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 L'histoire en marche

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Kwitzach

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MessageSujet: Re: L'histoire en marche   L'histoire en marche - Page 4 EmptyMar Fév 24, 2009 12:59 pm

Un texte sage et beau d'un des plus grand historiens de notre époque, Fernand Braudel.

Fernand Braudel... Ce texte est extrait de l'article de Fernand Braudel "Histoire des Civilisations: le passé explique le présent" publié en 1959 dans L'encyclopédie française et repris en 1997 dans Les Ambitions de l'Histoire (Paris, Éditions de Fallois, 1997).

Ce que l'historien des civilisations peut affirmer, mieux qu'aucun autre, c'est que les civilisations sont des réalités de très longue durée. Elles ne sont pas "mortelles ", à l'échelle de notre vie individuelle surtout, malgré la phrase trop célèbre de Paul Valéry. Je veux dire que les accidents mortels, s'ils existent et ils existent, bien entendu, et peuvent disloquer leurs constellations fondamentales les frappent infiniment moins souvent qu'on ne le pense. Dans bien des cas, il ne s'agit que de mises en sommeil. D'ordinaire, ne sont périssables que leurs fleurs les plus exquises, leurs réussites les plus rares, mais les racines profondes subsistent au-delà de bien des ruptures, de bien des hivers.

Réalités de longue, d'inépuisable durée, les civilisations, sans fin réadaptées à leur destin, dépassent donc en longévité toutes les autres réalités collectives; elles leur survivent. De même que, dans l'espace, elles transgressent les limites des sociétés précises (qui baignent ainsi dans un monde régulièrement plus vaste qu'elles-mêmes et en reçoivent, sans toujours en être conscientes, une impulsion, des impulsions particulières), de même s'affirme dans le temps, à leur bénéfice, un dépassement que Toynbee a bien noté et qui leur transmet d'étranges héritages, incompréhensibles pour qui se contente d'observer, de connaître "le présent" au sens le plus étroit. Autrement dit, les civilisations survivent aux bouleversements politiques, sociaux, économiques, même idéologiques que, d'ailleurs, elles commandent insidieusement, puissamment parfois. La Révolution française n'est pas une coupure totale dans le destin de la civilisation française, ni la Révolution de 1917 dans celui de la civilisation russe, que certains intitulent, pour l'élargir encore, la civilisation orthodoxe orientale.

Je ne crois pas davantage, pour les civilisations s'entend, à des ruptures ou à des catastrophes sociales qui seraient irrémédiables. Donc, ne disons pas trop vite, ou trop catégoriquement, comme Charles Seignobos le soutenait un jour (1938) dans une discussion amicale avec l'auteur de ces lignes, qu'il n'y a pas de civilisation française sans une bourgeoisie, ce que Jean Cocteau traduit à sa façon: "La bourgeoisie est la plus grande souche de France... Il y a une maison, une lampe, une soupe, du feu, du vin, des pipes, derrière toute oeuvre importante de chez nous." Et cependant, comme les autres, la civilisation française peut, à la rigueur, changer de support social, ou s'en créer un nouveau. En perdant telle bourgeoisie, elle peut même en voir pousser une autre. Tout au plus changerait-elle, à cette épreuve, de couleur par rapport à elle-même, mais elle conserverait presque toutes ses nuances ou originalités par rapport à d'autres civilisations; elle persisterait, en somme, dans la plupart de ses "vertus" et de ses "erreurs". Du moins, je l'imagine...

Aussi bien, pour qui prétend à l'intelligence du monde actuel, à plus forte raison pour qui prétend y insérer une action, c'est une tâche "payante" que de savoir discerner, sur la carte du monde, les civilisations aujourd'hui en place, en fixer les limites, en déterminer les centres et périphéries, les provinces et l'air qu'on y respire, les "formes" particulières et générales qui y vivent et s'y associent. Sinon, que de désastres ou de bévues en perspective! Dans cinquante, dans cent ans, voire dans deux ou trois siècles, ces civilisations seront encore, selon toute vraisemblance, à peu près à la même place sur la carte du monde, que les hasards de l'Histoire les aient, ou non, favorisées, toutes choses égales d'ailleurs, comme dit la sagesse des économistes, et sauf évidemment si l'humanité, entre-temps, ne s'est pas suicidée, comme malheureusement elle en a, dès aujourd'hui, les moyens.

