur le sommet d'une montagne pour échapper aux flots. Encore qu'à l'époque de Noé, le salut divin, la technique des navires et les lois du symbolisme et de l'allégorie permettaient encore de sauver une partie de l'humanité avec le bestiaire des animaux élus. La finalité du mythe étant d'expliquer le Déluge par le manque de foi, le Salut par la volonté de Dieu mais aussi par la maîtrise de la technique. Noé avait bâti un navire avant le déluge, au sec et en prévision du pire. Un plan Orsec à sa manière. Chez nous, ce n'est pas le cas. Personne ne maîtrise la construction des navires, tout au plus celle des radeaux, au nord et à destination de l'Espagne. D'où le reste : une catastrophe à Ghardaïa, mais aussi à chaque fois que la nature fait peser ses lois. Il n'y a pas assez de distance entre nous et la préhistoire. Nous en sommes encore à sauver nos vies en grimpant aux arbres.


Hors sujet mais un peu de lecture maalich? je n'ai pas su où balancer ça :

http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5109996
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptyLun Oct 06, 2008 9:47 am

Le «Nom de Dieu» comme carburant national

par Kamel Daoud
C'est une sensation « nationale », collective et ressentie presque par tous ceux qui habitent ce pays et s'y sentent transportés comme des voyageurs passifs, l'un discutant en silence avec le dos de l'autre: le pays roule en roue libre depuis pas mal de temps. On distingue bien le dos du chauffeur national, fixant de ses yeux historiques l'éternité ou sa propre biographie, on distingue ses mains inaugurales tremblantes serrées sur le volant, on ressent parfois le poids du frein ou l'élan diesel de l'accélérateur, mais cela ne dément en rien la sensation de dangereuse liberté d'un pays soumis aux lois automatiques de la pente et à la règle de la gravité plutôt qu'à la volonté stricte de son conducteur. Cette certitude de cascade molle poussant le bus collectif à accélérer de plus en plus indépendamment de la volonté de ses voyageurs, les Algériens la collectent en balayant avec le faisceau de l'intuition, les terres de chaque matin.

La cohésion du pays, sa position debout entre ses voisins géographiques, la cadence mécanique de ses administrations et institutions, le bruit de sa respiration et même ses réactions musculaires confinent à de l'automatisme plutôt qu'à de la mécanique de la volition. Pourquoi ? Parce qu'il y a quelque chose qui a démissionné dans la chaîne du sens national: la chaussure posée sur l'accélérateur, le pied lui-même, le muscle de la jambe, le président de la RADP qui félicite le roi du Lesotho, ou le reste du peuple entassé derrière son dos, voyageant vers l'étoile polaire où leur ont donné rendez-vous les derniers martyrs en altitude. Les chauffeurs appellent ça « le poids mort » et l'Algérie semble en effet, vraiment, réellement, absolument en poids mort.

« Ça » roule mais dangereusement et de plus en plus vite et avec seulement le nom de Dieu pour carburant alternatif à la fin de l'utopie du socialisme. Cela ne tient qu'à cause de Dieu, des vieux vieillards qui irradient de la baraka, des enfants qui ont encore des ailes sous les omoplates ou parce qu'il n'y a rien d'autre à faire que de descendre, suivre la pente. Raison pour laquelle chaque matin dans ce pays, chaque citoyen s'étonne que cela continue encore, que ce pays existe une journée de plus, que tout ne s'est pas effondré. Car autrement que par la pente, l'Algérie est un miracle de trapéziste ou la preuve que l'on peut continuer à avoir des cheveux et des ongles, même après son propre enterrement.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptyMar Oct 07, 2008 9:43 am

Le ralentissement sans conséquence sur la panne

par Kamel Daoud
L'Algérie sera-t-elle touchée par le 11 septembre boursier et le crash de la finance mondiale ? Les spécialistes locaux se divisent en deux équipes d'astrologues, avec, entre les deux, le peuple qui n'a pas compris encore grand-chose. Pour les plus optimistes, entre le gouvernement et ses réseaux de spécialistes tranquillisants, l'Algérie a tiré profit de la bizarrerie de son économie, indexée au pétrole mais déconnectée du réel. Grosso modo, on répète un peu partout que le monde peut s'écrouler, il ne nous touche pas parce que notre argent a été misé sur les bons du Trésor américain qui restent une garantie par défaut.

Ce n'est pas du génie mais l'accident permet de conclure à de l'ingéniosité involontaire. C'est comme pour la privatisation du CPA: l'Algérie avait dit non pour des raisons internes, dites louches, mais l'effondrement des banques internationales donna au pays raison, rétrospectivement. Aujourd'hui, avec des banques staliniennes et du pétrole liquide, le pays est sauf, se porte mieux que New York et survivra à l'extinction de l'Occident au profit de l'empire chinois qui envoya un cosmonaute dans l'espace au moment même où Wall Street se tirait une balle dans la tête comme en 1930. Cette théorie du tranquillisant est aujourd'hui à la mode chez les ministres, les médias publics et ailleurs.

Pour les pessimistes cependant, le crash est réel et l'Algérie va crever de faim en mangeant le papier des billets de banque de la dévaluation mondiale. Selon la théorie des dominos, le pays va vendre du pétrole au prix de l'eau de robinet et la récession mondiale va faire augmenter les prix des produits que l'Algérie ne produit pas. A savoir ce que l'on mange, ce que l'on boit, ce que l'on porte et ce que l'on regarde. L'Algérie ne produisant que des Algériens, du gaz et de l'air par le canal de l'ENTV. A la fin, entre la Chine et Wall Street, le pays va payer avec du riz, de la semoule et du lait, en moins. Grosso modo, on dit que quelle que soit la manière, le crash mondial va avoir sa facture chez nous, pas par le biais de la chute des indices mais par les étalages des fruits et légumes. Dire aujourd'hui que la récession ne nous touche pas, c'est affirmer pouvoir sortir avec des vêtements secs après un déluge collectif. Cela ne tient pas.

Enfin de compte pour qui penche la balance ? Pour la raison. Le monde est peuplé et nous ne sommes pas seuls: l'indépendance de 1962 ne signifie pas l'indépendance en 2008. La globalisation est plus dure à chasser de chez soi que les soldats français et cela s'obtient par le travail pas par les maquis. A la fin, nous serons touchés. Au ventre. La seule certitude, il ne faut pas être un génie pour le conclure, est que le ralentissement de l'économie mondiale n'a, automatiquement, aucune conséquence sur une économie presque en panne. C'est logique. Cela va de soi.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptyMer Oct 08, 2008 3:37 pm

L'aumône parlementaire

par Moncef Wafi

Deux millions de centimes, pas un dourou de plus, pas un zloty de moins. 20 mille DA, pour parler comme les optimistes de la finance nationale, est le montant de l'obole attribuée par les parlementaires du FLN aux sinistrés de Ghardaïa. Une aumône qui renseigne du grand coeur et de l'étroitesse des poches des représentants de l'Algérie d'en bas auprès de l'Algérie d'en haut. 2 millions, c'est déjà ça comme dirait Souchon, mais c'est quoi deux millions, une fois tous les cataclysmes, par rapport aux 27 millions de chaque fiche de paie.

La pilule est trop grosse à faire passer même avec le capital soumission du peuple du sous-sol d'Algérie. 27 millions, khemsa dans les yeux des envieux, pour simplement lever le doigt à chaque fois qu'un ministre tousse. Et les gars, enfonçant le bouchon plus en avant de notre capacité d'endurance, s'ingénient à trouver des explications rationnelles à cette rallonge venue du haut d'un troisième mandat. Ils poussent le cynisme parlementaire jusqu'à inscrire cette pluie de biftons au rayon des augmentations salariales décidées pour tous les bleus de travail d'Algérie. Non contents, nos représentants trouvent qu'ils ne sont pas payés en conséquence en comparaison des parlementaires de quelques tribus perdues en Afrique. Comme autre justificatif à cette rente, « permettre à l'élu du peuple d'assumer pleinement ses responsabilités», rien que ça. Un argumentaire de poids censé expliquer les choix financiers de nos guides suprêmes. Mais explication pour explication, je voudrais bien qu'on m'explique, qu'on me fasse comprendre à quoi peut bien servir ces augustes assemblées qui grèvent nos impôts. Ne dites surtout pas à défendre la veuve et l'orphelin ou à s'élever contre les lois et les décrets.

