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 RAYNA RAYKOUM

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Amine22

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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptyMar Sep 02, 2008 5:55 pm

RAYNA RAYKOUM - Page 7 Header12

Raïna Raïkoum du 02.09.2008:


«Faire fondre la graisse des investisseurs étrangers»




Pendant que le peuple mange plus qu'il ne doit manger, durant le mois où il doit manger le moins, la question en vogue depuis quelques semaines n'a pas été tranchée: l'Algérie succombe-t-elle à un nouveau maoïsme ou freine-t-elle son libéralisme qui n'a pas libéré son pétrole mais seulement les appétits ? Pour les investisseurs étrangers, Bouteflika est un homme qui aime Bush, fait comme Chavez, pense comme Boumediène et s'agite comme Sarkozy. Il veut reprendre les choses en main, mais il n'en a qu'une seule. Il veut limiter les fuites d'eau mais inculpe la mauvaise personne. Il veut diriger mais cède au dirigisme mais pour le commerce bon pour l'ENTV.

Pour l'essentiel donc, les signaux sont mauvais puisque depuis le dernier discours du Président de la RADP aux maires et l'échec de la première loi sur les hydrocarbures, le chavisme fait fureur dans le pays. Au nom du nationalisme, on pratique une sorte de politique de «nationalisations» très nouvelles: on ne fait comme à l'époque mais on fait mieux et pire. Cela se pratique par des lois sur les assiettes de terrains, des redressements fiscaux et des impositions sur les bénéfices avec interdiction de faire des affaires dans le dos du pays. Les investisseurs étrangers sont invités à s'asseoir mais sur la moitié d'une chaise et à faire des affaires sans défaire leurs valises et à vider leurs poches auprès des polices des frontières. Pays du milieu du Maghreb avec les extrêmes dans les réactions, la RADP traite ainsi tout le monde, les bons investisseurs et les corsaires, avec la logique de la purge et la matraque des nouveaux nationalismes économiques.

Dans le tas, on oublie presque qu'on n'a pas les moyens de la Chine, ni une indépendance toute neuve comme durant les années 70. Et là où il y a eu abus, magouilles et transferts clandestins des milliards, l'Algérie a réagi par une rétraction vers ce qu'elle connaît le mieux, de la Présidence à l'APC: le dirigisme et le tout-Etat avec chasse aux propriétaires des bains maures, procès des bourgeois et nationalisations triomphantes. Aujourd'hui donc on fait de même sauf avec le gommage esthétique d'un gros détail: les trois quarts du peuple déambulent dans le pays sans savoir comment le pratiquer, le un quart restant le surveille et si les étrangers quittent le nord, il ne nous restera que des cageots vides et les puits du Sahara. Etre nationaliste c'est beau, mais avant, il faut s'en offrir les moyens et là, le maoïsme oratoire n'est pas très indiqué.




Kamel Daoud .
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptyMer Sep 03, 2008 11:13 am

Le monde comme intestin ou comme cosmos ?

par Kamel Daoud

On le sait : la bêtise est collective, la morale est individuelle. C'est pourquoi le choix éthique est un choix libre, supposant le sens de la responsabilité et le sentiment de sa propre liberté. On a une morale parce qu'on le décide, librement, et pas parce que Dieu offre à la fin des femmes et des jardins ou parce que le voisin surveille ou que l'image intérieure du Père totémique veille sur les dérives. Ibn Rochd, le pauvre philosophe d'il y a quelques siècles, l'avait compris. Pour la plèbe, on parle de paradis et d'enfer, pour l'élite, il y faut la raison ou l'intime proximité et expérience avec l'âme universelle. Zappons donc pour diriger le satellite virtuel sur l'Algérie, pays musulman où l'Islam est utilisé pour plaire à Dieu, tuer, vieillir doucement, expliquer le monde ou tenir tête à l'Occident. Durant le Ramadan, le cerveau local a pris des habitudes : tout le monde se rue pour acheter et consommer plus que durant les autres mois, les vendeurs et revendeurs en profitent et l'Etat est accusé du péché originel. Comme le remarquera un confrère dans un édito du Q.O, personne ne semble vouloir ou pouvoir revenir sur le simple constat que c'est le choix individuel de chacun de surconsommer jusqu'à l'abus qui fait fonctionner le reste de la carcasse monstrueuse de la fameuse spéculation, dernier diable survivant au socialisme raté. Personne ne semble se décider à accepter que c'est lui l'interrupteur et le levier initial de cette chaîne alimentaire carnivore, bâtie sur un sourd compromis entre le rite mal compris et la peur animale d'avoir le ventre vide et la bouche sèche. Il suffit que chacun se décide pour un « éthique du ventre » pour que le monstre local s'écroule sur lui-même par manque de clients et là, l'Etat n'y est pour rien. Car, dans la frénésie coutumière de ce mois, il y a le spectacle d'une panique pour laquelle les explications biologiques, celles théologiques ou celles du dogme ne suffisent pas. Les Algériens, peuple durablement traumatisé par sa condition de peuple précaire entre deux colonisations, incertains de son calendrier alimentaire et des horaires de répartition des repas, redécouvrent la peur la plus viscérale durant ce mois que l'on habille de la peur de Dieu et du respect de ses lois. C'est pourquoi, en Algérie, tout le monde parle de repas, l'humour n'échappe pas aux chapitres et la meilleure ruse du podium local est celle qui raconte comment un débrouillard typique a pu manger à l'oeil sous le nez des autres. Le contrepoids naturel à cette attitude de panique viscérale étant une hypocrite dans les croyances qui fait que nous avons la religion furieuse, le repas violent, le terrorisme persistant, l'Etat cupide et la morale bâtie sur le compromis entre voisins et proches. Il suffit pourtant du choix d'un Ramadan selon soi, « un ramadan en solo » pour que le monde mue de l'intestin, vers le statut d'un cosmos.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptyMer Sep 03, 2008 11:56 am

widedangel a écrit:
....On a une morale parce qu'on le décide, librement, et pas parce que Dieu offre à la fin des femmes et des jardins ou parce que le voisin surveille ou que l'image intérieure du Père totémique veille sur les dérives. Ibn Rochd, le pauvre philosophe d'il y a quelques siècles, l'avait compris. Pour la plèbe, on parle de paradis et d'enfer, pour l'élite, il y faut la raison ou l'intime proximité et expérience avec l'âme universelle...
Ahhh quel homme ce Daoud, et dire que certains parlent d'obligations et je ne sais quoi... La seul chose qui devrait être obligatoire est d'utiliser son cerveau ;-)

Merci Wide.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptyMer Sep 03, 2008 2:20 pm

Kwitzach a écrit:
widedangel a écrit:
....On a une morale parce qu'on le décide, librement, et pas parce que Dieu offre à la fin des femmes et des jardins ou parce que le voisin surveille ou que l'image intérieure du Père totémique veille sur les dérives. Ibn Rochd, le pauvre philosophe d'il y a quelques siècles, l'avait compris. Pour la plèbe, on parle de paradis et d'enfer, pour l'élite, il y faut la raison ou l'intime proximité et expérience avec l'âme universelle...
Ahhh quel homme ce Daoud, et dire que certains parlent d'obligations et je ne sais quoi... La seul chose qui devrait être obligatoire est d'utiliser son cerveau ;-)

Merci Wide.

eh oui kwikwi qui pourrait comprendre tout cela, qu'au lieu de passer son temps a copier et attendre qu'on oblige de faire ca ou ca on devrait se servir de son moukh se creer ses propres obligations
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Rostom

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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptyMer Sep 03, 2008 6:02 pm

Citation :
La seul chose qui devrait être obligatoire est d'utiliser son cerveau ;-)

Citation :
on devrait se servir de son moukh se creer ses propres obligations

scratch scratch scratch

En tous les cas moi, je suis fixé sur au moins une chose! je sais qui fait partie de la plèbe et qui appartient à l’élite ! moi par exemple c’est la plèbe, y a rien à dire

La bêtise est comment déjà ? ah ! oui "collective" ça me rassure !
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptyJeu Sep 04, 2008 11:16 am

L'époque des dictateurs fatigués de leurs peuples

par Kamel Daoud

L'info fait fureur dans le pays auprès du peuple: Kadhafi a décidé de distribuer l'argent du pétrole directement du puits à la poche de chacun. A côté, la polémique sur la repentance française et l'exemple du chèque italien pour se dédommager de la colonisation de la Libye, fait figure d'une discussion sur la couleur d'une teinture de cheveux dans un douar qui brûle. Le peuple, sa presse, ses pouvoirs minuscules, sa colère rentrée et le reste de sa conception simpliste de l'économie et de la politique, décrypte chacun la dernière invention populiste du leader voisin, mélange indigène entre la Cité de Dieu, la République de Platon, le Livre vert et la nationalisation par le peuple. La question étant: peut-on donner au peuple, individuellement, sa part d'argent pour qu'il en fasse ce qu'il veut ? Oui, répond un dessin animé local: ainsi chacun pourra utiliser «son argent» soit pour s'offrir un pèlerinage, un visa, une troisième femme, la démocratie, une école privée ou une voiture.

