Un vieil homme mais comme sans âge en apparence, à la grande barbe blanche, un corps d'enfant, paraplégique, ne se déplaçant que dans un fauteuil roulant...
Nous sommes à Gaza, Palestine, lundi 22 mars 2004 à l'aube. Soudain, descendant du ciel, foudroyant, un hélicoptère israélien lance trois roquettes et le vieil homme est pulvérisé.
Son nom : cheikh Yassine. Sa fonction : chef spirituel du Hamas (mouvement de résistance islamique). Immédiatement, Gaza s'embrase. On promet dans les rues un déluge de fer et de feu pour le venger.
Sharon dit : "C'est le droit naturel du peuple juif de s'en prendre à ceux qui menacent de le liquider". 60 % des Israéliens lui donnent raison. Même si 81 % des mêmes disent s'inquiéter des suites de cet assassinat. Oui, l'avertissement est lancé depuis Gaza : "Tous les musulmans du monde islamique seront honorés en participant à la riposte de ce crime" !
Jamais la paix ne s'est éloignée autant de cette région...
Le gouvernement israélien se félicite
Ariel Sharon, Premier ministre : "C'est un combat difficile auquel tous les pays du monde éclairé doivent participer (...) La guerre contre le terrorisme n'est pas finie, et elle se poursuivra chaque jour... C'est le droit du peuple juif d'attaquer ceux qui se dressent pour l'éliminer."
Shaul Mofaz, ministre israélien de la Défense : "Il (était) le Ben Laden palestinien..."
Tzahi Hanegbi, ministre de la Sécurité intérieure : "Nous sommes passés de la défensive à l'offensive et dans cette bataille, tous les membres de la direction du Hamas constituent des cibles légitimes". "L'opération de l'armée israélienne ce matin a montré sans la moindre équivoque que l'Etat d'Israël est déterminé à faire payer aux chefs du Hamas le prix des meurtres."
Les signataires israéliens des accords d'Oslo expriment leur désaccord
Shimon Pérès, l'ancien Premier ministre israélien, lauréat du prix Nobel de la paix et principal artisan des accords de paix d'Oslo : "Si j'avais été membre du gouvernement, j'aurais voté contre cette chose. Je pense que c'est une erreur."
Yossi Beilin, chef du parti de la nouvelle gauche Yahad et architecte des accords d'Oslo de 1993 sur l'autonomie palestinienne : "L'assassinat de cheikh Yassine risque d'ouvrir un nouveau cycle de la violence qui pourrait provoquer de lourdes et inutiles effusions de sang en Israël."
Réactions diverses dans le monde
L'Egypte, la Syrie, le Conseil de gouvernement irakien, le Maroc, la Libye, l'Iran, le Liban, la Jordanie, le Koweït, le gouvernement palestinien, Yasser Arafat ainsi que la Ligue arabe condamnent cet assassinat.
Nissim Zvili, ambassadeur d'Israël en France : "Ce qu'il ne faut pas faire, c'est rendre l'Etat d'Israël responsable du prochain attentat, s'il y en a, aux Etats-Unis, en Europe, en Afrique, en Asie, dans le monde entier". "La pire des erreurs qu'un homme politique puisse faire, c'est de commencer à essayer de comprendre, de justifier, les actes de terrorisme international."
Leïla Chahid, déléguée palestinienne en France : "Ariel Sharon a invité les réseaux de Ben Laden au Moyen-Orient", puisque des "responsables" des réseaux d'Al-Qaida ont déjà appelé à "venger cheikh Yassine".
Hervé Ladsous, le porte-parole du Quai d'Orsay condamne au nom de la France l'exécution du cheikh Yassine, qu'il juge "contraire au droit international".
Déclaration commune des ministres des Affaires étrangères de l'UE : "Non seulement les assassinats extrajudiciaires sont contraires au droit international, mais ils sapent le concept même d'Etat de droit qui est un élément central dans la lutte contre le terrorisme."
L'Espagne, le Japon, l'Indonésie, le Canada, le Portugal, l'Allemagne, la Grèce, la Grande-Bretagne, le Danemark, la Russie, la Pologne, la Suisse et le Vatican condamnent cet assassinat.
Richard Boucher, porte-parole du ministère américain des Affaires étrangères : "Nous sommes profondément troublés par les événements de ce matin" et "nous pensons que cet événement accroît la tension et ne contribue pas aux efforts pour progresser vers la paix". Cependant, Washington respecte le droit d'Israël à "l'autodéfense face à l'usage brutal de la terreur".
je sais je sais c'est trop long mais ça vaut la peine d'etre lu et si vous en voulez un peu plus je vous conseille un petit article parru dans le journal Liberté de l'époque dont le lien est le suivant : http://www.algerie-dz.com/article237.html