N'avouez pas qu'ils sont là à surveiller le lait du petit peuple et proscrire les mesures impopulaires. A parler du prix du pain, à demander des comptes aux coupeurs d'électricité et pourquoi vouloir augmenter les tarifs de l'essence alors qu'on est un pays exportateur de pétrole. Ne me dites pas qu'une fois à l'hémicycle, votre souci premier, votre priorité absolue, est ce gréviste des tableaux qui se meurt à l'abri de l'école de Benbouzid.

Un conseil, il faut arrêter de se prendre au sérieux parce que personne, et surtout ceux qui n'ont pas voté pour vous, ne s'intéressent à ce que vous pouvez raconter.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptyJeu Oct 09, 2008 12:34 pm

De la Constitution, à l'arbre des ancêtres

par Kamel Daoud

Le drame de Ghardaïa aura démontré, grandeur nature, un nouveau phénomène politique désormais validé : le « doublage » encouragé ou de fait de l'Etat par des organisations sociales nouvelles. Et derrière le leitmotiv traditionnel d'une gouvernance qui a failli, d'organisations mises en échec ou de gestion par le tamis, on aura surtout compris que l'Etat lui aussi a été emporté par les eaux, n'y peut rien, se retrouve à chaque fois dépassé et qu'il faut compter sur soi, avant de compter sur les colis alimentaires de l'Etat.

Du coup, si vers le Nord l'Etat continue à refuser de perdre le monopole ou le contrôle strict et abusif sur les partis, beaucoup d'associations et les syndicats autonomes, une situation de faiblesse le pousse à accepter, désormais de plus en plus ouvertement, comme interlocuteurs et même comme remplaçants titulaires les « conseils de notables » et les vieilles structures longtemps dormantes qui assuraient la cohésion de la société algérienne depuis des siècles.

Au M'zab où ces structures ont bien négocié le virage et ont survécu à leur effacement ailleurs, les Algériens reviennent en force vers ces organisations de plus en plus politiques, de plus en plus indépendantes et fortes d'une légitimité et d'une efficacité démontrée. L'enseigne de « société civile » arrange un peu, pour le moment, les réalités, mais, comme en Kabylie ou dans l'extrême Sud, il ne s'agit plus d'un corps satellitaire mais d'un véritable noyau dur.

Au M'zab, les Ghardaouis ont pu mobiliser des médecins, organiser des vigilances et les surveillances des biens et des personnes, acheminer des aides et secourir des rescapés, mieux que les structures « noyées » de l'Etat, tout juste capables de servir de canaux bancaires et de « natures » pour les aides de l'Etat mais incapables d'assurer les secours et les survies mieux que les vis-à-vis locaux.

L'Algérie officielle, des décennies après la mise sous embargo des zaouïas que l'on fréquente, au sommet de l'Etat, aujourd'hui allègrement pour obtenir des soutiens électoraux et des tickets de « pardon », l'Algérie bascule vers ce qu'elle connaît le mieux, ce qu'elle a éprouvé pendant des siècles et ce qui la tient debout face à l'Etat qui s'écroule : les conseils traditionnels des notables.

La mutation est profonde, désormais visible, et peut annoncer de profonds bouleversements. L'Algérie se « monarchise », mais curieusement par le bas et sous le parapluie d'un consensus d'échec général à gérer la chose publique. De la Constitution on bascule peut-être vers l'olivier et l'arbre central des ancêtres. Faute de mieux, faute de sécularisation douce. Faute d'avoir pu obtenir mieux pour gérer le pire.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptySam Oct 11, 2008 8:40 am

Les oueds reviennent toujours chez eux

par Kamel Daoud
C'est devenu presque un rite funéraire cadencé avec une division en plusieurs actes: 1° - Un bulletin météo annonce beaucoup de pluies. 2° - Personne ne s'en soucie car la pluie est une bénédiction du Ciel et les Algériens sont un peuple peu tourné vers les prévisions, sauf celle du jugement dernier. 3° - La pluie tombe énormément dans un endroit construit comme une impasse, s'accumule et fait revenir à la vie des oueds transformés en trottoirs, en extensions urbaines ou en coopératives immobilières. 4° - Cela dure un quart d'heure mais suffit pour démontrer que poser un parpaing sur un autre ne suffit pas pour se réclamer de la maîtrise de la nature. 5° - Brusquement il y a des morts mais personne n'y peut rien car comme la population, l'Etat, son wali, son téléphone, la route principale et le plan ORSEC, tout est sur papier, rien n'est sous la main.

6° - Un quart d'heure après, les eaux refluent, l'oued se retire vers le robinet des nuages noirs, la boue remplace la rue et on commence à compter les morts. 7° - La population s'organise face à la mort comme elle n'arrive pas à s'organiser face à la vie, compte les survivants puis se tourne vers l'Etat qui lui-même se tourne vers elle pour fonder une nouvelle fraternité dans le deuil. 8° - Le wali sort en personne, participe au secours, ses « gens » l'entourent avec zèle, on répare le téléphone, on crée une cellule de crise, on compte les sinistrés. 9° - La confusion: il y a beaucoup de morts mais curieusement le nombre de rescapés dépasse celui de la population initiale, les Algériens étant rodés à ce jeu de multiplication par le deuil et le sinistre. On sort les sacs de semoule, Ould Abbas arrive annoncé par une colombe, l'oued n'est plus là, il ne reste que les pierres qui peuvent servir aux émeutes.

10° - Une partie de la population fait son deuil, une autre y prend prétexte pour coller sa liste à la liste des victimes du 1er novembre, du 1er octobre, du 11 septembre et se mettre en colère, réclamer plus de semoule, accuser l'Etat et attendre l'argent et de nouveaux logements. 11° - On ne dort pas impunément dans le lit d'un oued parce que l'oued n'est plus là: après le déluge, la terre revient.

Certains expliquent la chose par le souci céleste d'assainir les moeurs, d'autres par Katrina et les derniers en accusant l'Etat. Personne ne dit que c'est à cause de tout le monde car le plus urgent pour l'Etat est de démonter qu'il est vivant et pour les rescapés qu'ils sont tous des survivants. 12° - On enterre les morts puis on se met à reconstruire: pas le pays mais le lit de l'oued.

Assis sur une pierre blanche, un vieillard explique que c'est à cause du déboisement que la nature a des pneus trop lisses et que pour être sauvé il faut avoir la foi mais savoir construire des arches. Personne ne l'écoute: la terre est devenue un lot de terrain, l'oued, une plaque à l'entrée du village. Construire une chaloupe n'est pas possible sans bois et c'est passible de prison en ces temps de fuite. C'est de l'humour mais c'est un peu la vérité. Le un tiers des villages algériens s'appelle Aïn X, le second tiers Sidi Y, le reste s'appelle Oued Z. Curieusement tout le monde s'y étonne de voir revenir l'oued concerné.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptyDim Oct 12, 2008 9:19 am

Les minoteries ne feront plus de politique

par Kamel Daoud
Petite information banale : il n'y aura plus d'avantages à l'investissement pour les minoteries en Algérie. Pour certains, c'est la fin d'une époque : celle où un grand fonctionnaire de l'Etat pouvait rêver d'une retraite suisse à regarder se moudre la semoule dans ses parages d'origine et réexpliquer l'univers algérien au bruit des moulins. Le réseau favori des années 90 serait donc saturé à 200%. On passe à une autre façon de fabriquer le pain.