La distribution directe imposant une dissolution directe des services publics, comme le dit Kadhafi, source de corruption, de hogra et d'abus. Avec chacun son baril dans sa poche, les hommes d'un endroit anonyme peuvent s'organiser pour «monter» une APC ou ne pas le faire, recruter la police qui les sert le mieux, prendre la route ou en fabriquer une meilleure qui mène vraiment vers le mieux. Une sorte de démocratie directe, absolument participative et sans intermédiaires d'Etat. Les Algériens en rêvent depuis Ibn Tumart et ne parlent que de «ça» lorsqu'ils veulent médire de leur république.

Bien sûr, le peuple n'est charmé que par le populisme et personne n'ira faire démarrer son cerveau pour conclure que la formule Kadhafi, puits-pétrole-poche, est une arnaque. Elle suppose, comme l'ont dit certains, des tuyaux transparents avec des compteurs de débit honnêtes pour que la quantité de pétrole extraite, puis vendue, soit l'équivalent de la quantité d'argent distribuée. Chose impossible dans les pays à la morale basse et à la religion susceptible. Cela suppose aussi, qu'on le veuille ou non, des administrations pour gérer l'argent de ce pétrole et le distribuer. Cela suppose une qualité dans les services, l'éthique et le contrat social. Et cela suppose que le peuple sache ce qu'il veut faire avec son argent (Omra, mosquées ou marcher sur la Lune ?).

Dans sa nouvelle vision, le leader voisin a été même très clair: la dissolution ne concerne ni le ministère de la Justice, ni celui des AE, ni celui de la Sécurité, ni celui de la Défense. A la fin, on se demande ce qui reste au peuple à dissoudre, mis à part quelques carcasses bureaucratiques si l'Etat garde le contrôle de ces ministères, le monopole sur l'extraction du pétrole, sa vente et la comptabilité de ses bénéfices. On se demande même ce qui fera la différence entre un Etat pétrolier classique et la nouvelle utopie genre «distributeur automatique» dont rêve la Libye.

A la fin, on finit par conclure que comme toutes les utopies, il s'agit qu'une arnaque: le bon peuple «frère» est invité à se débrouiller seul à l'intérieur d'un périmètre dont les portes, les fenêtres, les accès, l'argent et les grandes questions restent du domaine du gardien suprême. «Mangez-vous les uns les autres» est donc le slogan caché de ce populisme trompeur. Il y a là le signe d'une nouveauté dans les chapitres de l'histoire des dictatures: après le dictateur visionnaire, celui violent et celui à vie, Kadhafi invente la figure du «dictateur» fatigué de son peuple.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptyVen Sep 05, 2008 12:46 pm

كامل الشيرازي من الجزائر:عاد المخرج الجزائري الشاب "محمد فاتح رابية" ليصنع الجدل مجددا، بفيلمه "الغرباء" الذي أنتج قبل فترة، لكنّه ظلّ يثير تساؤلات عديدة وسط الشارع السينمائي المحلي، تبعا لـ"الصدمة" التي (سبّبها) المخرج لمشاهدي فيلمه، على خلفية تعرض فيلمه لظاهرة تنامي تشرد الأطفال وما تفرزه من سوداويات في المجتمع الجزائري الحالي."الغرباء" فيلم قصير (21 دقيقة) عن سيناريو لـ"بهية بوكروح"، يحكي قصة بطلها الطفل علي (حراث عادل) الذي يجد نفسه مجبرا على مغادرة قريته بعد وفاة والدته وهو لم يكمل عامه الخامس عشر، يصل الطفل القروية إلى المدينة التي ينبهر ببهارجها وألوانها، لكنّ حياته تنقلب رأسا على عقب، ويكابد مأساة التسكع في الشوارع حتى ينتهي به الأمر شريدا رفقة بوعلام، أنيس، أنور وغيرهم من البراعم الذين جعلوا من أزقة المدينة، متكئا لهم.ويمضي علي في حياة التشرد، وتزيد مصاعب تحصيل القوت اليومي من آلامه، ويجد بعض السلوى في صديقه أنيس الذي اضطر إلى الهروب من المنزل العائلي بسبب طلاق والديه، وتنتهي أحداث الفيلم القصير/الطويل بمأساة انتحار الطفل بوعلام إثر تناوله مادة سامة، وهي صورة تراجيدية حاول من خلالها طاقم الفيلم لفت انتباه الرأي العام وكذا السلطات إلى مأزق "أطفال الشوارع"، والموت البطيء الذي يتربص بهم، ويستدعي أكثر من وقفة وأكبر من إجراء، خصوصا وأنّ الانحراف لدى الأطفال بلغ مستويات مخيفة في جزائر 2008.

source elaph du 05-09-2008
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptySam Sep 06, 2008 3:38 pm

Rice chez les tribus
par Kamel Daoud

Qu'est-ce qu'un pays arabe aujourd'hui ? Un endroit où on a un peu de pétrole, un Président ou un Roi qui ne veut pas partir, un terroriste obscur qui s'excite quand il fait exploser une bombe ou se connecte à Internet et un peuple qui pratique les ablutions en contrepoids au Nasdaq, s'ennuie, mange mal et aime les explications par la paranoïa. On a ainsi accusé des pays du Golf d'être des tribus achalandées d'un drapeau, sans s'apercevoir que le reste des autres pays du croissant ne sont que des puits avec des armées et beaucoup de sable. C'est pourquoi, dans la cartographie des A.E des Américains, on ne parle pas de l'Algérie, du Maroc, de la Libye, à part, mais d'une sorte de région dite MENA, Mideal East et north Africa. Les Maghrébins, bien après l'échec de la France coloniale, restent ces fameux nord-d'Af, dont les nationalismes spécifiques et les susceptibilités territoriales ne sont que des différences dans les couleurs des plumes qui coiffent les têtes du Rif, des Aurès ou de Benghazi. Et ce n'est que justice : l'Empire n'a pas de temps à perdre en traitant des quartiers et quelques oasis comme on traite la Bavière de l'Allemagne. Les protocoles sont stricts et il ne faut jamais oublier cette somptueuse lettre de remerciement de Ronald Rumesfeld, le patron de la guerre US à L'Irak, après sa visite en Algérie et qui s'adressait au « Peuple d'Alger » !. Aujourd'hui donc, c'est la patronne US des AE qui débarque dans ce morceau secondaire du MENA et la paranoïa locale ne se fait pas attendre : l'endroit offre tout ce qu'il faut pour une bonne animation : des régimes nécessaires « mais vraiment impotents », du pétrole, des terroristes, un coup d'Etat et du désert ou tout le monde peut se cacher. Le plus amusant est que la réaction locale n'échappe jamais dans ces cas là à la caricature : d'abord celle des Etats locaux qui parlent chacun comme si l'Amérique devait crever de faim ou se jeter d'une falaise si elle rompait ses relations avec eux, et qui mettent en avant les chiffres des coopérations et les formules de la bonne entente et de la coopération. Puis le ridicule des peuples qui réagissent comme si Rice ou ses pairs viennent nous voler « notre Islam qui nous a été donné par Dieu à nous seuls », nous prendre notre pétrole ou nous placer une base militaire sous l'oreiller, entre deux faux chameaux. Et c'est toujours le même spectacle d'indiens agités par les alcools cérébraux et qui se divisent en deux tribus : des chefs rusés et obséquieux, cherchant la bonne image, vantant leurs « territoires » comme des embarcadères et des comptoirs d'épices, jouant sur les risques « régionaux » pour obtenir le plus de fusils et de poudre noire; et des peuples idiots, toujours anti-impérialistes longtemps après la guerre froide, croyant qu'on peut se libérer de l'Empire en lui tournant le dos ou en lui jetant des pierres, et malmenés par le paradoxe fondamental de tout Barbare face à l'Empire de son époque : la haine et le rêve d'y vivre au moins une journée qui durerait mille ans. Aujourd'hui donc Rice est chez nous, en Afrique du nord et, comme à chaque visite du genre, on va avoir droit aux mêmes théories, mêmes analyses et mêmes attentes et sentiments, le tout bâti sur des illusions : on croit avoir des pays alors que, face à l'Empire, nous n'avons que des étiquettes.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptyDim Sep 07, 2008 3:52 pm