Ainsi notre premier geste est de croire à l'hétérogénéité, à la diversité des civilisations du monde, à la permanence, à la survie de leurs personnages, ce qui revient à placer au premier rang de l'actuel cette étude de réflexes acquis, d'attitudes sans grande souplesse, d'habitudes fermes, de goûts profonds qu'explique seule une histoire lente, ancienne, peu consciente (tels ces antécédents que la psychanalyse place au plus profond des comportements de l'adulte). Il faudrait qu'on nous y intéresse dès l'école, mais chaque peuple prend trop de plaisir à se considérer dans son propre miroir, à l'exclusion des autres. En vérité, cette connaissance précieuse reste assez peu commune. Elle obligerait à considérer en dehors de la propagande, valable seulement, et encore, à court terme tous les graves problèmes des relations culturelles, cette nécessité de trouver, de civilisation à civilisation, des langages acceptables qui respectent et favorisent des positions différentes, peu réductibles les unes aux autres.

Et pourtant, tous les observateurs, tous les voyageurs, enthousiastes ou maussades, nous disent l'uniformisation grandissante du monde. Dépêchons-nous de voyager avant que la terre n'ait partout le même visage! En apparence, il n'y a rien à répondre à ces arguments. Hier, le monde abondait en pittoresque, en nuances; aujourd'hui toutes les villes, tous les peuples se ressemblent d'une certaine manière: Rio de Janeiro est envahi depuis plus de vingt ans par les gratte-ciel; Moscou fait penser à Chicago; partout des avions, des camions, des autos, des voies ferrées, des usines; les costumes locaux disparaissent, les uns après les autres...

Cependant, n'est-ce pas commettre, au-delà d'évidentes constatations, une série d'erreurs assez graves? Le monde d'hier avait déjà ses uniformités; la technique et c'est elle dont on voit partout le visage et la marque n'est assurément qu'un élément de la vie des hommes, et surtout, ne risquons-nous pas, une fois de plus, de confondre la et les civilisations ?

La terre ne cesse de se rétrécir et, plus que jamais, voilà les hommes "sous un même toit" (Toynbee), obligés de vivre ensemble, les uns sur les autres. A ces rapprochements, ils doivent de partager des biens, des outils, peut-être même certains préjugés communs. Le progrès technique a multiplié les moyens au service des hommes. Partout la civilisation offre ses services, ses stocks, ses marchandises diverses. Elle les offre sans toujours les donner. Si nous avions sous les yeux une carte des répartitions des grosses usines, des hauts fourneaux, des centrales électriques, demain des usines atomiques, ou encore une carte de la consommation dans le monde des produits modernes essentiels, nous n'aurions pas de peine à constater que ces richesses et que ces outils sont très inégalement répartis entre les différentes régions de la terre. Il y a, ici, les pays industrialisés, et là, les sous-développés qui essaient de changer leur sort avec plus ou moins d'efficacité. La civilisation ne se distribue pas également. Elle a répandu des possibilités, des promesses, elle suscite des convoitises, des ambitions. En vérité, une course s'est instaurée, elle aura ses vainqueurs, ses élèves moyens, ses perdants. En ouvrant l'éventail des possibilités humaines, le progrès a ainsi élargi la gamme des différences. Tout le peloton se regrouperait si le progrès faisait halte: ce n'est pas l'impression qu'il donne. Seules, en fait, les civilisations et les économies compétitives sont dans la course.

Bref, s'il y a, effectivement, une inflation de la civilisation, il serait puéril de la voir, au-delà de son triomphe, éliminant les civilisations diverses, ces vrais personnages, toujours en place et doués de longue vie. Ce sont eux qui, à propos de progrès, engagent la course, portent sur leurs épaules l'effort à accomplir, lui donnent, ou ne lui donnent pas un sens. Aucune civilisation ne dit non à l'ensemble de ces biens nouveaux, mais chacune lui donne une signification particulière. Les gratte-ciel de Moscou ne sont pas les buildings de Chicago. Les fourneaux de fortune et les hauts fourneaux de la Chine populaire ne sont pas, malgré des ressemblances, les hauts fourneaux de notre Lorraine ou ceux du Brésil de Minas Gerais ou de Volta Redonda. Il y a le contexte humain, social, politique, voire mystique. L'outil, c'est beaucoup, mais l'ouvrier, c'est beaucoup aussi, et l'ouvrage, et le coeur que l'on y met, ou que l'on n'y met pas. Il faudrait être aveugle pour ne pas sentir le poids de cette transformation massive du monde, mais ce n'est pas une transformation omniprésente et, là où elle s'accomplit, c'est sous des formes, avec une ampleur et une résonance humaine rarement semblables. Autant dire que la technique n'est pas tout, ce qu'un vieux pays comme la France sait, trop bien sans doute. Le triomphe de la civilisation au singulier, ce n'est pas le désastre des pluriels. Pluriels et singulier dialoguent, s'ajoutent et aussi se distinguent, parfois à l'oeil nu, presque sans qu'il soit besoin d'être attentif. Sur les routes interminables et vides du Sud algérien, entre Laghouat et Ghardaïa, j'ai gardé le souvenir de ce chauffeur arabe qui, aux heures prescrites, bloquant son autocar, abandonnait ses passagers à leurs pensées et accomplissait, à quelques mètres d'eux, ses prières rituelles...