Pourtant, tout le monde s'y est mis presque pendant longtemps selon une règle nationale : celle de « l'investissement grégaire », à introduire dans le lexique spécialisé de l'économie. Souvenez-vous : Durant les premières années de l'Indépendance, un bon privé, sorti indemne des nationalisations enthousiastes et soumis à l'aplatissement doctrinaire par le socialisme, avait pour tendance de posséder un bus de liaison rurale ou, au mieux, un Hammam. Ben Bella s'en souviendra en parlant de graisse à faire fondre et l'une des mesures corrective de l'époque a été de donner aux anciens des maquis un bain maure pour signifier la réparation symbolique.

Après le Hammam, la mode a été celle des bains-douches. Filon favori des années 80, investissement préféré des conversions des bourgeoisies bureaucratiques, nées de la coercition du cachet humide et du règne mou de Chadlisme, avec la moitié du peuple devenue plus rusée que son propre Président. Durant les années 90, le bon filon du privé moyen, issu des fortunes séculaires honnêtes ou des détournements fonciers, années de gloire des agences foncières et des premiers attentats massifs, la recette était celle des « Salons de thé » pour le privé moyen et des entreprises de « sécurité » pour les plus puissants. Tout le monde s'y était mis et les hauts fonctionnaires qui n'y avaient pas songé se sentaient méprisés par leurs femmes et leurs aînés chaque soir au dîner. Certains avaient aussi senti le gisement dans les petites entreprises de constructions de guérites, blocs de béton aux alentours des commissariats et administrations, etc. Ce fut donc la mode du rush. A la fin des années 90, ce seront les minoteries, les fameuses, celles qu'on a expliqué comme faisant partie de certaines biographies officielles. Entre l'importation directe qui demandait beaucoup de temps et d'art et de patience et de flexibilité, la promotion immobilière qui exigeait que l'on ait des fils capables de distinguer un camion d'une Golf série V, et l'agriculture qui exigeait d'avoir des mains et pas seulement le bras long, restaient les minoteries. Facile, avec deux trous, l'un pour le blé entrant et l'autre pour la semoule sortante, un bouton et la possibilité de regarder la chose de loin et de démarrer le moteur avec de l'air. Les minoteries seront ainsi ce que sont les KMS aujourd'hui pour les ados ratés : un rêve d'avoir du pain en restant assis, ne demandant pas la technologie de la Corée du Sud, ni l'effort d'un Chinois ni le savoir-faire et la vigilance d'un colon du 10ème siècle. Huit ans après, le filon est déclaré sans intérêts pour la nation. Quelle est la nouvelle mode ? Les contrôles techniques des voitures ? Les Chips ? Les Show-room des concessionnaires ? Les journaux ? Le tiers présidentiel ? L'immobilier locatif ? L'époque est encore floue. La tendance ne s'est pas encore dessinée. Peut-être les relais de l'auto-route est-ouest.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptyLun Oct 13, 2008 9:47 am

L'arnaque du Royaume qui ne se mange pas

par Kamel Daoud
Curieusement en Algérie, le régionalisme est un tabou gratuit. Le bonhomme qui en est accusé peut en faire sa politique, en payer le prix ou en encourager l'archaïsme, mais pour la région concernée, cela fait une belle jambe pour l'endroit qui boîte comme le reste du pays. Même avec une presque moitié du gouvernement née, issue, passant ou se réclamant de Tlemcen ou de M'cirda (plus connue à Alger qu'à M'cirda), M'cirda reste un douar avec ses routes trouées, son ciel national et son quota africain de sous-développement et de manque de sens à l'existence après la chute de Grenade. Il faut lire les forums Internet de certains habitants de cette petite planète sans trace de vie pour comprendre une rare détresse de gens déshérités autant que tous les autres exemplaires de la RADP, mais qui sont accusés de vivre en Suisse parce que certains ministres sont enfants de l'endroit. Il en va de même à Tlemcen que pour toute l'Oranie, les Aurès, le M'zab ou...etc. Le régionalisme est surtout une déception pour ceux qui y avaient investi des sous et de l'émotion, et une belle arnaque pour ceux qui savent que la plaque minéralogique sert à des abattages clandestins à Alger plus qu'à pomper des crédits de développement vers son berceau supposé. Zeroual ou Bouteflika Présidents, cela sert à peine pour leurs villes d'origines mais sert beaucoup pour les jeux d'Alger. Et si douze ministres, répètent certains, n'ont pas pu développer l'Algérie, il ne faut en attendre qu'ils développent la planète Tlemcen. La géographie est une histoire qui a fini par être un caprice.

Le comble de ce jeu de dupes c'est qu'on ne peut pas y échapper la bouche fermée, ou la bouche ouverte. La visite de Tlemcen est devenue une erreur malencontreuse après les inondations de Ghardaïa, elle aurait été une curiosité politique avant. Pour le reste, c'est un débat de veuves : cela ne sert pas le pays et, encore moins, la région inculpée. Cela ne lui apporte ni argent, ni couronne ni goudron. Tout juste une trousse de maquillage et la certitude qu'après la fin d'un quelconque mandat et après la retraite, les ministres et les gens « made in » peuvent y revenir pour habiter la région, pas pour la rendre plus habitable.

Bouteflika peut en effet être votre voisin, cela ne signifie pas que vous êtes le sien. Et cela ne vous remplit pas le panier. Et cela ne se mange pas mais permet à d'autres de vous manger quand leur tour viendra d'imposer au pays une autre capitale.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptyMar Oct 14, 2008 8:34 am

Le froid lit de la RADP

par Kamel Daoud
On peut abusivement résumer la situation, en répétant avec le peuple mou que « tout va mal à cause de Bouteflika ». L'inverse étant aussi envisageable pour Bouteflika : « Il va mal à cause de l'Algérie ». Car elle ne correspond en rien à sa biographie depuis quelques années : ministre à l'âge où un jeune aujourd'hui en est encore à l'emploi de jeune, animateur de la jet-set du non-alignement à l'époque des nationalismes dansants, conseiller pendant vingt ans et Président pendant le reste du temps. En clair, les deux sont déçus l'un de l'autre. Bouteflika le dit pendant ses visites sur terre et le peuple le répète un peu partout en traînant la patte derrière le baril. Avec le temps, une autre analyse semble faire mode cependant : celle d'un Bouteflika totalement out, impuissant à changer un pays qu'il ne peut que critiquer ouvertement, prendre au col comme un maçon filou, secouer un peu avant de laisser tomber mollement les bras et s'isoler longtemps pour déchiffrer les étoiles et les chiffres. Pour un homme comme lui, la plus grande déception a été peut-être d'être choisi Président à l'époque où le peuple n'existait plus. A l'époque où il n'en reste qu'une foule abusivement docile et des foules qui ne savent jamais dire merci pour l'Indépendance et les repas gratuits. A son tour, le peuple est entraîné par les traders nationaux à tout coller à Bouteflika, seule tête visible de l'Etat et à l'accuser de servir de société-écran à la félonie collective et d'avoir fait pire en ne faisant rien de plus que jouer la rediffusion du boumediénisme affectif. Dans le foyer conjugal de la RADP, cela donne un mari méprisant mais incapable de faire autre chose que critiquer et s'enfermer à double tour dans sa chambre, et un peuple qui casse la vaisselle lorsqu'il ne mange pas, déchire ses chaussures pour que l'Etat lui en offre des neuves gratuites où insulte la Mère collective coupable d'avoir refusé la main de la France à l'époque de son viol. Suivi de près à chacune de ses sorties dans la planète de l'ENTV, Bouteflika semble être l'otage d'une position émouvante : sa lucidité lui montre un peuple au mode alimentaire détestable et son émotion réagit avec trémolo lorsque deux sympathisants et demi de la « Ouhda Talitat » arrivent à peupler l'univers de l'attente qui n'attend que lui. C'est l'amer fruit du populisme lorsqu'il est pris pour une relation d'amour et celui de la lucidité qui aboutit à l'amertume.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptyMer Oct 15, 2008 11:06 am

Dire qu'ils sont des nôtres !

par Aïssa Hirèche

Rien qu'à regarder comment se comportent certains dirigeants arabes, on comprend l'ampleur des dégâts de notre monde et l'on saisit toutes les causes de notre malheur. Lorsqu'on pratique les relations internationales d'un pays à travers le nombril désuet de nos progénitures et lorsqu'on toise les pays partenaires du haut de notre bêtise indéchiffrable par les humains, il va sans dire que notre économie ne peut être qu'une succession de foires poussiéreuses et notre diplomatie une série de sérénades où des poèmes débiles, sortant d'une pensée sénile, ne font que louer les exploits... verbaux et fictifs de ceux qui ne savent rien d'autre que se faire applaudir.