Analyse oiseuse au «pays du bras»
par Kamel Daoud


Selon l'ONS - chiffres rapportés par un confrère - « 40,6% des travailleurs ont eu recours à leurs relations personnelles et familiales pour trouver l'emploi qu'ils exercent ». Dans le tas, les mécanismes réguliers de l'Etat et les « anciens dispositifs » ne réalisent des recrutements « normaux » qu'à hauteur de 6,8%. En plus direct, comme le titre de l'article de nos voisins l'indique, le Piston reste la seconde institution nationale après le Bras. Deux générations d'Algériens ont grandi dans les parages sonores et les champs lexicaux de cette mécanique composée d'huile, de volume d'air, d'une tige, d'une chambre de travail et deux clapets. Dans l'imaginaire passif, face à un tableau surréaliste ou un mouvement de pendule, l'inconscient de l'Algérien évoque Chadli, le socialisme, le régionalisme, l'autisme, l'islamisme naissant, la crise en Kabylie, le bureaucrate, Souk El-Fellah, le beurre acheté en cachette, les guichets bas qui vous obligent à vous courber, le bonhomme à qui on paie le café dès qu'il prend chaise, la Honda civique de l'époque, la Kasma et le murmure avec les yeux à la place des lèvres. Par la suite, le Piston, moyen de soulever un poids, faire tourner un moteur, accéder à un niveau de rotation alimentaire satisfaisant, a pris d'autres synonymes dont l'analyse acide reste à faire. D'abord « Les épaules », avec référence directe soit au galon, soit à la largeur des épaules, signe de physionomie corpulente et donc de musculature impressionnante et donc de force capable de soulever les montagnes pour voir si elles ne sont pas assises sur un proche parent.

Par la suite, aussi le mot prit son virage et épousa son époque : on parlera alors « d'intervention ». Une sorte de jeu ponctuel d'influences, sur le mode du raide anti-terroriste et de la démonstration de force ou de poids dans l'ordre d'une hiérarchie donnée. Le mot étant, pour le moment, le plus à la mode, synonyme soft et presque élégant de son ancêtre le Piston démodé par le numérique. Est-ce tout ? Non. Le plus croustillant dans le chiffre de l'ONS, c'est qu'il s'agit d'un chiffre déduit sur le seul secteur de l'emploi. L'emploi n'étant pas que le travail au sens propre, on se retrouve à rêver de paramètres mathématiques pouvant quantifier le poids du Piston et de l'intervention dans le reste de la vie nationale. Question donc : d'où un homme tient-il son « influence » et pourquoi ? D'abord de son argent. Un homme riche possède de l'argent pour acheter les hommes plus pauvres sachant qu'ils sont plus nombreux. Mais En Algérie, un homme riche n'est jamais seul et paye même pour être riche, pour le rester ou pour pouvoir s'enrichir. Au dessus, dans « le pays du bras », on peut avoir le bras long mais cela ne sert à rien s'il n'est pas rattaché à un « corps », le « corps ». Une institution en Algérie mesure sa force à sa capacité d'intervenir dans tous les domaines, à tous les niveaux et à tout moment par téléphone. C'est le top sur la liste des influences. Reste que la question, comme pour la poule, son oeuf paradoxal et le reste du cosmos, reste posée : D'où une institution précise tire-t-elle son pouvoir ? 1°- Du peuple s'il est idiot, manipulable et peureux. 2°- De ses dossiers s'ils sont épais, lourds et citant des personnes encore vivantes et tremblantes. 3° - De la capacité de nuisance, de pression, de douleur et de calomnie. On est donc presque d'accord mais cela reste une énigme à l'origine : d'où vient le pouvoir en Algérie ? Du pouvoir. On a beau être le plus puissant en Algérie, capable d'intervenir même dans les PV de la Soummam, il reste qu'aujourd'hui on est encore dépendant de ses actes et de ses tuteurs. Lesquels ? La vox populi parle de fournisseurs français, d'amis italiens, de coéquipiers espagnols, etc. A la fin, on se retrouve à réfléchir sur l'Amérique, Rice, l'impérialisme et le reste de l'humanité.

Le Piston comme la capacité d'intervention ne se mesurent pas : comme l'âme ou la douleur dentaire, elles se vivent, se sentent, se devinent, s'usent ou s'affirment avec le temps. C'est une sorte de quantité quantique, indétectable à l'oeil nu mais à la base de la matière nationale. Sauf qu'en Algérie, l'exception « double » les institutions et la normalité au point de raviver les plus vieux démons de l'indigénat et de servir de mode de hiérarchie à la place des pieds, de la station debout et du cerveau. On comprendra alors le geste de cet Algérien qui a demandé à G. Bush d'intervenir en Algérie pour lui obtenir une audience auprès de Bouteflika.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptyLun Sep 08, 2008 9:41 am

L'amour au temps du jeûne

par Kamel Daoud
Entre Obama et Mc-Cain, Condo Rice vient de voter pour Bouteflika. « J'ai- eu l'occasion formidable de pouvoir profiter de la sagesse du Président Bouteflika qui est un grand homme d'Etat et un sage de la région, non seulement en ce qui concerne le Maghreb, dont il est un grand connaisseur, mais bien au-delà » a dit, après entretien, la femme des A.E des Etats Unis d'Amérique. Pour les détracteurs en coulisses, les opposants électriques, les régionalistes fervents de la théorie du cycle, les tièdes ou les indécis, le message est clair : Rice est venue, a vu, a voté. Au pas de porte la Présidence, elle a parlé comme une femme éblouie rencontrant avec des yeux mi-clos, entre rêve et télécommande, un homme assis sur un cheval blanc, lui-même assis sur un pays gris, lui-même assis sur de l'or noir. A lire la fameuse déclaration tout aussi étrangère que le fameux « Peuple d'Alger » de Rumesfeld, on reste éberlué et on finit, tous que nous sommes, par revenir sur le visage de Bouteflika pour chercher à y distinguer ce que Rice a vu en vierge en transe. Elu par Rice qui a parlé comme une fervente devant le célibataire le plus convoité de la région, Bouteflika peut donc aujourd'hui lancer la mécanique du 3ème mandat avec une avance sur sa propre histoire. Pour les « décortiqueurs » de crevettes mentales, la longue phrase de Rice est un morceau de choix : Rice y avoue profiter de la sagesse de Bouteflika et on y retient le mot profit et profitage tout à fait US, avec un clin d'oeil voulant dire qu'en Algérie, on ne trouve pas que du pétrole mais aussi du Savoir et qu'on n'y approfondit pas que les puits mais aussi les conversations. Rice y dit qu'il est un grand homme d'Etat ce que tout le monde sait sauf ceux qui répètent depuis dix ans qu'il vaut mieux avoir un homme banal pour un grand Etat (USA) qu'un grand homme d'Etat (RADP) pour un Etat autobiographique. Rice y dit que Bouteflika est un homme Sage en référence à Kadhafi qui a été un homme malin. Rice y dit qu'il est un grand connaisseur en référence à l'âge de Mohammed VI (C'est du n'importe quoi !). Rice y dit que c'est valable ici, là-bas et même au-delà.

A la fin, bien sûr, ils ne se marièrent pas et n'eurent pas d'enfants. Après le F'tour, Rice partit, nous laissant tous à la fois célibataires et solitaires, confrontés à nous-mêmes, face à nous-mêmes. Forcés par l'ENTV à voir dans le Président ce que Rice y a vu, en femme et en ministre et en seconde femme la plus puissante du monde.

Selon la règle d'un proverbe idiot mais célèbre, pour faire un grand homme, il faut une femme derrière. Sur la photo, Rice était à côté. La situation n'est donc pas tranchée et les paris restent ouverts. Rice a cependant bel et bien voté et a même mangé le «sel» de la maison.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptyMer Sep 10, 2008 10:46 am

