Chere Ismouche
Merci de ta franchise , je te joins à la suite un article du journal "LE MONDE", qui resume sa vie:
Mostefa Lacheraf, personnalité de la vie politique et intellectuelle algérienne, est mort à Alger, vendredi 12 janvier, à l'âge de 89 ans.
Né dans l'Algérois le 7 mars 1917, Mostefa Lacheraf avait bénéficié d'une double culture, arabe et française, très poussée. Elle était le fruit d'une éducation qui l'avait amené à fréquenter successivement le lycée puis la medersa (université religieuse) d'Alger avant que des études supérieures ne le conduisent à la Sorbonne, à Paris.
Rédacteur de l'Etoile algérienne, le journal de la Fédération de France du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), le jeune enseignant qu'il est devenu va prendre ses distances avec l'organisation à la fin des années 1940. C'est dans des revues qu'il fera dès lors connaître ses positions (Esprit, Les Temps modernes, Présence Africaine).
Professeur dans le secondaire, Mostefa Lacheraf est un nationaliste qui, de sympathisant du Front de libération nationale (FLN), va progressivement devenir un militant jusqu'à se mettre en congé de l'Education nationale et quitter son domicile parisien, en novembre 1955, pour l'Espagne où il entre en contact avec Mohamed Khider, l'un des principaux leaders indépendantistes.
C'est alors que l'histoire le rattrape. Hasard de la vie, ce militant presque anonyme est dans l'avion à bord duquel se trouvent les grandes figures du nationalisme algérien (Ben Bella, Boudiaf, Aït-Ahmed, Khider) qu'interceptent les autorités françaises le 22 octobre 1956. Comme eux, il est incarcéré.
Dans l'Algérie indépendante, Mostefa Lacheraf est nommé ambassadeur en Argentine (1965) avant que le président Houari Boumediène ne l'appelle à ses côtés (comme conseiller aux affaires culturelles), puis lui confie le ministère de l'éducation nationale (1977). Cet intellectuel ne sera pas le ministre d'une arabisation mal conduite. La responsabilité en incombe à ses successeurs qu'il ne se privera d'ailleurs pas de critiquer vertement leur reprochant leur démagogie. Homme de caractère, Mostefa Lacheraf fut également un adversaire résolu du président Chadli dont il critiqua sur le tard la politique jugée trop laxiste.
Il allait être tout aussi sévère à l'encontre des islamistes lorsque, à la fin des années 1980, ceux-ci semblaient sur le point de s'emparer du pouvoir à Alger. Il se rangea résolument dans le camp des éradicateurs. En revanche, il ne s'est jamais exprimé sur l'actuel chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika. Homme de culture, Mostefa Lacheraf a publié de nombreux ouvrages dont certains en France (Chansons de jeunes filles arabes, Seghers, 1954). C'est également le cas d'Algérie, nation et société, (Maspéro, 1965), son ouvrage le plus connu et le plus important.