Dieu nous a donné de ses bienfaits ce qui aurait dû élever le monde arabe bien haut sur l'échelle de la modernité et du développement, alors que, solidement cloués à leur incompréhensible désir de creuser dans le vide, certains de nos dirigeants maintiennent leurs peuples dans la misère et la politique de leur pays dans l'indigence.

Sans autre culture que celle décidée par les saltimbanques chanteurs de palais et sans autre stratégie que celle dessinée par des bouffons qui se manifestent à l'occasion dans les souks, les pays de ces dirigeants de notre monde, dépourvus de boussoles, voguent sans cap. Ils naviguent selon l'humeur de la veille et l'état au réveil.

Pour un oui, pour un non, ces gens-là peuvent déclarer la guerre à leurs ancêtres. Pour un oui, pour un non, ils peuvent se prosterner devant leur ennemi. Jamais stables et pratiquant l'improvisation comme seule forme de politique, ils peuvent décider un jour d'une chose et le lendemain de son contraire, comme ils peuvent décider, au cours d'un discours incohérent ou d'une nuit agitée, de rompre des relations ou de les reprendre et de fermer ou rouvrir les frontières avec un pays frère ou un pays ami. Et tant pis si avec ce pays, situé sur un autre continent, on n'a pas de frontières car ils les ouvriront ou fermeront quand même !

Ils investissent dans les économies de ces pays ou en retirent leurs avoirs, c'est selon le sommeil de la veille. Ils approvisionnent ces économies ou leur imposent un embargo, c'est selon le temps qu'il fait au pôle nord ! Et lorsqu'ils n'ont rien à faire, ils enfourchent le dos du passé pour aller discuter, profondément graves et concentrés, dans des salles louées à coups de milliards, du nombre de pattes des mouches, de la typologie des pays selon le critère des... chaînes paraboliques ou, simplement, de tout ce que personne n'a plus envie d'entendre depuis au moins trois mille ans. Ils sont bizarres, ces dirigeants-là, aussi bizarres qu'ils font partie de notre monde !
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https://www.youtube.com/watch?v=Xsp3_a-PMTw
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptySam Oct 25, 2008 8:54 am

Un pays en léger différé?

par Kamel Daoud
Comment les Algériens vivent-ils la crise mondiale? Ils ne la vivent pas, mais la regardent. A la télé surtout. Pour l'essentiel, personne n'a rien compris: comment les Occidentaux ont fait pour perdre autant d'argent et où? Chez nous les choses sont plus simples: l'Algérie a l'habitude de se faire vider les poches mais par des gens, pas par des indices ou des cotations. Du coup, ce hold-up mondial, très abstrait, reste abstrait comme le microbe pour le médecin du XIIe siècle de l'hégire. L'Etat en profite pour répéter qu'il est le plus intelligent de tous. Pour le reste, rien ne change: les Chinois continuent à travailler pour nous parce que nous sommes encore fatigués après sept ans de guerre contre la France. Des Algériens volent, d'autres se reproduisent.

Quelque part on refait le carrelage d'une commune. Un ministre se met en colère puis retombe dans les bras de ses garde-corps qui le ramènent à Alger. Un wali ouvre sa fenêtre, inquiété par un gros nuage noir qui arrive sur sa wilaya où les avaloirs ont été dessinés à la craie sur l'asphalte. Un bus se renverse et bascule dans l'au-delà avec pneus et passagers. Des gens font grève. Un coiffeur donne la date exacte de la révision de la constitution et le taux précis de participation aux prochaines présidentielles. Personne ne le croit. Une mouche vole. Un buisson arrive au nord et demande à épouser un espace vert. Où est la crise internationale en Algérie? Pour le moment très loin ou pas encore. Et cela, les Algériens le prennent avec précaution. Pour les uns, cela prouve que nous sommes seuls, solitaires et absolument déconnectés de tout et de tous, au point de survivre à l'extinction de l'espèce.

Pour les autres, cela prouve que nous sommes enfermés dans une blague que l'on ne peut quitter, ni en riant, ni en pleurant. Pour certains, encore, ça va arriver et il faut s'y préparer en se cramponnant tout de suite à Dieu, la mosquée, les bijoux de la femme, le carnet de l'épicier ou à Bouteflika qui donne à manger... Et rien n'accentue plus le sentiment de vivre dans l'irréel, de flotter dans un livre officiel sur le 1er novembre, de n'être rien que des estomacs ou des intestins qui pensent que cette attente d'une crise qui est partout réelle, sauf chez nous.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptyDim Oct 26, 2008 9:16 am

La déconstruction Obama

par Kamel Daoud
Qu'est-ce que Obama ? D'abord un homme, ensuite un film. Pour lui-même sûrement, pour les siens de son pays et pour le reste de l'humanité. D'abord un film que se diffuse l'Amérique pour refonder son identité, sortir de l'image d'un super Etat texan qui vendrait sa mère pour un baril, et croire avoir dépassé les archaïsmes raciaux et religieux de son vaste empire.

Obama est la meilleure recette psychanalytique collective contre le souvenir d'Abou Ghoreib, le mensonge de Jessica Lynch, l'échec en Irak et la perte du mythe des USA qui sauvent le monde. Ce genre de mythes qui fondent l'enthousiasme super productif des Américains et leur donne la force et le courage et les poussent à raconter leur pays comme une épopée et pas comme une simple histoire officielle. Obama vient guérir l'Amérique et une partie de l'Amérique rêve en l'écoutant et se sent mieux, se sent boostée, et se prouve l'American Dream en regardant cet homme venu en partie de loin et qui est allé si loin rien qu'en souriant et en disant qu'il aime l'Amérique mais avec une robe plus jolie. Chose impossible dans le reste du monde où des gens comme lui finissent en bétails communautaires ou en tambours vivants.

Obama est aussi un film pour le reste de l'humanité : c'est la meilleure production de ces dix dernières années après Forrest Gump. Elle fait oublier le Rambo niais et détestable de l'invasion de l'Irak pour sauver les Irakiens de leur nationalité. Obama apparaît comme un lointain descendant de Kennedy et cette Amérique d'époque que tout le monde rêvait d'épouser et pas seulement Onassis, l'armateur grec. Il ne manque à Obama, dans ce scénario, que deux choses : être président et avoir droit à une balle dans le dos. Le film sera parfait et l'Amérique nous fera pleurer au point de faire oublier ce qu'elle nous a fait d'Abou Ghoreib à Wall Street. Obama serait donc un lifting assuré des USA et pas seulement de sa politique étrangère. Le candidat démocrate est tellement brun qu'il est donc un Noir, tellement contre Bush qu'il semble être son contraire, il est tellement contre la guerre qu'il est donc pour les Arabes, il est tellement jeune qu'il peut vous vendre du savon, il fait tellement rêver qu'on en oublie qu'on n'est pas tous américains, il est tellement gentil qu'il fait oublier le Pentagone, il s'appelle à la fois Obama comme un héros exotique, Barack comme un film des années 80, possède un second prénom qui le rapproche des nouveaux «noirs» du siècle que sont les musulmans, descend d'un couple mixte comme un fruit réussi, et sourit tellement bien que personne ne se souvient de Rusmfeld. Synthétique et ambivalent, il est accusé d'être arabe, terroriste et musulman, ou pro-sioniste, anti-musulman, catholique et trop jeune pour vivre longtemps. L'effet de tension crée le spectacle et capture les psychologies collectives que l'on sait primaires et sensibles à la suggestion. C'est cela donc Obama. Un film qui vous fera aimer l'Amérique comme lui l'aime apparemment.