Réseaux contre le réseau

par Kamel Daoud

On a eu Hadj Bettou, on a eu Khalifa, on risque d'avoir Orascom. Depuis peu, l'Algérie officielle et, pire encore, celle de la rumeur, désigne le groupe « égyptien » comme une sorte de bête noire, accusé d'avoir mis du sucre dans de l'eau pour le vendre sous forme de limonade avec le logo du ciment. Et, comme de tradition, c'est un seul qui paye pour le crime de beaucoup. Pourquoi ? Parce qu'on doit donner l'exemple, et parce que, selon le proverbe, beaucoup d'égorgeurs imposent la mathématique d'un seul boeuf. Aujourd'hui donc, le groupe est presque « Khalifacisé » par tous : on l'accuse de ce que certains autres font depuis des années : faire des affaires, ne faire que des affaires et ne pas faire du nationalisme économique d'autant plus que c'est le boulot des habitants locaux et pas des étrangers. Brusquement lancé dans une nouvelle croisade de nationalisme économique, l'Etat revoit ses poches, ses réserves foncières, les virgules des impôts et le reste. En réaction, les ciblés se font discrets, se disent prêts à payer et ne disent rien ou multiplient les statistiques dans les journaux pour faire passer le message de leur honnêteté. Le plus ridicule dans l'affaire c'est de voir, non pas l'Etat reprendre les commandes, mais de voir la meute se bousculer pour mordre la bête tombée. Des années après l'hymne à l'investisseur, nouveau ancien moudjahid sauveur du pays, on découvre par exemple que Orascom n'a pas réalisé de « transfert de technologie » et on invite son nouveau P-DG à insister sur ce volet. Un jour, la meute découvrira, par exemple, que les Chinois n'ont formé que des agents de sécurité et des chauffeurs et que les Indous n'ont transféré que la rouille en exportant l'acier massivement. Cela ne se fera pas aujourd'hui mais le jour ou la Présidence le remarquera. Ce jour-là, on oubliera, comme pour Khalifa, les billets gratuits, les dîners mondains, les voyages initiatiques dans le monde de la luxure et les pages de publicité pour ne retenir que le crime d'Etat d'avoir vendu une cimenterie dans le dos d'un Etat qui, de toute façon, tourne le dos à tous et y compris à lui-même. Une dernière question : l'Algérie tire-t-elle leçon de l'égorgement cyclique d'une brebis noire ? Jamais. Après Bettou, Khalifa ou après la prochaine chèvre, on continuera à fonctionner sur le même rythme d'un pays à poches percées, avec des ministres vendables contre un billet d'avion, des usines cédées sans détails publics, des lois fabriquées pour encourager certaines filouteries sophistiquées et des crises de nationalisme qui se réveillent tard dans les après-midi de la mondialisation. Orascom paye aujourd'hui son audace d'avoir été un groupe intelligent assis près d'un Etat d'idiots très idiots mais tellement méchants quand ils se réveillent.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptyVen Sep 12, 2008 12:29 pm

Rediffusion des 1001 nuits à la Présidence
par Kamel Daoud


Le principe narratif, couplant à la fois l'urgence de sauver sa vie, le souci d'offrir une trame valable et l'obligation d'inventer au fur et à mesure, est connu des conteurs habiles : le Roi, et pour tuer le temps, tue une femme presque chaque soir après l'avoir épousée. Pour ce Roi, cela se passe chaque soir durant la nuit. Pour Bouteflika, cela se passe avant le Adhan. Il ne tue pas de femmes mais convoque des ministres et les écoute en plissant les yeux avec soupçon et en affûtant des couteaux cérébraux. Homme connu pour ne se nourrir que de dattes et de souvenirs du non-alignement et de Bandung, le Président auditionne ses ministres et ces derniers font comme Shéhérazade : ils inventent au fur et à mesure leurs mille et un chiffres pour sortir vivants de cette situation fondatrice du conte et de la narration ludique et salvatrice. C'est pour sauver sa tête que la femme inventa le murmure des mille et une nuits et c'est pour cette raison, que les ministres convoqués promènent Boutefika sur un tapis volant et frottent sous ses yeux des statistiques jusqu'à en provoquer le génie dormant. C'est du moins ainsi que les pauvres Abassides prolétaires de l'époque et le peuple sournois d'aujourd'hui voient les choses. Il s'agit d'un somptueux bobard avec un enjeu fondamental : le plaisir de la narration ou l'orgasme de la décapitation. Assis au pied du Calife, chaque ministre déballe sa sacoche et raconte. Raconte quoi ? Comment on a convaincu l'eau de venir du Sahara à la bouche, comment on a pu extraire plus d'impôts aux commerçants rien qu'en leur caressant les joues, comment tout va si bien dans l'Empire que le peuple ne peut que revoter à vie et comment tout marche vers l'avenir rien qu'en appuyant sur l'interrupteur avec le bout de la langue. Il est supposé que Bouteflika n'est pas idiot, mais tout le monde sait qu'une femme finit par avoir l'oreille de son homme et qu'un ministre qui raconte bien son histoire finira par sortir la tête basse mais encore rattachée. Personne dans le tas ne se demande pourquoi c'est Bouteflika qui auditionne les ministres et pas le Parlement, et pourquoi il le fait sans même la présence d'Ouyahia vizir récemment nommé. Personne ne s'interroge sur les modes de cette gouvernance par fausse moulinette et ce que l'on veut dire à la fin entre un ministre qui répond comme un répondeur automatique face à un Président qui lui fait des remontrances en lorgnant vers les aiguilles de l'horloge léguée par Zeroual. Ce sont les mille et une nuits locales. Il faut y croire et admettre ce qui en suit ou les rejeter et en rire jusqu'à la chute de Carthage.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptySam Sep 13, 2008 6:08 pm

11/9: Pas perdus d'un Arabe dans un aéroport de Blancs


par Kamel Daoud


RAYNA RAYKOUM - Page 7 SpacerDepuis le déclenchement de la guerre entre nous les Arabes,
gens à la négritude floue et l'homme blanc, tout le monde savait que l'endroit
le plus inquiétant pour un Arabe, le lieu exact où il perd ses vêtements et
exhibe la petitesse de ses testicules était justement l'aéroport, ce pays où
tout le monde est exempté de sa nationalité, sauf nous. L'aéroport, parce qu'il
n'en existe qu'un seul, gigantesque, installé entre les deux bords de la terre,
fabriqué pour lancer dans les airs des milliers d'avions, en recevoir la
descente lourde et parfaite de milliers d'autres, mais aussi pour humilier
l'Arabe et fouiller son pantalon jusqu'à atteindre les parties intimes de ses
propres ancêtres. C'est dans cet espace que l'Arabe prend conscience de son
corps autrement que comme un sabre ou un mal
nécessaire à la conservation de l'âme et cherche à s'en débarrasser le plus
vite possible pour échapper à l'indécence et les soupçons qui vont avec. Vingt
ans d'ablutions et de sexualité clandestine y trouvent leur échec par un simple
déshabillage dû à notre incapacité à tisser nous-mêmes les pantalons et à les
défendre. Et pour ceux qui croyaient qu'il est difficile de voir un Arabe nu
même après sa mort, il suffit de se promener dans l'aéroport pour en voir des
dizaines alignés face aux fours purificateurs des scanners, obligés d'enlever
leurs chaussures comme face à Dieu, sommés de déplier jusqu'à leur peau et de
déposer leurs os dans de petites caisses en plastique qui seront transportées
sous scellées dans les soutes de l'appareil. Un Arabe ne peut même plus, aujourd'hui,
prendre un avion sans déposer ses dents à la police des frontières : de vraies
scènes de jour de jugement, serrés de près par un dieu à tête de chacal, forcés
de répondre à ses propres membres venus témoigner contre le reste du corps, convoqués
devant le miroir des actes et soumis au pesage des intentions et des souvenirs
face à un chien énorme et à une divinité stricte munie d'un seul oeil bleu. C'est
donc nu que j'ai déambulé dans l'aéroport pendant les heures creuses que
m'imposaient les deux vols entre ma race d'origine et Paris puis entre Paris et
l'Amérique, jouant des épaules pour faire passer le poids des regards d'une épaule
à l'autre, hésitant à choisir un coin pour m'asseoir en pensant à ce que devait
penser le Blanc en uniforme s'il me voyait dans un endroit trop discret comme
si je voulais passer inaperçu ou trop fréquenté comme si je voulais faire le
maximum de victimes. Reclus, je fis presque le tour du monde en parcourant
l'aéroport d'un bout à l'autre, fixant les vitrines hors de prix qui exposaient
des bijoux qui justifiaient rétrospectivement les conquêtes sanguinaires
d'autrefois, lorgnant vers les magazines de femelles nues et lascives et
hésitant à m'asseoir trop près des hommes qui n'étaient pas, comme nous, tout
le temps en colère et des belles femmes blanches que je regardais avec envie et
méchanceté par-delà la vitre ou le rideau qui sépare l'Arabe de la féminité.