Ces images, et d'autres, ne valent pas comme une démonstration. Mais la vie est volontiers contradictoire: le monde est violemment poussé vers l'unité; en même temps, il reste fondamentalement divisé. Ainsi en était-il hier déjà: unité et hétérogénéité cohabitaient vaille que vaille. Pour renverser le problème un instant, signalons cette unité de jadis que tant d'observateurs nient aussi catégoriquement qu'ils affirment l'unité d'aujourd'hui. Ils pensent qu'hier le monde était divisé contre lui-même par l'immensité et la difficulté des distances: montagnes, déserts, étendues océaniques, écharpes forestières constituaient autant de barrières réelles. Dans cet univers cloisonné, la civilisation était forcément diversité. Sans doute. Mais l'historien qui se retourne vers ces âges révolus, s'il étend ses regards au monde entier, n'en perçoit pas moins des ressemblances étonnantes, des rythmes très analogues à des milliers de lieues de distance. La Chine des Ming, si cruellement ouverte aux guerres d'Asie, est plus proche de la France des Valois, assurément, que la Chine de Mao Tsétoung ne l'est de la France de la Ve République. N'oublions pas d'ailleurs que même à cette époque, les techniques voyagent. Les exemples seraient innombrables...
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Kwitzach

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MessageSujet: Re: L'histoire en marche   L'histoire en marche - Page 4 EmptyMar Fév 24, 2009 1:00 pm

...Mais là n'est pas le grand ouvrier de l'uniformité. L'homme, en vérité, reste toujours prisonnier d'une limite, dont il ne s'évade guère. Cette limite, variable dans le temps, elle est sensiblement la même, d'un bout à l'autre de la terre, et c'est elle qui marque de son sceau uniforme toutes les expériences humaines, quelle que soit l'époque considérée. Au Moyen Age, au XVIe siècle encore, la médiocrité des techniques, des outils, des machines, la rareté des animaux domestiques ramènent toute activité à l'homme lui-même, à ses forces, à son travail; or, l'homme, lui aussi, partout, est rare, fragile, de vie chétive et courte. Toutes les activités, toutes les civilisations s'éploient ainsi dans un domaine étroit de possibilités. Ces contraintes enveloppent toute aventure, la restreignent à l'avance, lui donnent, en profondeur, un air de parenté à travers espace et temps, car le temps fut lent à déplacer ces bornes.

Justement, la révolution, le bouleversement essentiel du temps présent, c'est l'éclatement de ces "enveloppes" anciennes, de ces contraintes multiples. A ce bouleversement, rien n'échappe. C'est la nouvelle civilisation, et elle met à l'épreuve toutes les civilisations.

Mais entendons-nous sur cette expression: le temps présent. Ne le jugeons pas, ce présent, à l'échelle de nos vies individuelles, comme ces tranches journalières, si minces, insignifiantes, translucides, que représentent nos existences personnelles. A l'échelle des civilisations et même de toutes les constructions collectives, c'est d'autres mesures qu'il faut se servir, pour les comprendre ou les saisir. Le présent de la civilisation d'aujourd'hui est cette énorme masse de temps dont l'aube se marquerait avec le XVIIIe siècle et dont la nuit n'est pas encore proche. Vers 1750, le monde, avec ses multiples civilisations, s'est engagé dans une série de bouleversements, de catastrophes en chaîne (elles ne sont pas l'apanage de la seule civilisation occidentale). Nous y sommes encore, aujourd'hui.

Cette révolution, ces troubles répétés, repris, ce n'est pas seulement la révolution industrielle, c'est aussi une révolution scientifique (mais qui ne touche qu'aux sciences objectives, d'où un monde boiteux tant que les sciences de l'homme n'auront pas trouvé leur vrai chemin d'efficacité), une révolution biologique enfin, aux causes multiples, mais au résultat évident, toujours le même: une inondation humaine comme la planète n'en a jamais vue. Bientôt trois milliards d'humains: ils étaient à peine 300 millions en 1400.