De quoi faire oublier que tous les Kenyans ne sont pas tous des Obama mais que tout les Kenyans sont des Africains au fond de l'Afrique et que tous on ne peut aller en Amérique, y arriver et y être élu comme ça. Et c'est pourtant ça le principe d'un bon récit : personnaliser le lien entre la fiction et le spectateur au point de provoquer l'identification entre n'importe quel tiers-mondiste assis au Lagos et le héros hollywoodien qui abat un hélicoptère communiste avec son sourire et une seule balle au canon. Obama ne va pas sauver l'aréique mais l'image de l'Amérique et l'image qu'elle se fait d'elle-même. Il ne va pas sauver le monde mais le distraire un peu. Et c'est déjà bien.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptyMar Oct 28, 2008 9:45 am

Un mot, une balle

par Kamel Daoud
Selon ce que l'on dit, il va le dire. Publiquement. Quand ? Le 1er Novembre. Les Américains voteront le 04, les Algériens le premier donc. C'est plus précis que ce qu'a dit l'ex-numéro un devenu numéro zéro. Et ce qu'a dit l'actuel numéro Un. Les deux ont dit qu'il va le dire incessamment, mais ne pouvaient pas dire quand, ni mieux parce qu'ils ne le savaient pas eux-mêmes, comme nous, mais avec plus de certitudes. Que va-t-il dire ? Ce qui se dit depuis trois ans déjà : il va changer la loi qui est au-dessus de lui pour en faire une loi qui s'asseoira à côté de lui. Pour ce faire, il va le dire à moitié et ce sont les élus du peuple des deux Chambres qui ne disent plus rien, qui vont voter et le dire à sa place en le criant comme une acclamation spontanée. C'est ce qu'on dit finalement, après deux ans où l'on disait n'importe quoi dans les journaux et les rues. Genre : pour le moment, il ne dit rien et ce sont les autres qui disent n'importe quoi. Ou : il fait dire n'importe quoi à ses tambours parce qu'il n'a rien à dire de précis. Ou : il laisse dire pour voir ce qu'en dit le peuple. Ou : « dites toujours pour voir ». Et pendant trois ans, on a dit tellement qu'il ne resta plus que lui qui n'a rien dit et qui, habilement, va avoir le dernier mot puisque les autres se sont épuisés en disant. A la fin, il a créé un effet d'attente si immense, qu'il peut dire n'importe quoi, cela sera pris comme un signe, un livre, un message, un ordre ou un programme. Quel que soit le cas, il va couper le ruban rien qu'avec sa langue. Et c'est toute la surprise là où la surprise de sa candidature n'en est plus une, ni celle de la méthode pour le faire. Ce qui reste, c'est la manière de le dire et jamais autant de sujets n'ont surveillé un seul verbe. Le 1er Novembre, la question sera tranchée avec une seule réponse.

Comme pour être conforme à l'adage : le mot est une balle qui ne retourne pas dans le fusil. La candidature est un mot et donc c'est une balle. Celui qui dit, tire. Il n'y a pas de différence entre la poudre noire et la poudre aux yeux dans certaines batailles. Pourtant, même avec rien dans la bouche, une partie du peuple continue de dire ce qu'elle entend dire. Genre : va-t-il vraiment continuer avec un baril à 50 dollars ? Peut-on faire son histoire avec le crash mondial ? Faut-il partir avec le résultat de 150 milliards de réserve et une dette payée ? Ou continuer avec le risque de pas de semoule pour tous et un baril empli d'air et vendu pour du vent ? Les bonnes histoires sont les histoires qui finissent bien.

Au-delà, il y a des risques. On ne le dit pas. C'est à lui de le dire ou de le taire. Comme autrefois, tout se passera un 1er Novembre.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptyMer Oct 29, 2008 9:14 am

L'affreux cerveau des gens d'un seul livre

par Kamel Daoud
Etrange épopée du livre en Algérie. Dans un pays où le taux de lecture avoisine celui de l'usage des antennes classiques sur les toits des maisons à l'époque des satellites, le livre n'a pas encore de politique, mais il en fait. Et plus qu'un parti d'opposition ou de consentement. C'est à cause de fautes dans le livre (le manuel scolaire), que les anciens de la guerre se sont réveillés et ont repris le maquis comme ils ne l'ont pas fait à l'époque du vote de la loi positivant la colonisation, ou après les déclarations d'Aussaresse expliquant minutieusement comment il a tué Ben M'hidi. A la fin, ce sont deux inspecteurs qui ont été inculpés et des milliers de livres ont été retirés et corrigés. C'est à cause d'un livre aussi, que Benchicou est revenu à la vie. Et deux fois de suite, après sa mort. L'an dernier, mais aussi cette année, pour réussir à vendre son livre avant de l'imprimer et à faire parler de son ouvrage avant qu'il ne soit lu.

C'est à cause d'un livre aussi, que le directeur de la Bibliothèque nationale a été limogé, le premier jour du Salon international du livre, après d'immenses services rendus au livre et à ceux qui l'écrivent et de tristes explications fournies à l'adresse de ce qui ne l'écrivent pas mais le lisent avec soupçon. Sans politique mais faisant avec, ou dedans, les livres ont fait l'histoire même s'ils ne la racontent pas exclusivement. Pour encourager l'islamisme alternatif et stabilisateur, le livre était vendu au prix des épingles à cheveux durant trois décennies, disent des gens amers. Ils disent aussi que le livre est vendu deux fois le kilo de la viande à l'époque où on doit encourager en principe la démocratie, ou au moins la raison, ou au moins la tolérance ou au moins l'amour, pas le maquis. Curieusement aussi, cela se passe sous le règne d'un Président qui aime lire et qui le dit. Et qui n'aime pas certains écrivains et il le dit avec les yeux. Est-il possible d'avoir de bons livres avec des écrivains qui n'existeraient pas ou tellement peu qu'ils ressembleraient aux maires de l'Algérie ? Genre les Mille et une nuits ou la Constitution, deux ouvrages écrits par le peuple et par personne ? C'est un rêve.

Dans tous les cas, il y a une règle universelle que certains ont déchiffré : les gens d'un seul livre sont toujours des gens intolérants même s'ils disent qu'ils aiment lire. Que ce livre soit un livre sacré ou une Constitution amendée.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptyJeu Oct 30, 2008 7:31 pm

Citation :
les gens d'un seul livre sont toujours des gens intolérants même s'ils disent qu'ils aiment lire. Que ce livre soit un livre sacré ou une Constitution amendée.


exquise !
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptyLun Nov 03, 2008 10:24 am

Cherchons des candidats à blanc...

par Kamel Daoud
Dans quelques dizaines d'heures, les Américains vont avoir un nouveau président. Cela a duré longtemps: cela fait même quelques années que le pays, qui fait deux fois la surface de la terre et pèse 40% de son poids en or, slalome entre démocrates et républicains.

Pourquoi en parler ? Pour la démonstration scolaire: il s'agit d'un pays qui a deux candidats, en attendant d'avoir un seul président. C'est le contraire de votre pays : vous avez déjà un seul Président mais encore aucun candidat. Et c'est tout le fun épique des prochaines présidentielles algériennes. Trouver des candidats à la candidature face à un Président déjà à la Présidence.

D'où le plus original des challenges politiques de l'Afrique : où trouver des hommes sans os ni teneur en sel, qui acceptent de jouer les Indiens du western, qui tombent de leur cheval au bon moment et qui permettent, par leur caricature vivante, de donner à un match vendu les apparences du match Algérie-Allemagne au mondial 82 ?