Je déambulais donc le temps qu'il faut avant de monter au
ciel, évitant de croiser les regards à qui je rappelais, peut-être, le tic-tac
du siècle et gêné d'avoir perdu ce naturel qui aurait pu me faire passer pour
un simple voyageur ordinaire. Simple voyageur ! Je ne pouvais l'être: aucun
Arabe ne l'est plus depuis le 11 septembre 2001 ! »
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptyDim Sep 14, 2008 5:27 pm

La trêve de la faim rompue


par Kamel Daoud


RAYNA RAYKOUM - Page 7 SpacerLe jeûne est-il efficace contre les émeutes ? Tout le monde
l'aura finalement remarqué : la première quinzaine du mois sacré aura été
traversée sans émeutes, ou presque, c'est-à-dire jusqu'à la moitié vénérable du
mois. Pourtant, les raisons ne manquaient pas et persistent encore : délestage
électrique, rupture d'eau, hausse des prix, chaleur saoudienne, matchs
cannibalisants. Le peuple avait donc mille et une raisons de couper sa propre
route, incendier ses propres biens et réclamer que le wali du coin vienne en
rampant réclamer la paix et pendre un chef de daïra pour calmer la plèbe. Pourtant,
là, mieux que les CRS, la faim a été efficace pour un moment : le peuple s'est
écrasé sous son propre poids et n'a rien dit pendant quinze jours, ou presque. Le
jour, le jour est trop long et l'estomac vide pousse à fantasmer sur le repas
final et pas sur la Cité
idéale. La nuit, le peuple digère, prie puis s'endort, l'oreille collée sur les
minarets. Le temps manque pour faire de la politique ou pour trouver un lien
cérébral entre le sinistre de sa biographie individuelle et la splendeur de
l'autobiographie de Bouteflika. Du coup, le pays décroche la paix, pas celle
des braves, mais celle des gens crevés. Pour ce Ramadan, comme pour ses
éditions passées, on aura tout dit et tout attendu : le pays va exploser, les
prix vont pousser à l'émeute, le sachet de lait va se faire drapeau d'une cause
et la rentrée sociale va finir en jets de pierre capables d'atteindre El-Mouradia.
Il n'en fut rien pendant presque quinze jours. L'Etat a pour une fois réussi : pas
à être un Etat vertébral d'un pays debout, mais à assurer le repas national. Le
peuple, caustique par tradition, et y compris ses journaux ne l'avouent pas, mais
tout le monde a vécu ce miracle si peu possible, de prix presque abordables, d'étalages
presque sans grosses pénuries, de légumes presque à portée de la mastication et
d'approvisionnement presque meilleur que celui de l'OPEP. Pour ceux qui avaient
de l'argent, il y avait presque tout. Pour ceux qui n'en avaient pas, il y
avait Ould Abbès, pour ceux qui n'ont pas les deux, il restait Dieu. Au repas
final, ne manquaient que les chandelles. Et même là, les délestages de Sonelgaz
ont assuré l'ambiance. Comme les autres peuples frères, les Algériens ont donc
perdu la volonté des grandes ambitions et ne veulent pas changer le monde, faire
des coups d'Etat ou réclamer la petite démocratie possible : le panier est un
parti qui ne veut pas partager le pouvoir, mais seulement les repas. Une époque
est donc morte : celles des peuples qui marchent vers leurs utopies contre
celle des peuples qui s'assoient et attendent de trouver à manger, sur la terre
de pays qui retournent à leur vocation de terrain vague, avant la confection du
drapeau et la mort de quelques martyrs.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptyLun Sep 15, 2008 10:09 am

L'Occident n'a pas inventé les cheikhs cannibales

par Kamel Daoud
On peut accuser l'Occident de cultiver une islamophobie passive ou de verser dans le grossier lorsqu'il s'agit de promouvoir un livre polémique, augmenter la visibilité d'un fast-think de télévision ou pour expliquer les déboires internes par les invasions barbares. Cela n'est pas faux, fait partie du jeu des relations entre peuples et de la psychologie des différences ou des signes de la peur, de l'impuissance ou de l'intolérance. Le catalogue est riche et l'Occident, malgré tout, a bon dos. Car dans le tas, si à chaque fois on se fait épingler comme étant les sauvages du moment, les Indiens de l'époque et les cannibales de la nouvelle jungle mondiale, ce n'est pas uniquement par effet de prisme; nous y sommes aussi doués. Les caméras de l'Occident qui filment des barbus hystériques, brûlant des drapeaux ou lapidant des femmes, ne les ont payés, mais les ont trouvés. Certes, ils ne représentent pas la majorité mais illustrent le sens général quelque part et la dérive toujours possible. Aujourd'hui, on peut se raconter n'importe quelle histoire, se répéter que les Occidentaux nous en veulent «parce que nous possédons la vérité», qu'ils veulent nous voler «notre révélation», la dernière en date dans la biographie de l'humanité, et vivre comme si nous avons été spoliés d'un âge d'or légitime: cela n'empêche pas la vérité; nous vivons cette religion parfois aussi ridiculement que certains Occidentaux la voient.

En témoigne cette affreuse sauvagerie «institutionnalisée» en Arabie Saoudite, diffusée en boucle et qui nous habille tous soit de plumes ou de pagnes, soit de sabres et de sang: un dignitaire religieux et juge suprême d'Arabie Saoudite appelant à tuer les patrons de TV, diffusant une «amour, gloire et beauté» turc, doublé en arabe et vécu par la planète d'Allah comme un assouvissement clandestin. Après avoir vu dans les émissions de variétés et de loisirs une «sédition», un Cheikh XY a estimé, rapporte l'AFP, que celui qui les diffuse «pourrait être tué, s'il n'a pas été possible de l'en empêcher». «Il est licite de tuer (...) les apôtres de la dépravation (...) si leur mal n'est pas écarté par de simples sanctions», a-t-il ajouté. Bien sûr, le lendemain, le Cheikh reviendra atténuer, un peu, sa trouvaille cannibale, en précisant que c'est à la justice de se prononcer.

«Ce que j'ai voulu dire c'est qu'il faut présenter (l'auteur du mal) à la justice et que c'est à la justice de se prononcer en appliquant les lois en vigueur dans le royaume».

La mise au point est tombée mais il faut dire que le festin a été consommé par les fabricants d'opinions. Bien sûr l'islamophobie est un courant commerçant en Occident, mais ce genre de Cheikh est «notre» fabrication, notre produit et l'extrême branche de notre arbre idéologique. C'est quelque chose qu'on peut ranger dans le catalogue de nos absurdités panarabes: construire les plus grandes mosquées dans les pays les plus minables, remplacer les récoltes par les prières, prier Dieu pour avoir de la pluie puis la voir couler inutilement vers la mer, croire que «l'ici-bas est pour Eux et l'au-delà pour nous», faire son Djihad en tuant un pauvre policier de la circulation, pavoiser avec sa barbe comme si elle avait aidé l'homme à marcher sur la lune, résumer le drame de sa race à un feuilleton TV... etc.

Le mal est donc fait même si un autre Cheikh a réagi pour démontrer toute la bêtise de ce genre de fatwa cannibale: «C'est un cadeau, offert sur un plateau en or, aux terroristes. Ils peuvent en profiter pour enrôler nos jeunes et les pousser à tuer et à faire exploser les stations de télévision».

D'accord, mais arrêtons au passage de prendre l'Occident pour une félonie permanente dont le but et de traficoter «notre» livre sacré et pervertir nos femmes et nous voler notre histoire merveilleuse
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptyMar Sep 16, 2008 11:49 am

Grévistes algériens dans chantiers chinois
par Kamel Daoud



Quel est le poids d'un employé algérien qui fait grève dans une entreprise chinoise en Algérie ? Aucun, ou celui de la biographie d'un électricien face à la biographie d'un Belkhadem. Les journaux en traitent l'événement comme on traite celui du nettoyage des avaloirs en pleine saison de pluies. Pourtant, le recours à la grève contre les Chinois n'est pas un sport algérien: partout en Afrique où ce nouvel empire trace sa nouvelle muraille, il y a des grèves contre les Chinois. Les raisons ? Exploitation, sous-salaire et félonie dans le transfert du savoir-faire et des techniques. Les Chinois ayant mis des siècles déjà à rendre publique l'invention de la poudre noire et du papier, mais cela les négociateurs des contrats l'oublient. Du coup, les Chinois viennent, prennent le marché le plus gros, le gisement le plus inaccessible et vous donne gratuitement un trottoir ou une rampe, s'enferment, travaillent, creusent et peuplent les espaces avec la technique de la reptation.

Des grévistes algériens dans une entreprise chinoise ne peuvent alors que faire rire, et faire rire jaune. La raison ? Ils ont contre eux une série de blagues sur la capacité de l'Algérien à user de la pioche, une longue histoire débilitante de la division du travail par règle du socialisme et le mythe du Chinois qui construit une mosquée durant son week-end pour ne pas perdre la main. Les grévistes algériens dans les chantiers chinois «ont encore tort» de par l'image et le son. Le gouvernement algérien a mis du temps pour admettre que des Chinois ne payaient pas leurs impôts et ne déclaraient pas leurs employés et le peuple mettra du temps pour comprendre que les Chinois ne sont pas des anges automatisés ni des enfants de Ould Abbas, mais des gens qui viennent pour manger, mâcher, envoyer de l'argent pour leurs familles et nourrir leur empire naissant.

Si après dix ans de présence ils ne recrutent que des chauffeurs et des agents de sécurité, c'est parce que le monde pour eux se divise en deux: yeux bridés et yeux aveugles. Dans quelques décennies on en saisira un peu mieux l'impérialisme souriant et on comprendra pourquoi ils fascinent tant les gouvernements des pays ex-socialistes pour des raisons de fantasmes et de rites du délai. On comprendra aussi que les grévistes d'aujourd'hui n'avaient pas tout à fait tort et que la muraille de Chine avance sans former des maçons indigènes et seulement des portefaix et seulement avec nos pierres, nos carrières de sable et leurs engins importés directement de leur pays.