Si l'on ose parler de mouvement de l'Histoire, ce sera, ou jamais, à propos de ces marées conjuguées, omniprésentes. La puissance matérielle de l'homme soulève le monde, soulève l'homme, l'arrache à lui- même, le pousse vers une vie inédite. Un historien habitué à une époque relativement proche le XVIe siècle par exemple a le sentiment, dès le XVIIIe, d'aborder une planète nouvelle. Justement, les voyages aériens de l'actualité nous ont habitués à l'idée fausse de limites infranchissables que l'on franchit un beau jour: la limite de la vitesse du son, la limite d'un magnétisme terrestre qui envelopperait la Terre à 8 000 km de distance. De telles limites, peuplées de monstres, coupèrent hier, à la fin du XVe siècle, l'espace à conquérir de l'Atlantique... Or, tout se passe comme si l'humanité, sans s'en rendre compte toujours, avait franchi du XVIIIe siècle à nos jours une de ces zones difficiles, une de ces barrières qui d'ailleurs se dressent encore devant elle, dans telle ou telle partie du monde. Ceylan vient seulement de connaître, avec les merveilles de la médecine, la révolution biologique qui bouleverse le monde, en somme la prolongation miraculeuse de la vie. Mais la chute du taux de natalité, qui accompagne généralement cette révolution, n'a pas encore touché l'île, où ce taux reste très haut, naturel, à son maximum... Ce phénomène se retrouve dans maints pays, telle l'Algérie. Aujourd'hui seulement, la Chine connaît sa véritable entrée, massive, dans la vie industrielle. La France s'y enfonce à corps perdu.

Est-il besoin de dire que ce temps nouveau rompt avec les vieux cycles et les traditionnelles habitudes de l'homme? Si je m'élève si fortement contre les idées de Spengler ou de Toynbee, c'est qu'elles ramènent obstinément l'humanité à ses heures anciennes, périmées, au déjà vu. Pour accepter que les civilisations d'aujourd'hui répètent le cycle de celle des Incas, ou de telle autre, il faut avoir admis, au préalable, que ni la technique, ni l'économie, ni la démographie n'ont grand-chose à voir avec les civilisations.

En fait, l'homme change d'allure. La civilisation, les civilisations, toutes nos activités, les matérielles, les spirituelles, les intellectuelles, en sont affectées. Qui peut prévoir ce que seront demain le travail de l'homme et son étrange compagnon, le loisir de l'homme? Ce que sera sa religion, prise entre la tradition, l'idéologie, la raison ? Qui peut prévoir ce que deviendront, au-delà des formules actuelles, les explications de la science objective de demain, ou le visage que prendront les sciences humaines, dans l'enfance encore, aujourd'hui ?

Dans le large présent encore en devenir, une énorme "diffusion" est donc à l'oeuvre. Elle ne brouille pas seulement le jeu ancien et calme des civilisations les unes par rapport aux autres; elle brouille le jeu de chacune par rapport à elle-même. Cette diffusion, nous l'appelons encore, dans notre orgueil d'Occidentaux, le rayonnement de notre civilisation sur le reste du monde. A peine peut-on excepter de ce rayonnement, à dire d'expert, les indigènes du centre de la Nouvelle-Guinée, ou ceux de l'Est himalayen. Mais cette diffusion en chaîne, si l'Occident en a été l'animateur, lui échappe désormais, de toute évidence. Ces révolutions existent maintenant en dehors de nous. Elles sont la vague qui grossit démesurément la civilisation de base du monde. Le temps présent, c'est avant tout cette inflation de la civilisation et, semble-t-il, la revanche, dont le terme ne s'aperçoit pas, du singulier sur le pluriel.

Semble-t-il. Car je l'ai déjà dit cette nouvelle contrainte ou cette nouvelle libération, en tout cas cette nouvelle source de conflits et cette nécessité d'adaptations, si elles frappent le monde tout entier, y provoquent des mouvements très divers. On imagine sans peine les bouleversements que la brusque irruption de la technique et de toutes les accélérations qu'elle entraîne peut faire naître dans le jeu interne de chaque civilisation, à l'intérieur de ses propres limites, matérielles ou spirituelles. Mais ce jeu n'est pas clair, il varie avec chaque civilisation, et chacune, vis-à-vis de lui, sans le vouloir, du fait de réalités très anciennes et résistantes parce qu'elles sont sa structure même, chacune se trouve placée dans une position particulière. C'est du conflit ou de l'accord entre attitudes anciennes et nécessités nouvelles, que chaque peuple fait journellement son destin, son "actualité".

Quelles civilisations apprivoiseront, domestiqueront, humaniseront la machine et aussi ces techniques sociales dont parlait Karl Mannheim dans le pronostic lucide et sage, un peu triste, qu'il risquait en 1943, ces techniques sociales que nécessite et provoque le gouvernement des masses mais qui, dangereusement, augmentent le pouvoir de l'homme sur l'homme? Ces techniques seront-elles au service de minorités, de technocrates, ou au service de tous et donc de la liberté? Une lutte féroce, aveugle, est engagée sous divers noms, selon divers fronts, entre les civilisations et la civilisation. Il s'agit de dompter, de canaliser celle-ci, de lui imposer un humanisme neuf. Dans cette lutte d'une ampleur nouvelle il ne s'agit plus de remplacer d'un coup de pouce une aristocratie par une bourgeoisie, ou une bourgeoisie ancienne par une presque neuve, ou bien des peuples insupportables par un Empire sage et morose, ou bien une religion qui se défendra toujours par une idéologie universelle , dans cette lutte sans précédent, bien des structures culturelles peuvent craquer, et toutes à la fois. Le trouble a gagné les grandes profondeurs et toutes les civilisations, les très vieilles ou plutôt les très glorieuses, avec pignon sur les grandes avenues de l'Histoire, les plus modestes également.