Qui va se présenter aux prochaines élections algériennes avec une tête coupée offerte sur un plateau et une bouche largement ouverte ? Qui aura cette capacité titanesque de tenir tête aux moqueries nationales attendues, de faire campagne pendant des mois sous la huée silencieuse et de sortir indemne du jet de tomates ? Où trouver cet acteur courageux qui nous vendra du vent en nous promettant des orages ? Qui va se présenter contre Lui, avec de la laine vert-blanc-rouge sur le dos, le pantalon (ou la jupe pour la candidature féminine) à peine retenu par une ceinture d'explosifs esthétiques destinés à un plan de kamikaze électoraliste et à une explosion de feux d'artifice en guise d'adversité ? Qui est cet homme, ces hommes, cette femme ?

Car il faudra les chercher, même si on pense les avoir trouvés et les rendre vivants, même s'ils affirment respirer. Car ce n'est pas facile de vivre empaillé. Car nous ne sommes pas en Amérique. Et aussi parce qu'au-delà du cartoon, il reste l'évidence du sacrifice : un homme ou une femme qui vont vivre tout le reste de leurs vies poursuivis par un rire immense et perpétuel, ne connaissant ni le week-end ni des interruptions de champ, indiqués par un gros doigt collectif impossible à dévier et coupables d'une infamie que rien ne pourra effacer, même pas les laveurs de cadavres. Des gens, genre ce qu'on a déjà vu dans d'autres pays voisins, et qui, en tant que candidats et faux adversaires, ont pris ce soin extrême de murmurer, le jour même du vote, au Président du moment, qu'ils avaient voté pour lui, contre eux-mêmes, pour qu'il ne l'oublie pas le jour où il distribuera les vies et les morts.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptyMer Nov 05, 2008 9:35 am

L'Amendement Adonis

par Kamel Daoud
Une conclusion récoltée au salon international du livre à Alger. «L'Algérie n'a pas pu supporter un poète libre même pendant deux heures». Pour les uns, c'est tout dire, pour les autres, on n'a même pas encore dit l'essentiel de ce qui va suivre. L'histoire retiendra pourtant l'essentiel: l'amendement Adonis, l'immense poète syrien qui fait deux fois la surface du monde arabe actuellement, a coïncidé, presque, avec l'amendement de la constitution. Un texte peut donner donc l'éternité à un Président arabe. Un Poème peut donner donc la mort à un homme arabe. Adonis est parti, Bouteflika est resté, Zaouï est mort décapité même si sa tête continue à discuter, posée loin du reste de son corps devenu immobile. Dans le langage des fleurs, cela veut dire que l'espace se rétrécit entre le Palais et la Mosquée, avec un pont qui enjambe le peuple des avis différents. Cela veut dire que l'Algérie se referme de plus en plus. Cela veut dire que l'on va habiter longtemps cette terre en creusant le va-et-vient entre le vote et l'ablution. Et s'il faut en parler aujourd'hui, c'est parce que cet épisode risque déjà d'être clos et oublié sans procès, ni durable indignation collective. Adonis est venu et on y a cru et pour un moment, il a parlé. Le problème c'est qu'il l'a fait au moment même où les gens qui prétendent parler au nom de l'éternité et les gens qui veulent la décrocher, consommaient leur noce concoctée depuis longtemps. A la fin Adonis a dit puis il est parti.

Le directeur de la Bibliothèque nationale n'a rien dit mais il est parti. Les deux autres, sont restés, et nous au-dessous d'eux comme un peuple enregistré sur une bande vidéo sans son.

C'est dire que malgré ce que l'on dit, un Poète peut rester au travers des gorges et pas seulement sur la langue. On ne pouvait pas l'admettre lui, ce qui se passe à Biskra, ce qui va se passer pendant neuf mois, dans un seul pays de plus de deux millions de km². Le cosmos est grand, les espaces peuvent être petits. C'est un épisode dont on doit parler aussi souvent que possible pour se rappeler que l'histoire algérienne n'est pas seulement faite de martyrs, d'un drapeau, de quarante voleurs, de l'ENTV, de votre salaire et des dos-d'âne. Il existe un autre pays dans le pays et c'est justement celui-là qui devait le rendre habitable. Un pays symbolique, genre Shambala tibétain, où se fabrique votre air, les meilleures heures de votre coeur, où vous vous rendez lorsque vous riez sincèrement et qui donne de la couleur au reste du film en noir et blanc. C'est de ce pays que Adonis a été presque chassé, un écrivain pendu, des lecteurs dispersés et des cadenas placés au bout des meilleures rimes. Pour le reste donc, tout le monde a peur de ce qui va suivre. Vraiment. Pour ce pays et pour ses propres petites libertés.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptyJeu Nov 06, 2008 9:28 am

Les deux faces de l'Amérique

par Ali Babès
Les Américains l'ont voulu, ils l'ont eu. Le changement tant espéré par les jeunes Américains, mais également par les baby-boomers, ceux nés après la Seconde Guerre mondiale, est venu avec la baraka d'Obama. Un Noir, de surcroît qui a battu un Blanc en plein milieu d'une profonde dépression sociale et économique aux Etats-Unis. Ce n'est pourtant pas tellement une chose fantastique que cette élection dans un pays où les valeurs de démocratie et d'alternance au pouvoir sont en fait un modèle dans le monde. Et, même si la politique extérieure US ne va guère changer d'un iota par rapport aux grands dossiers du Moyen-Orient, du pétrole et du soutien invariable à l'entité sioniste, pas d'illusions à se faire à ce niveau, il reste que ce changement de couleurs à la Maison-Blanche est historique. Absolument fabuleux, Amazing, comme disent les Américains qui ont réussi un coup de poker historique : chasser du pouvoir des républicains séniles et vaniteux, et introniser un homme de couleur président des Etats-Unis. Il est jeune, 47 ans, noir, fils d'un Kényan et d'une Américaine blanche, a vécu une enfance tourmentée : le symbole même de la réussite sociale à l'américaine. Obama a de la baraka, car il a non seulement pu se faire entendre par un discours nouveau et rassembleur des couches sociales américaines marginalisées, mais il a surtout confirmé qu'aux Etats-Unis, si tout est possible, on ne badine pas toutefois avec la démocratie. Et l'élection de Obama est un parfait exemple d'une parfaite communion entre les électeurs et leurs candidats. Il reste cependant que cette élection présidentielle a montré les deux visages d'une Amérique crispée, celle qui veut que les minorités soient toujours mises à l'écart, et que celui qui a le pouvoir décide pour les autres. Obama va-t-il infirmer cette maxime, lui que d'importants dossiers attendent ? S'il est prématuré d'y répondre, il est tout autant vrai que des Américains vont grincer des dents lorsque le vainqueur de ces élections va s'installer avec sa famille à la Maison-Blanche. Ce n'est plus de la science-fiction, ni un polar de mauvais goût. C'est pourtant vrai : un Noir va habiter la Maison-Blanche, et fouler le gazon d'une résidence que près de 43 présidents américains blancs ont déjà habitée. Et se faire servir ses repas et se faire repasser ses vêtements par des domestiques blancs. Renversant ? Non, c'est cela les deux faces de l'Amérique. Un modèle de démocratie, un exemple pour le reste du monde. Même si parfois le fruit est pourri dans quelques recoins isolés.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptyMar Nov 11, 2008 9:18 am

Pata Pata

par K. Selim
Et voilà, on réécoute Pata Pata, encore une fois, encore mille fois, comme pour nous convaincre que notre voix, Mama Africa, Miriam Makeba, va encore résonner avec la puissance de la douleur, la puissance de l'espérance...

Miriam Makeba s'en est allée comme elle a vécu : en combattante et cela n'est pas donné à tout le monde. Elle est partie à l'aube, après un concert de solidarité avec l'écrivain italien, Roberto Saviano, menacé de mort par la mafia à cause de son roman Gomorrha.

Pata Pata, Dieu que nous l'avons aimée ! Dieu que nous l'aimons toujours. 1969, dans une Algérie, encore joyeuse et pleine d'espoir, sa voix s'élevait forte, douloureuse mais ferme, décidée, ne s'avouant jamais vaincue.