Le plus curieux dans l'affaire, outre cette misère des grévistes algériens dans les chantiers chinois et que tout le monde juge comme félons et vicieux par réflexe d'autodénigrement local, c'est que le nouveau nationalisme économique du pays s'attaque aujourd'hui presque à tous, sauf aux Chinois qui sourient un peu trop. La raison ? Ils permettent peut-être aux gouvernements indigènes de multiplier les inaugurations, ce plaisir fou et astral de couper un ruban et de poser une première pierre, sans rien faire entre les deux moments que discourir sur soi.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptyMer Sep 17, 2008 6:47 pm

Siroter son cosmos, boire son univers
par Kamel Daoud



Pêché dans un journal, un titre terrible : « du café...au café». Le sujet étant de démontrer que l'Algérien, après avoir mangé son jeûne, et prié son Dieu, n'a pas où aller dans un pays vaste, lui-même encastré dans un cosmos infini, pour le moment. En soi, le titre vaut une métaphysique allemande du 19ème siècle : il exprime l'être dans un espace clos, traînant la patte de son âme d'une tasse à l'autre, crevant d'ennui inexprimable et décortiquant son monde comme il le ferait d'une crevette gigantesque posée sur son épaule. «Du café au café» laisse au chroniqueur un goût plus terrible que l'inceste populiste de ce slogan mort «Du peuple au peuple». Il s'agit presque de la biographie de millions d'Algériens, de l'activité réduite de plusieurs wilayas du royaume : on y va d'un café vers un autre pour honorer un faux périple, une sorte de déplacement illusoire entre groupes de gens assis, chargés par le vide de trouver du pétrole avec leurs langues ou d'expliquer les éclipses avec des jeux de courroies usées.
Selon le luxe du café, la classe sociale de ses fréquentations, la qualité de ses services et le faciès de son serveur, on se bâtit ainsi une sorte de cosmogonie, résumant le reste de la société algérienne. Si le serveur est hautain, on parlera de « restes du socialisme», s'il vous ignore, l'explication est du côté du procès des nouveaux riches qui vous réduisent à ne pas peser même aux yeux d'un serveur. S'il sollicite trop votre compagnon, c'est que ce dernier travaille aux ex-PTT, à l'Académie ou peut restituer un permis de conduire retiré. Si le serveur est excellent et apporte un café excellent, la conversation du groupe vire alors vers le classique du « ça ne va pas durer».Enfin et si le café lui-même sent un peu la propreté, est situé au beau milieu du village ou du quartier, l'analyse grégaire se retourne vers le procès de l'indépendance, le baiser donné par le chef de daïra au propriétaire, le fils du chef de brigade et l'autorisation d'exploitation signé par le P/APC lors de la dernière circoncision d'un petit notable de 04 ans d'âge. Le nationalisme algérien, et Messali aurait pu vous le dire s'il était encore vivant, est né dans les cafés maures. Et c'est là qu'il crève aujourd'hui, ramassant des morceaux du peuple glorieux, chargé de scier les branches, d'arroser la mauvaise herbe et de remonter le temps algérien pour trouver l'explication du ratage national dans le moment inaugural du départ de l'Emir Abd El Kader du port de Ghazaouet, port favori des nouvelles immigrations. Sans le café comme espace, consommation, boisson et cosmos, l'Algérien se retrouvera encore plus démuni, sans rôle et sans loisirs. Encore plus durant ces veillées de Ramadhan que l'Etat peine à animer avec de maigres chanteurs et quelques tombolas filmées, faute d'une culture nationale plus proche du réel que du folklore. L'homme est à l'image du cosmos, disent les alchimistes, le café est à l'image du pays, disent les Algériens. On n'en sort jamais et le mieux qui puisse vous arriver, c'est de changer de tasse et de quartier.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptyJeu Sep 18, 2008 11:54 pm

Des chiffres et des couffins
par Moncef Wafi



Comment peut-on quantifier la misère nationale ? Quel serait le barème le plus à même de rendre justice à l'injustice nationale ? Sinon par quels termes peut-on légitimement et institutionnellement définir un pauvre en Algérie ? Autant de points d'interrogation suspendus au-dessus de Djamel Ould Abbès, le monsieur Solidarité nationale, accusé d'égrener des statistiques à mille lieues de la réalité.

Chiffres à l'appui, il a pourtant le chic de réduire la misère nationale à sa plus simple expression alors que la pauvreté, comme le chômage, sont tenus de respecter des quotas annuels à ne pas transgresser. Autrement, comment expliquer cette constance dans les chiffres quand tout le monde mesure à l'oeil nu l'état de déliquescence des familles moyennes, une espèce en voie de disparition ? Suffit-il à Ould Abbès, et par extension au gouvernement en place, de fanfaronner sur le nombre de couffins distribués pendant le ramadhan ou encore les trousseaux scolaires distribués à chaque rentrée des écoles benbouzidiennes pour qu'on ferme les yeux sur les disparités qui continuent à miner la confiance (s'il en reste) des Algériens dans la politique d'Alger ? Serait-il opportun d'incriminer tel décret présidentiel ou telle décision gouvernementale et les rendre responsables des pneus qu'on brûle, des routes qu'on bloque et des radeaux de survie qu'on jette à la mer ?

Mais il y a de ces décisions qui poussent au bord du gouffre, à l'exemple de celles dont est coutumier Ouyahia. Le chef du gouvernement, en décidant de taxer les nouvelles caisses, a donné la toute petite tape dans le dos des contribuables pour les aider à balancer dans le vide. L'homme féru des décisions impopulaires aura été à la hauteur de sa réputation.

Mais il serait malheureux de croire que les pauvres en Algérie ne bouffent que le ramadhan ; le reste de l'année, ils s'agglutinent au bord des plages de la République pour bronzer, vu qu'ils pointent tous au chômage. Il serait également criminel de penser que les fils du pauvre doivent se satisfaire d'un seul cahier pour toute l'année scolaire. La pauvreté en Algérie, ce n'est pas seulement ces chaînes humaines qu'on délie devant les restos de la Rahma, ou encore ces élèves démunis qui font la queue devant les intendances pour recevoir leur quota de livres scolaires.

La pauvreté a d'autres visages plus cruels, d'autres faces plus hideuses. Ce père de famille smicard, qui doit boulotter jusqu'à en crever pour subvenir au nécessaire familial. Ces enfants qui chaussent des pompes jusqu'à en user les semelles. Des tables désespérément vides qui ne sont pas comptabilisées dans la calculette de la solidarité nationale.

En attendant que la nomenclature prenne en charge tout cela, il serait plus prudent aux pauvres officiels de s'inscrire sur les prochaines listes de la misère nationale, de peur d'être oubliés par les statisticiens de Ould Abbès.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptySam Sep 20, 2008 10:08 am

Retour du Fis virtuel !

par Kamel Daoud
Le hidjab, ce n'est pas le voile. Là où le voile est une invention sémantique et polémiste de l'Occident, le hidjab est une pratique locale que l'on peut pousser vers l'élégance ou vers la monstruosité. Question : peut-on porter le hidjab sous les cheveux ? Quelque part oui. Comme les barbes, le hidjab peut être quelque chose d'invisible, une sorte de matrice qui vous rattrape, une rhinocériste. Comme la fameuse pièce d'Ionesco où les êtres sont contaminés par l'esprit de leur temps et se transforment en rhinocéros, on peut être rattrapé par la maladie de sa collectivité et se convertir en prêcheur là où on attend de vous d'être un ministre ou un député. La fascination de l'esprit collectif est puissante, terrible et presque irrésistible. On peut être l'esprit libre de trois décennies avant de finir en promoteur de la plus grande mosquée d'Afrique et cela nous le savons, nous Algériens. On peut aussi être l'écrivain le plus indépendant de sa génération mais réagir avec l'esprit de la fatwa et les armes de la décapitation contre quelques concurrents. On peut être femme, ministre, ministre de la Culture, et ne pas sentir s'incliner ses plans intimes, naître en soi une pente douce et voir sortir de sa bouche les mots teintés des radicalisations de son temps face à des députés transformés en Rhinocéros de leur culture.