De ce point de vue, le spectacle actuel le plus excitant pour l'esprit est sans doute celui des cultures "en transit" de l'immense Afrique noire, entre le nouvel océan Atlantique, le vieil océan Indien, le très vieux Sahara et, vers le Sud, les masses primitives de la forêt équatoriale. Cette Afrique noire a sans doute, pour tout ramener une fois de plus à la diffusion, raté ses rapports anciens avec l'Égypte et avec la Méditerranée. Vers l'océan Indien se dressent de hautes montagnes. Quant à l'Atlantique, il a été longtemps vide et il a fallu, après le XVe siècle, que l'immense Afrique basculât vers lui pour accueillir ses dons et ses méfaits. Mais aujourd'hui, il y a quelque chose de changé dans l'Afrique noire: c'est, tout à la fois, l'intrusion des machines, la mise en place d'enseignements, la poussée de vraies villes, une moisson d'efforts passés et présents, une occidentalisation qui a fait largement brèche, bien qu'elle n'ait certes pas pénétré jusqu'aux moelles: les ethnographes amoureux de l'Afrique noire, comme Marcel Griaule, le savent bien. Mais l'Afrique noire est devenue consciente d'elle-même, de sa conduite, de ses possibilités. Dans quelles conditions ce passage s'opère-t-il, au prix de quelles souffrances, avec quelles joies aussi, vous le sauriez en vous y rendant. Au fait, si j'avais à chercher une meilleure compréhension de ces difficiles évolutions culturelles, au lieu de prendre comme champ de bataille les derniers jours de Byzance, je partirais vers l'Afrique noire. Avec enthousiasme.

E n vérité, aurions-nous aujourd'hui besoin d'un nouveau, d'un troisième mot, en dehors de culture et de civilisation dont, les uns ou les autres, nous ne voulons plus faire une échelle des valeurs? En ce milieu du XXe siècle, nous avons insidieusement besoin, comme le XVIIIe siècle à sa mi-course, d'un mot nouveau pour conjurer périls et catastrophes possibles, dire nos espoirs tenaces. Georges Friedmann, et il n'est pas le seul, nous propose celui d'humanisme moderne. L'homme, la civilisation, doivent surmonter la sommation de la machine, même de la machinerie l'automation qui risque de condamner l'homme aux loisirs forcés. Un humanisme, c'est une façon d'espérer, de vouloir que les hommes soient fraternels les uns à l'égard des autres et que les civilisations, chacune pour son compte, et toutes ensemble, se sauvent et nous sauvent. C'est accepter, c'est souhaiter que les portes du présent s'ouvrent largement sur l'avenir, au-delà des faillites, des déclins, des catastrophes que prédisent d'étranges prophètes (les prophètes relèvent tous de la littérature noire). Le présent ne saurait être cette ligne d'arrêt que tous les siècles, lourds d'éternelles tragédies, voient devant eux comme un obstacle, mais que l'espérance des hommes ne cesse, depuis qu'il y a des hommes, de franchir.
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Oumelkheir

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MessageSujet: Re: L'histoire en marche   L'histoire en marche - Page 4 EmptyLun Mar 02, 2009 10:05 am