Pata Pata... Tout Alger, toute l'Algérie, toute l'Afrique avait appris le refrain et dansait... Elle avait reçu un passeport algérien et nous en étions fiers. Cette combattante nous honorait, elle nous comptait parmi les siens.

Ifrikya, Afrique, Africa... Elle nous a fait chavirer au stade des Annassers. Même des gens âgés et sérieux n'avaient pas résisté : ils se sont mis dans la danse. Sans retenue. Mama Africa valait bien que l'on danse avec elle, jusqu'à tituber... Jusqu'à l'ivresse.

Pati Pata... On réécoute, sur YouTube. Puis on se lève, timidement d'abord, comme des encroutés qui n'essayent plus. Et puis on retrouve peu à peu la magie et on danse... Et on répète derrière cette voix sublime à nulle autre pareille: Pati Pata...

On oublie pour un moment les avanies du temps, les promesses de liberté et de justice qui se sont perdues, on oublie même nos artères fatiguées... Pati Pata...

« Ses mélodies obsédantes ont donné une voix à la douleur de l'exil et à la dislocation qu'elle ressentit pendant 31 longues années ». C'est Nelson Mandela, un autre symbole qui le dit et il ne le fait pas pour la forme. « Elle mérite le titre de Mama Africa. Elle était la mère de notre combat et de notre jeune nation ».

Elle le méritait, car elle nous rendait des gens heureux, combatifs... et déterminés... Elle nous rendait meilleurs...

Pati Pata...

On pleure, Miriam Makeba.

Pour elle-même, pour ce qu'elle fut, pour nous-mêmes, pour ce que nous ne sommes plus. Pour nos espoirs laissés en rade. Pourtant, cette femme qui, en 2005, décidait d'arrêter de voyager, en faisant une tournée pour « dire merci et adieu », a encore repris la route. Pour faire ce qu'elle a toujours fait, combattre. Elle ne s'est pas arrêtée. Du combat contre l'apartheid à l'ultime tour de chant pour narguer la mafia italienne, Miriam Makeba n'a pas baissé le bras, ni la voix...

Pati Pata... Bouge-toi donc mon fils, bouge-toi ma fille, ne te résigne pas...

Pati Pati, ne baisse pas les bras... La voix de l'Afrique ne s'est pas tue...

Elle continue à résonner dans nos têtes, comme en ces jours lointains où tous les espoirs étaient permis...

Pati Pati, l'espoir n'est pas sans voix... même s'il a de la peine à trouver sa voie.

Mais il faut bouger mon fils... Et si tu as de la peine à le faire, réécoute la voix...

Le Quotidien d'Oran:Mardi 11 novembre 2008
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptyMar Nov 25, 2008 8:56 am

Aleluia! kamel Daoud est de retour ! wine kane ?
Le quotidien d'Oran 25/11/2008

La théorie du peuple dépeuplé

par Kamel Daoud
Que peut faire une limace mariée de force à un cadenas ? Rien. Ou si peu. C'est la réponse des minorités opposantes algériennes tombées sous la coupe de la monogamie présidentielle annoncée. Pour changer les choses, et c'est connu, il faut une idée, un peuple et des meneurs. Quand le peuple est assis, l'idée myope et les meneurs terrorisés, il ne se passe rien. Le peuple est alors marié de force.

Mais malgré cela, il faut toujours un prétexte légal, une raison ou un mythe pour faire passer le viol aux honneurs d'une histoire d'amour. Chez nous, l'un des arguments les plus usités est celui de l'homme Unique. Ainsi, il est dit un peu partout dans le pays : « C'est le seul. Voyez-vous quelqu'un d'autre que lui ? ».

Le peuple ou les gens encore intéressés par leur sort regardent alors à gauche, à droite et ne trouvent personne qui demande leur main en leur coupant les pieds. Et c'est tout à fait vrai : lorsqu'un régime produit du désert, il produit généralement le vide qui va avec. Du coup, en plein Sahara, entre deux dunes, quatre fennecs et deux ergs rognés par les vents, le peuple finit par s'en convaincre ; « si ce n'est pas Lui, c'est le vide ». Ou le chaos. Ou la catastrophe.

L'une des fonctions des régimes clos est, en effet, de tuer les oeufs et de ne laisser émerger aucune figure alternative. On ne tue plus les opposants sérieux : on ne les laisse pas naître. Chez nous, cela a fonctionné comme une stérilisation par épandage aérien : on a fait en sorte que personne ne dépasse la laine de son propre dos, on a discrédité les opposants au point qu'il n'en reste que leurs appareils et appareils dentaires et on a terrorisé les autres. Ceux qui seraient tentés, intéressés ou se sentiraient un peu appelés n'existent pas. A la fin, l'Algérie a résolu le conflit des générations par un laconisme : la génération suivante n'existe pas. Le temps ne passe plus par ici. Les nouveaux ne peuvent pas gouverner le pays sans le redonner aux colons.

Que reste-t-il alors : « c'est nous ou l'ogresse qui mange les enfants ». Et du coup, la formule fonctionne à merveille et à double sens. D'abord pour les Occidentaux qui ont peur du chaos et des islamistes et pour les peuples locaux qui ont peur tout court, ou qui sont devenus de grands larbins faute d'épopée héroïque nationale. A la fin, il ne reste que les zélotes, le peuple et un homme, un seul, à chaque fois unique même s'il est remplacé, supplié pour qu'il prenne la Présidence, indépassable comme horizon et comme candidature, investi d'une intelligence totale et d'une compétence sidérale qui le pousse à fabriquer des sondes spatiales entre deux Oukase. C'est la théorie du peuple dépeuplé.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptyMer Nov 26, 2008 9:05 am

Des rumeurs sur un gros projet est-ouest/26/11/2008

par Kamel Daoud

On a cru les prochaines présidentielles closes sur elles-mêmes comme un Ouroboros et fermées comme la bouche de Khalifa sur l'origine de son kérosène, il n'en est rien. Peut-être. Et ceux qui se réjouissaient de l'impuissance mathématique du système à trouver des candidats après avoir choisi ouvertement un Président, se sont peut-être trompés. On a tous, peut-être, oublié cette formidable inventivité des ingénieurs du vide qui peuvent vous fabriquer un Président à partir d'un simple piéton. Depuis quelques jours, alors que les têtes étaient tournées vers certaines figures partisanes à peine capables de meubler la RADP, on semble nous concocter un véritable Bollywood en introduisant, dans le circuit, la figure de Liamine Zeroual. Et là, même si c'est faux, comme le prétendent les plus avertis, l'effet spécial a été réussi. Déjà on pense à de vraies fausses présidentielles avec deux figures binaires, douées de la même (presque) charge statique mais capables d'introduire une tension sur scène et d'animer le spectacle autrement que par des figures secondaires. On s'imagine déjà une concurrence alimentée par des reliquats de régionalisme -parallèle de l'autoroute est-ouest-, des sympathisants rétroactifs, des analyses de presse qui vont remonter le temps pour fouiller dans les poubelles de la décennie 90.

On s'imagine ce que sera cette course entre deux Présidents, l'un sorti au nom du peuple, l'autre insistant au nom du peuple. Car dans ce scénario qui ne repose que sur des rumeurs et des agitations prénatales, on aura réussi un formidable coup de sauvetage par respiration artificielle d'une élection morte avant son déroulement. Bouteflika ayant l'avantage d'être déjà Président. Zeroual ayant celui d'avoir été vraiment élu la seconde fois, avec un effet de foule tellement immense que personne n'ose analyser, aujourd'hui, et sorti avec une légitimité que d'autres peinent à ramasser, même à genoux.

Le premier capable de tout, le second capable de laisser tomber tout. Le premier dit très rusé, le second trop honnête. Le premier présenté comme gagnant, le second comme ayant déjà gagné plus que ce que peut gagner un président: sortir vivant, le rester longtemps et incarner le seul souvenir valable dans une décennie de cauchemars.