Ainsi, en va-t-il pour la biographie de notre ministre de la Culture et sa curieuse conversation face à l'APN en fin de semaine. Dans sa réponse face aux élus de l'APN, Toumi a traité du dossier des commerces de Riadh El-Feth avec les mots d'une maison d'édition de fatwa personnalisée presque. Et même là où on doit observer de la réserve sur les réalités de ces commerces, leurs infractions supposées ou leurs intérêts invisibles, la réglementation ou le souci de l'Etat de se faire Etat même dans la fourmilière de Riadh El-Feth, on est en droit d'analyser le discours, le seul qui soit à notre portée : celui des élus et de Toumi, l'ancienne égérie d'une époque morte, qui ont parlé de ce dossier avec un hidjab sous les cheveux et une barbe au bout de la langue pour ceux qui l'ont interrogée. Le genre de hidjab mental dangereux qui ne voile pas une sensualité comme celui fabriqué en tissu, mais bloque un regard, empêche de voir et interdit de réfléchir. Le genre de barbe qui réduit le cerveau à animal de broussailles et le genre de masque qui fait reculer le visage vers l'anonymat de l'objet. Toumi a ainsi parlé d'opération de « réhabilitation » avec le ministère de l'Intérieur (Sic !) en réponse à une question sur le passage de Riadh El-Feth d'un centre de rayonnement culturel à un « lieu de dépravation à cause des restaurants qui se sont transformés en boîtes de nuit ». Elle répondra aussi et sur la défensive « sur les motifs ayant conduit les autorités publiques à laisser le champ libre devant la chanson impudente, l'invitation de chanteurs de «spectacles d'exhibition» à se produire en Algérie et sur le contrôle de ces programmes par le ministère ». Le comble, c'est qu'on n'est pas en Iran, ni en 1992, et sachant que le Fis n'a pas pris le pouvoir et que les islamistes ont été soit élus et cadenassés, soit tués et enterrés, soit achetés et immobilisés. La raison de ce surréalisme: on peut tuer le Fis mais pas le Rhinocéros. L'Algérie est aujourd'hui travaillée par un courant de fond dont a cru solder le compte en soldant son seul projet politique naïf. Dans les moeurs, la langue, les mots ou les habitudes, un glissement s'opère qui nous mène aujourd'hui à condamner des chanteurs pour « licence » et à parler de commerces comme de « lieux de dépravations » et cela dans les institutions de l'Etat. Dix ans de guerre ne nous ont donné que des cimetières et des morts. Peu à peu, nous avons glissé vers le confort tellement doux du mythe collectif le plus féroce de notre époque. Cela se passe aujourd'hui à l'APN, un jour cela se passera dans les tribunaux de rues et avec des lapidations « divines » pour faire plus vite.

voir aussi article dans le même journal :"khalida toumi veut fermer les boites de nuit "
avec une jolie photo où l'ex prof a enlevé ses lunettes rigolotes !!! Wink Wink
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widedangel

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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptyLun Sep 22, 2008 1:07 pm

Réponse à une réponse

par Kamel Daoud

La chronique d'avant-hier a fait réagir le ministère de la Culture sur le mode de l'ample précision administrative. La raison ? La précision ou le souci de répondre avec actes au titre du «Retour du Fis virtuel». Faut-il répondre à la réponse ? Un peu car cela s'impose qu'on discute de la couleur du peigne pendant que le douar brûle en quelque sorte. Pour la chronique d'avant-hier, le chroniqueur a été pourtant clair: il s'agissait d'analyser un discours devenu national, dont la ministre de la Culture n'est pas l'auteur exclusif, ni le coupable, ni le destinataire. Aujourd'hui, la tendance est générale: l'Etat lui-même parle comme un Imam, le peuple comme un disciple fervent des ablutions à défaut de récoltes et le reste comme des agités surveillant les pilosités ou les jardins publics. Et lorsqu'on met entre parenthèses le dossier, fondé ou pas, selon la loi ou pas, des commerces de nuits de Riad El-Feth, reste le discours. Celui du moment, celui qui a le vent en poupe et celui que l'on croit être le bon: celui d'une religiosité fermée, déconnecté, usé pour les besoins de la démission et de l'hypocrisie et celui de la piété la plus folklorique qui soit et celui en face de ceux qui essayent de se justifier sans le savoir.

La chronique d'avant-hier reprenait au vol le débat surréaliste entre un ministre et quelques députés en mal d'imamat, qui a eu lieu au sein de l'APN. Un débat s'attardant sur la couleur des cheveux des chanteuses, au moment même où le reste du pays se consacrait à la sourde routine de ses misères saisonnières, à défaut de pouvoir fabriquer de la nourriture ou de la richesse. Du coup faire appliquer la loi à Riad El-Feth est légitime, défendable et tout à fait légal pour le ministère de la Culture, comme il est tout à fait amusant, légal et utile pour certains députés de redoubler de férocité conservatrice lors du Ramadan, mais il se trouve que l'Algérie n'est pas l'APN et que vu de loin, ou de près, cela sonne comme un surréalisme dangereux. Le chroniqueur n'a voulu que s'attarder sur ce retour insidieux de cet islamisme horizontal qui fait mode dans le pays importateur de Chinois car ne sachant pas fabriquer des escaliers, un islamisme «couché» incarné par la rokia au bas de l'échelle et par le gigantisme des mosquées à son sommet, sans parler de ce basculement de la majorité vers une pratique fermée de la religion, de la xénophobie, de la peur et de l'intolérance.

C'est cela le «Fis virtuel» dont parlait le chroniqueur et il n'en accuse personne de précis, mais un peu tout le monde. Comme le Fis d'autrefois, on l'a presque tous fabriqué, avec un manuel scolaire, en fermant les yeux ou en souriant devant une dérive dite mignonne jusqu'au jour où il voulut prendre la cuisine. Pour la nouvelle époque, il y a donc pire qu'un projet politique: il y a institutionnalisation d'une maladie collective qui croit, de plus en plus, que le manque de récoltes est dû, non pas à la fainéantise nationale, mais à des chanteuses immorales. Cela ne concerne pas la ministre de la Culture. Non. Cela concerne absolument tout le monde.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptyMar Sep 23, 2008 8:06 pm

Le grand distributeur des Mac Baril

par Kamel Daoud
Dans un formidable basculement alimentaire, aujourd'hui, le ministre le plus important du peuple ce n'est pas Ouyahia, mais Ould Abbas. Le premier prend, le second donne. Et dans une économie revenue à la cueillette et à la chasse, indexée sur le pipeline et dépendante du baril plus que cette terre ne l'a été de la France, cela se comprend. Ould Abbas, c'est le panier, le don, la gratuité, le dernier socialisme connu, le couffin et la liste. Ouyahia, c'est la taxe, la loi de finances, l'administration, le guichet, le sur-moi freudien collectif. Et dans une économie nationale devenue une économie distributive, tombée de l'usine vers la gamelle et réduite à des dons de Bouteflika faute d'indices de production, cela est explicable par les évidences. Plus il y a de pétrole, plus il y a de l'argent, moins le peuple veut faire tourner la meule, plus l'Etat veut garder la cuisine et plus il distribue pour calmer la foule, le ventre et les oppositions. Du coup, moins on travaille, plus l'avenir de Ould Abbas est radieux. Un jour peut-être, il n'y aura que deux personnes avec deux postes: un chef de gouvernement pour vendre le pétrole et faire des lois, un ministre de la Solidarité pour distribuer les repas à midi et vers 20 h, après le JT consacré à affiner la biographie du Président de la RADP. Le plus amusant pour le moment est que ce jeu de rôles explique même pas mal de choses. Par exemple, pourquoi le chef de gouvernement n'aime pas le chef de la Solidarité et l'a même dit en public. Et pourquoi il a été maintenu dans son gouvernement par un Président qui lui donna du galon, nous expliquera un jour un taoïste. Le 22 septembre 1980 (comme hier donc), en Pologne, est né le mouvement Solidarité (Solidarnosc) avec Lech Walesa, qui deviendra célèbre et se mariera avec l'histoire avec laquelle il aura beaucoup d'enfants. Cela n'a rien à voir avec notre « mouvement de solidarité » alimentaire. Et si le chroniqueur le rappelle, c'est juste pour le fun, l'amusement, le cirque, le technicolor national.

La question de fond restera pourtant là, au fond comme un poisson mort: que se passera-t-il lorsqu'on n'aura plus rien à distribuer pour ce peuple ? Rien. Ould Abbas deviendra ministre après une longue carrière comme repas. Le chef de gouvernement deviendra un chef de gouvernement véritable et décidera de le remplacer. Par un autre ou par la valeur du travail.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptyMer Sep 24, 2008 10:11 am

La faim, comme la jalousie, fait bavarder

par Kamel Daoud

Quand on vit à pied, on demande des dos d'âne, quand on roule, on demande des routes non perforées et lorsqu'on est capable de voler dans les airs, on demande un 3ème mandat par exemple. Le mode de mobilité fait la substance de l'ambition de classe et chaque algérien s'explique comme victime des autres formes de moteurs et développe sa critique nationale radicale selon son mode de déplacement. Raison pour laquelle, par exemple, des protestataires en Algérie bloquent la route qui les mène au pays sous prétexte qu'elle ne mène nulle part ou pas suffisamment. Le paradoxe ne gênant personne et les exemples abondent.