OBAMA LE CHANGEMENT DANS LA CONTINUITÉ


L'histoire en marche - Page 4 1000 « Je n'ai jamais rien vu qui ressemble au désordre dont nous avons hérité en Afghanistan. Ce sera beaucoup plus dur que l'Irak». Dixit Richard Holbrook l'homme fort des USA, une sorte de «proconsul», connu depuis des années comme un adepte de la manière forte dans la «diplomatie», selon la définition du Times.
L'émissaire américain pour l'Afghanistan et le Pakistan, qui s'exprimait lors de la conférence de Munich sur la sécurité, a déclaré n'avoir pas connu de situation aussi difficile que celle du Pakistan et de l'Afghanistan tout au long de sa carrière politique, marquée notamment par les négociations de paix en Bosnie et la signature des accords de Dayton en 1995. A Munich, des responsables de l'administration Obama ont précisé qu'ils préparaient une stratégie multilatérale pour résoudre les conflits du type afghan, et ont aussi appelé les alliés de Washington à s'impliquer davantage .Tant les Etats-Unis que leurs partenaires doivent prendre leurs responsabilités dans une stratégie d' « objectifs clairs et accessibles » en Afghanistan, a jugé le vice-président Joe Biden durant la conférence. Dans une ITW, l'auteur et analyste Américain, Noam Chomsky disait : « Holbrook a des antécédents plutôt mauvais, non pas tant en Yougoslavie, mais avant. Par exemple, lors des atrocités indonésiennes commises au Timor, où il était le fonctionnaire en service, il n'a pas cherché à stopper le soutien US à ces atrocités, et dans son ensemble il a entériné un bilan très entaché». Barak Obama a annoncé l'envoi d'environ 17 000 hommes supplémentaires en Afghanistan d'ici à l'été, «pour faire face à d'urgents besoins en matière de sécurité». Il s'agit d'une brigade expéditionnaire de Marines (environ 8 000 hommes), d'une brigade blindée de l'Armée de Terre (3 500 à 4 000 hommes) ainsi que de forces de soutien (environ 5.000 hommes). Les Etats-Unis disposent déjà de 38 000 soldats en Afghanistan, sur les 70 000 au total de la force internationale. Le commandement militaire américain réclame encore 30 000 hommes supplémentaires, soit un quasi-doublement du contingent, pour contrer l'influence grandissante des talibans et sécuriser les civils. Pour Obama, hostile à l'aventure irakienne, l'Afghanistan est la « bonne guerre ». À mesure que se dépeuple le front d'Irak, le nombre de soldats américains déployés contre les taliban - 31 000 GI aujourd'hui - pourrait doubler dans les dix-huit mois. Les nombreuses victimes civiles dues aux pilonnages américains ont anéanti, aux yeux de la population, non seulement afghane mais aussi pakistanaise, alliée de circonstance du voisin visé, l'effet positif des réparations d'infrastructures et de l'aide économique. Le président américain entend porter à 55 000 le nombre de militaires sur place, avant l'élection présidentielle afghane du 20 août. C'est la première décision majeure en termes de déploiement militaire qu'il prend depuis son arrivée à la maison blanche. Barack Obama souligne également le danger venu du Pakistan, pays voisin, qui sert de base arrière aux combattants en Afghanistan. Parallèlement, Obama, a ordonné un réexamen de la stratégie politique américaine vis-à-vis de l'Afghanistan, mais aussi du Pakistan, en vue du sommet de l'OTAN en avril. Dans cette optique, il a demandé à Bruce Riedel, membre du think-tank Brookings institution et ancien cadre de la CIA, de mener à bien cette mission. Riedel rejoindra une équipe comprenant Richard Holbrooke, et Michèle Flournoy, sous-secrétaire à la défense. Le président Obama devrait en outre demander plus de 200 milliards de dollars sur les dix-huit mois à venir pour financer l'effort de guerre américain, dont 75,5 milliards de dollars (environ 59 milliards d'euros) pour 2009.
Lors de sa campagne électorale le candidat démocrate promettait : « Je construirai une armée du XXIe siècle et un partenariat aussi puissant que l'alliance anticommuniste qui a remporté la guerre froide, afin que nous demeurions partout sur l'offensive, de Djibouti à Kandahar … » L'Audace d'espérer, son livre-programme, donne le ton de ce que sera sa politique, expliquant et démontrant de façon subtilement dilué sa vision de ses adversaires - dont il dit « comprendre les motivations et reconnaître chez eux des valeurs partagées qu'il soit dit en passant, partagées». Barack Obama estime que les menaces contre les États-Unis ont grandi, de l'Afghanistan à l'Iran et qu'il faut se concentrer sur la lutte contre les Talibans, « responsables des attaques du 11 septembre ». Dans le cadre de cette « guerre juste », il estime que le pays a besoin de « renforcer les troupes…, de plus d'hélicoptères, de services de renseignements plus performants… pour accomplir (sa) mission là-bas » Il veut relancer le programme spatial, moderniser entièrement l'arsenal des armes « conçues pour la guerre froide », préparer la « guerre électronique », pour bâtir « le squelette de la capacité (des États- Unis) d'étendre leur pouvoir mondial. » (Discours de Berlin). L'été 2008 à l'occasion de sa « tournée » en Europe, le candidat Obama demandait aux dirigeants européens de renforcer la présence de leurs troupes en Afghanistan, déclarant par exemple en France: « Nous devons gagner cette guerre, car les terroristes peuvent attaquer Paris tout aussi bien que New York ». Selon le Sunday Telegraph, il a formulé la même demande à la Grande-Bretagne. En outre, il a ajouté qu'il pourrait être amené à attaquer le Pakistan dans le cadre de la « chasse contre les terroristes ». Il a déclaré sur la chaîne CBS le 16 novembre dernier qu'il fallait « en finir avec Al Qaïda une bonne fois pour toutes. » Ses conseillers en politique étrangère les plus influents, du président Américain, sont Anthony Lake et Dennis Ross, tous deux membres du Council on Foreign Relations et du Pnac. Lake est un ancien conseiller sur la sécurité nationale de l'administration Clinton ; il a soutenu les djihadistes afghans contre les Russes. Il y a vingt ans, les derniers éléments de l'armée rouge quittaient l'Afghanistan, traînant comme un boulet de canon un cuisant échec résultat d'une guerre désastreuse menée par l'une des plus grandes puissances de l'époque, en prenant d'assaut Kaboul, les Russes n'avaient qu'un but installer un pouvoir fort. Au lendemain de l'invasion, Zbigniew Brzezinski, alors conseiller à la sécurité nationale à la Maison Blanche, avait dit à Jimmy Carter : « Nous avons l'occasion de fournir à l'union soviétique son Vietnam ». La plus importante opération d'envoi d'armes de la CIA à l'échelle mondiale fut l'approvisionnement des moudjahidines d'Afghanistan ; cela commença sous Jimmy Carter en 1980. Profitant de la situation que créait le chaos Iranien, Ronald Reagan poussa ses services à généraliser leur appui à la guérilla afghane avec le soutien du Congrès. Entre temps l'état-major russe avait mis au point sa meilleure arme antiguérilla : le duo « fantassin- hélicoptère » soulignons-le d'une efficacité redoutable, cependant les services de renseignements américains vont anéantir cet avantage en livrant aux moudjahidines, via le Pakistan, des missiles portables très performants, les « Stinger ».
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MessageSujet: Re: L'histoire en marche   L'histoire en marche - Page 4 EmptyLun Mar 02, 2009 10:06 am