Zeroual ayant ce don à reculons d'avoir gagné la sympathie des Algériens après son départ et d'avoir prouvé la possibilité de l'élégance en Algérie, même s'il a fait partie de la grosse ficelle.

Et c'est tout le piquant de cette nouvelle histoire: une course à la Présidence entre un homme qui ne veut plus courir depuis des années, et un autre qui n'en a même pas besoin ou qui fait courir les autres en regardant du haut des gradins. On ne pouvait trouver mieux comme carburant oral et il faut déjà en saluer le génie avant que cela ne soit démenti. Cela ne changera pas notre laine mais il est dit que celui qui n'achète pas, peut regarder.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptyJeu Nov 27, 2008 1:21 pm

Le monde selon ses nouveaux animaux

par Kamel Daoud
Pendant un siècle ou plus, le monde politique s'expliquait par deux formules faciles : il y avait d'un côté les dictatures, de l'autre les démocraties. Les premières pouvaient être bananières, totalitaires, militaires, familiales ou tribales. Les secondes étaient élues, suisses avares, américaines spectaculaires ou françaises bavardes. Le 11 septembre 2001 Ben Laden attaque l'Amérique et l'Amérique découvre le reste du monde, dans le processus inverse à la découverte de Christophe Colomb. Depuis, donc, le monde a changé et les régimes politiques avec. Un catalogue des principales formules en cours.

1°- La démocratie contrôlée : il s'agit de pays avec des élections pluralistes non libres, reconnaissables au Président choisi avant d'être élu et aux candidats battus avant de se présenter. L'Occident en encourage la formule dans les pays où il y a des ressources d'énergie qui imposent la stabilité mais qui restent des pays trop proches de l'Occident pour qu'on puisse fermer les yeux sur les « dépassements » ou ne pas les utiliser pour faire chanter les indigènes.

Les journaux y sont libres mais rentiers, les élites démissionnaires ou découragées et le peuple indocile mais facile à battre et à abattre. On y vote, tous, mais on n'y élit pas. On y proteste mais sans changer les choses. On y retrouve des opposants mais assis sur des nuages.

2°- Les théocraties annexées : genre Arabie Saoudite. Là, on coupe encore les mains des voleurs comme au Moyen-Age mais tant qu'on coupe pas le pétrole, l'Occident ferme les yeux. Les familles régnantes sont truculentes mais très utiles dans des régions où il vaut mieux avoir un roi ridicule mais efficace qu'un chef indigène légitime et indépendantiste. Cela est valable pour l'Arabie mais aussi pour la Jordanie qui ne vend pas du pétrole mais ses positions dites modérées. C'est ce qui fait que l'Occident ne voit rien qui le dérange dans les pays du Golfe et dans le désert d'Arabie et voit le mal dans les tchadors des Iraniennes.

3°- Les dictatures réaménagées : genre Egypte ou surtout Libye. Là, le Grand chef peut faire régner son fils ou sa femme, traiter son peuple comme un essuie-glace, inventer des plans de relance économique à base de maïs et de dattes, couper en mille les opposants, interdire les journaux et épouser de force les plus jolies filles de son fief nationalisé, personne ne trouvera à redire. Ces pays ne vendent pas du pétrole parfois mais surtout la fameuse stabilité tant demandée après l'émergence de la menace islamiste internationale. L'Occident se dit en les regardant que vaut mieux laisser faire ces gardiens de prison à peau de léopard que voir naître des républiques islamistes djihadistes ou des démocraties qui vont demander l'indépendance, la vraie. C'est là que l'on sous-traite les interrogatoires musclés, les poubelles sécuritaires et les délinquances internationales.

4°- Les régimes commissaires : genre Maroc ou Tunisie. Là, l'Occident se dit que puisque les chefs locaux ont réussi à faire asseoir tout un peuple dans une immense salle vide bien repeinte et qu'on y mange mieux qu'au Rwanda, vaut mieux ne pas chercher à faire mieux. Dans ces pays, on ne vote pas comme ailleurs, mais le comble c'est que personne ne demande à être candidat face au grand chef qui en est à son septième mandat. La moitié du peuple y est contente, l'autre moitié n'a pas de jambes.

5°- Les dictatures bananières : genre beaucoup de pays de notre Afrique. Là, l'Occident se dit qu'il ne peut rien faire sauf informer le reste du monde et envoyer du Riz et Angelina Jolie. On y tue, on y vole, on y pratique le coup d'Etat et le massacre en live tous les après-midi, mais ceux qui y habitent ne sont pas des humains. Juste des images tristes, des jungles dures, des militaires qui hurlent et des gens qui y fuient pour fuir encore plus loin mais en rond. « On a décolonisé et c'est tout ce qu'on pouvait faire » expliquent souvent les Blancs sans le dire ouvertement. Le seul réconfort c'est que ces pays ne produisent pas d'islamistes mais peuvent parfois en abriter.

6° - Les pays McDonald's : genre Irak et Afghanistan : l'Occident y entre sans frapper, y coupe des morceaux, y recrute des mercenaires et y désigne une poupée à peine capable d'imposer ses pouvoirs aux cuisines du Palais. Du coup, le pays en question réagit, succombe à ses diables intimes, tombe en morceaux et se fait gouverner tout à la fois par ceux qui le colonisent et par les nouvelles milices locales.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 8 EmptySam Nov 29, 2008 8:27 am

Appels en absence de quelques imams algériens

par Kamel Daoud


Dernièrement, entre la pluie, le mouton et le coma politique national, un groupe d'imams algériens ont protesté. Contre quoi ? Contre des prêches prépayés qui leur auraient été imposés, ce qui leur a valu des sanctions. Leur tutelle a démenti et les imams sont retombés dans l'oubli, alors qu'ils avaient droit à un salut national pour avoir défendu la fameuse liberté d'expression menacée dans les journaux par les pages de publicité et les annonceurs, et dans la vie par le western et le vol de bétail politique. Pourquoi ? Parce que ces imams sont des imams, ils n'ont pas de journaux, ne s'appellent pas Benchicou et ne sont pas des défenseurs de droits de l'Homme ou des gens connus.
Se sont des imams. D'où la question : qu'est-ce qu'un imam en Algérie ? Réponse : c'est un Algérien qui mène la prière au ciel et en revient avec accusé de réception, enterre les morts, arrange des vivants et explique le monde chaque vendredi. Dans l'imaginaire algérien, il s'agit d'un homme qui ne mange pas, ne se reproduit pas, n'a pas à demander un plan de carrière, ni des primes de rendement, ni un logement, ni la liberté d'expression. Son logement, c'est au Paradis. Son salaire est sur les états de Dieu et sa carrière est tracée entre l'ablution et le jugement dernier. Assis trop proche de Dieu, il se trouve être assis très loin des basses préoccupations terrestres selon le cliché religieux et social. Du coup, on l'oublie même quand on s'adresse à lui. On oublie qu'un imam peut être vénal, tricheur, déserteur des prières de l'aube, fainéant ou salarié ou larbin des responsables locaux. Et on oublie qu'il peut être misérable, sans logis, nourri aux dattes sans lait, menacé et homme pour qui sa croyance suffit comme électricité. On oublie aussi qu'il représente le plus grand et le plus efficace réseau de communication national et peut être otage du politique, victime de la censure et porteur d'une expression. Le tort des imams est d'être des imams, avec un discours religieux et de ne pas bénéficier des galons des défenseurs de la liberté, même s'il s'agit de la leur. Du coup, avec le bon esprit du grégaire idéologique local, ils sont exclus des solidarités des élites algériennes, des mouvements de soutien en cas de musellement et des gestes des défenseurs attitrés. Personne ne s'en soucie et l'enjeu de leur audience, qui dépasse celle de tous les autres avocats du vent libre, est laissé au Système de la RADP, qui en abuse au nom de la vigilance post-FIS ou en use au nom des campagnes pour l'hygiène ou celle pour les élections. Des imams, qui demandent un peu de liberté d'expression, ne font jamais mode, et cela explique pourquoi personne n'a donné suite à leur mouvement ces derniers jours.
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