En Algérie, comme l'a remarqué un confrère avec sa perspicacité légendaire, il y a une olympiade sinistre ouverte depuis des mois : harraga, victimes de terrorisme, victimes de leur volant et dits abusivement victimes de la route. Selon la semaine, c'est l'une ou l'autre population de trépassés qui prend la vitrine du pays et anime sa devanture par sa médaille d'or invendable et son podium retourné vers le sous-sol. Aux trois, on peut ajouter une quatrième forme d'assassinat, légal cette fois-ci, occupant la majorité et surtout durant le ramadan : tuer le temps qui vous tue le reste de l'année.

Parfois, conjoncture immonde, les trois se mettent de la partie pour donner du pays l'image d'un gigantesque thanatos vivant, une morgue mathématique en position de bras de fer avec le taux de fécondité connu des algériens malgré l'échec du socialisme. Des jours où, à la fois, dans le même journal et dans le même pays, Droudkel du GSPC appelle à faire la guerre au Maghreb, un bus enlace un eucalyptus et emporte dix personnes jusqu'à près de Dieu alors qu'elles se dirigeaient vers Aïn-Bassina pour rentrer chez elles, quatre barques prennent la mer pour une semelle ou une mule FLN 1956 (ligne Morice) et disparaissent ou se font rattraper par l'Algérie avec 50 clandestins cachés sous des gilets de sauvetage, quatre gardes communaux se font tuer par deux terroristes, qui se feront tuer à leur tour avec la balle qu'ils cherchaient depuis longtemps pour se délivrer, psychanalytiquement, de leur barbes voraces qui leur mangent le visage, le coeur et le reste des articulations, ne laissant que la langue pour la fatwa et la gâchette pour les travaux pratiques. Une rotation de plus en plus rapide, encouragée par une sorte de moyeu central dont personne ne se soucie et qui attend une science profonde et généreuse pour donner de la cohérence à ce genre de questions cosmiques : pourquoi on conduit vite au point de n'arriver nulle part ? Pourquoi Droudkel est né et veut tuer tout le monde ? Pourquoi il y a des gens qui partent si souvent ? Pourquoi les algériens les plus pacifistes sont autorisé à tuer le temps au lieu de le convertir en argent ou en dentelles ? Pourquoi ça continue ?
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptyJeu Sep 25, 2008 9:46 am

L'UGTA transformée en drone

par Kamel Daoud
Sidi Saïd, le patron de l'EURL UGTA, est en colère selon la presse. Non pas parce qu'il s'est fait enfariner par Khalifa, ou parce que vous avez perdu un peu de votre travail et de votre utilité sur terre, ou parce que le secteur public va si mal qu'on n'arrive même pas à le vendre en ferraille (ni lui ni les Temmar successifs), ou parce qu'il y a des grèves dans l'Education... etc. La colère de Sidi Saïd n'est pas collective, communautaire, partagée. Non, il s'agit d'une colère individuelle propre : une Fondation allemande lui vole ses figues pendant qu'il dort ou surveille les chèvres de l'Etat qui l'emploie. On aura eu ainsi droit à tout dans la carrière de l'UGTA : le pari à Las Vegas de vos cotisations, le parti politique de secours pour fonction de haut-parleurs, le ramasseur de balle, le stoppeur de grèves, le doubleur de la voix du peuple réduit au vibreur, l'amortisseur des crises et le négociateur de votre semoule sur votre dos. A la fin, il ne manquait plus que le rôle du gendarme, celui du gardien des frontières ou, pour être plus directe, celui de l'inquisiteur. En dénonçant une fondation pour « ingérence », Sidi Saïd donne le ton des prochaines présidentielles et amorce les premiers verrouillages annoncés. On aurait attendu cela d'autres cercles ou institutions, pas de l'UGTA, mais c'est ainsi : le patron de l'UGTA, qui ne travaille pas mais représente les travailleurs, illustre une mentalité nationale : celle qui donne à croire à certains qu'ils sont propriétaires, que les autres n'existent pas ou ne doivent pas trop insister, que le peuple est leur élevage et qu'une fondation n'a pas à venir dans le pays des propriétaires parler aux syndicats autonomes, au petit peuple et discuter avec eux d'autonomie, de démocratie et de réforme. Du coup, Sidi Saïd se fait juge, mène procès et prononce un verdict très policier : la Fondation Ebert doit mourir. Ou partir. Ou se faire oublier pour longtemps. « Ces Allemands qui vont sur le terrain qui est le mien », a dit le Patron de l'Eurl, et les Algériens devront noter ce « mien » souverain, non négociable et obtenu par la force et l'agrément du roi. Des étrangers, on veut leur coopération, leur satisfecit, l'ébahissement de leurs visiteurs, leurs remerciements pour notre coopération antiterroriste, leurs machines et leurs femmes, leurs visas, mais pas leurs conseils pour démocratiser les îles et transformer les royaumes en démocratie. Sidi Saïd, qui est sorti de l'affaire Khalifa comme Ali baba est sorti de la grotte des 40 voleurs, vient d'entrer dans une nouvelle fonction : celle du surveillant de l'emploi des étrangers à défaut de pouvoir surveiller l'emploi des Algériens.
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptySam Sep 27, 2008 10:05 am

Samedi 27 septembre 2008 / la quotidien d'Oran

Raïna Raïkoum

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ps: Etraaaaange !!......
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MessageSujet: Re: RAYNA RAYKOUM   RAYNA RAYKOUM - Page 7 EmptyLun Sep 29, 2008 12:33 pm

L'illusion du bouton majeur

par Kamel Daoud
Qu'est-ce que finalement ce pays si ce n'est la distance qu'il y a entre lui-même et ce qu'il peut, veut, vit ? Analyse d'une mécanique de la lenteur nationale: Bouteflika se lève à 06h du matin (tout le monde sait qu'il dort peu mais cela ne sert à rien chez nous) puis décide. C'est ainsi que tous les écoliers algériens pauvres auront 2.000 DA à la rentrée scolaire. Le gouvernement en est instruit, puis le ministre, puis les directeurs centraux, puis les directeurs de wilayas, puis les directeurs des écoles et les maires. Cela prend le temps X sur la valeur Y. Techniquement, il s'agit d'une mesure urgente décidée pour alléger le poids des familles pauvres le plus rapidement possible. Elle suppose une direction éclairée, des pauvres véritables, un circuit de transmission astrale. Ce n'est pas le cas. La mesure prend un temps X, fou, pour arriver aux écoles et aux APC. Là, il faut donc établir des listes et les assainir. Cela prend le temps Y sur la valeur Z. les pauvres en Algérie sont trompeurs, comme la pauvreté ou la richesse. Les enfants ne sont plus des enfants depuis octobre 1988. Un cartable peut transporter la Savoir, du kif, une tête décapitée ou de l'argent sale. Tout est floué, sous-titré, falsifié et peu digne de confiance. Donc, les directeurs d'écoles et les maires font les listes des pauvres enfants de pauvres. Les parents sont invités à fournir des documents prouvant qu'ils ne sont pas employés ailleurs. A la fin, ce qui a été pensé par Bouteflika comme un hommage au Boumediénisme sentimental, se transforme en bousculade aux portes des CNAS pour l'obtention du fameux document. La charité se bureaucratise et se fait rattraper par le labyrinthe national avant de finir en vache acculée. Interviennent alors les philosophes : qu'est-ce qu'un pauvre ? Un homme qui ne travaille pas ou un homme qui travaille mais qui gagne peu et perd beaucoup avant d'en mourir ? Cela se complique aussi par ce fait qu'en Algérie, le secteur informel compte plus de pauvres et de riches que le secteur formel. Un homme peut être riche sans jamais avoir été inscrit comme employé, un homme peu être pauvre après 30 ans de carrière dans l'entreprise communale de transport en commun par exemple. Le document de la CNAS ne prouvant rien, le Prophète étant mort et seul Dieu ou les amoureux pouvant décoder les coeurs, le problème reste entier. Cela prend le temps Z dans le pays B. Et cela se complique ensuite par décision de Bouteflika d'ajouter 1.000 DA au 2.000 pour en faire 3.000 DA. Les demandeurs refluent vigoureusement, munis de coupures de journaux, vers les maires qui leur expliquent que Bouteflika a certes décidé mais qu'il faut attendre les mécanismes nationaux de revalorisation pour le supplément de 1.000 DA. Cela prend le temps qu'il faut et pousse à constater : il en va de même pour tous le reste. Crédit, Ousratic, barrage vert, réformes, décret, aides aux agriculteurs, importation de viande fraîche... etc. Cela commence par un Président qui croit que sa parole est magique, finit chez un peuple qui croit que l'argent est gratuit depuis 1962 et passe par des administrations qui n'existent pas, mais qui continuent à tourner autour du pays. Cela s'appelle la gouvernance, la fiction ou tuer le temps. Cela reste un art très national. Même à El-Mouradia, une télécommande ne peut allumer que la télé.
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