La destruction des structures étatiques de l'Afghanistan a déjà débuté en 1979. L'ancien directeur de la CIA et actuel ministre américain de la Défense Robert Gates écrit, dans ses mémoires, que les services de renseignements américains ont déjà commencé à soutenir les « islamistes afghans » six mois avant l'intervention soviétique fin 1979. Le conseiller à la Sécurité du président américain Jimmy Carter, Zbigniev Brzezinski, confirmait également que celui-ci avait signé le 3 juillet 1979 la première directive sur le soutien secret de l'opposition islamique contre le régime de Kaboul. Ensuite a eu lieu l'intervention soviétique et de cette manière le conflit afghan s'est internationalisé. Il ne s'agissait plus en premier lieu de l'Afghanistan mais de faire du pays un Vietnam pour l'URSS. L'Afghanistan a été victime de cette stratégie. Lorsque l'Union soviétique mit son pied en terre afghane, ils n'était pas prévu, pas même par ses plus grands stratèges militaires que son armée allait avoir affaire à des moudjahidine acharnés et décidés à ne pas se laisser envahir .Aussi grand que le quart du territoire européen, l'Afghanistan est barrée au centre par l'Hindu Kush, imposant massif montagneux culminant à plus de 7000 mètres d'altitude. Aussi et compte tenu de ce relief difficile pour les Soviétiques, leur force d'invasion se replia sur 20% du territoire, a savoir : les axes de communications, les villes, et les zones économiques vitales. Dès mars 1980, les combats s'intensifient ; les soviétiques utilisent toute leur puissance de feu, les combattants Afghans se dérobent. Le jour, les Russes font la loi ; la nuit l'adversaire impose la sienne. Dès la fin de l'année, les stratèges écartent l'hypothèse d'une victoire rapide. Il faudrait entre 500 000 et un million d'hommes pour verrouiller la frontière avec le Pakistan. Au total 620 000 jeunes russes, pour la plupart conscrits, auront servi en Afghanistan, avec pour résultat des courses : 26 000 tués, et 53 754 blessés. « Des blessures sanglantes » dira Gorbatchev (1) Dès le mois d' octobre 2001, le chef d'état major de l'armée russe, le général Iouri Balouievski, prenait l'avion pour Washington ; il s'agissait pour le président Poutine à l'époque de faire profiter les Américains de l'expérience soviétique en leur donnant tous les renseignements, dont disposait l'empire éclaté. En retours la CIA devait se garder d'agir dans les républiques du Caucase ou encore en Tchétchénie. Faire la guerre en Afghanistan est extrêmement difficile, les difficultés s'expliquent par des raisons à la fois géographiques, climatiques, religieuses et ethniques. Dans ce pays vivent des Pachtounes, des Tadjiks des Ouzbeks, des Hazaras ; toutes ses ethnies en général, ne vivent pas en bons termes elles ont l'habitude d'oublier leurs guerres intestines pour serrer les rangs et expulser l'occupant et il est alors pratiquement impossible de les vaincre. En janvier 2001, le président George W. Bush entre à la Maison- Blanche. Le vice-président Dick Cheney consacre toute son énergie à la mise en place du Groupe de développement de la politique énergétique nationale (Nepd), dont il préside les débats à huis-clos. Il y est décidé d'exclure autant que faire se peut la Russie et l'Iran de l'exploitation des hydrocarbures de la Mer Caspienne. À cette fin, un premier pipe-line transportera le pétrole jusqu'à la Méditerranée via la Géorgie (le «BTC ») et un second jusqu'à l'Océan indien via l'Afghanistan. Au printemps 2001, l'Allemagne, en tant que présidente du Groupe de suivi de l'Afghanistan, organise des négociations multipartites à Berlin. Outre l'Afghanistan, dirigé par les Talibans et, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Russie et le Pakistan y sont conviés. Autour de la table, on discute de l'avenir du pays, mais dans les couloirs on ne parle que du pipeline que souhaite construire la firme californienne Unocal. En définitive, selon le rapport du négociateur pakistanais Naiz Naik, les Anglo-Saxons, furieux de l'intransigeance talibane, mettent fin à la réunion et annoncent que ce sera la guerre. En août 2001, l'OTAN achemine 40 000 hommes en Égypte, tandis que la marine britannique se déploie en mer d'Oman. Le 9 septembre Shah Massoud, est assassiné. Le 11 septembre des attentats frappent New York et Washington. L'administration Bush les attribue à Oussama Ben Laden ; Washington exige qu'il leur soit livré pour être jugé, ce que Kaboul accepte de faire. Mais il est trop tard, l'armada états-unienne positionnée sur zone depuis août, est déjà en mouvement. Les États-Unis invoquent la clause 5 du Traité de l'Atlantique Nord pour mobiliser leurs alliés contre « les terroristes » dont ils se disent victimes, Des groupes locaux sont enrôlés comme mercenaires pour mener les combats au sol, les Anglo- Saxons se limitant à leur fournir un appui aérien, puis liquident sous un tapis de bombes les poches de résistance. Après la déroute des talibans, Washington installe des institutions fantoches présidées par Hamid Karzaï. En août 2003, face à l'instabilité grandissante, Washington (qui concentre alors son effort en Irak) souhaite que l'OTAN prenne le commandement de la Coalition des volontaires et lance une offensive contre-insurrectionnelle. Il ne s'agit plus de lutter contre le régime taliban, mais contre la population afghane, Les forces US étant déjà déployées en Irak, l'OTAN ne peut augmenter ses troupes en Afghanistan qu'en mobilisant des contingents alliés. Les forces US étant déjà surdéployées en Irak, l'OTAN ne peut augmenter ses troupes en Afghanistan qu'en mobilisant des contingents alliés.Washington espère d'abord une aide canadienne, mais le rapport Manley met en garde Ottawa : le fardeau est trop lourd et ne doit être accepté que si un autre membre de l'OTAN en partage le poids. Le président des États-Unis, Barak Obama, souhaite que le Canada continue à jouer un rôle important en Afghanistan après le retrait des 2500 soldats canadiens prévu en 2011. Dans une entrevue accordée au réseau CBC, le nouvel homme fort de la Maison-Blanche a salué le rôle important joué en Afghanistan par le Canada depuis 2002. A partir d'Ottawa Obama, a évoqué la «contribution extraordinaire» du Canada et exprimé sa gratitude à l'endroit des familles ayant perdu un proche dans cette difficile lutte contre le terrorisme. Avec l'enlisement du conflit sur le terrain et l'envoi de 17 000 soldats américains supplémentaires, les États-Unis et le Canada pourraient avoir à convaincre d'autres pays membres de l'OTAN de participer plus activement au conflit. Le gouvernement fédéral a discrètement révélé, que les coûts directs des dix années de la mission canadienne en Afghanistan sont estimés à 11,3 milliards $.
Cette première évaluation budgétaire complète de la mission, qui devrait se terminer en 2011, a été publiée sur le site internet du Groupe de travail sur l'Afghanistan du Bureau du Conseil privé. L'an dernier, le premier ministre Stephen Harper, avait laissé entendre que les coûts seraient d'environ 8 milliards $. Des dizaines d'Afghans furieux ont manifesté devant un bureau gouvernemental et défilé dans les rues de Kandahar, en Afghanistan, scandant «Mort aux Canadiens» et exhibant les corps mutilés de deux enfants, après qu'un responsable tribal eut attribué la responsabilité de leur mort aux forces canadiennes.
Hillary Clinton, lors de son audition par le Sénat américain à la veille de sa nomination au poste de secrétaire d'Etat avait donné le sentiment que la nouvelle administration s'orienterait vers une approche plus globale. "Nous utiliserons, avait-elle déclaré, tous les éléments de notre pouvoir - la diplomatie, l'aide au développement et la force militaire - pour coopérer avec les Afghans et les Pakistanais qui veulent éradiquer les taliban et les autres extrémistes violents. Tant que l'occupation militaire et la manipulation par l'étranger dureront, aucune paix, aucune reconstruction et aucune solution civile au conflit ne seront possibles en Afghanistan. Comme les USA et l'OTAN prévoient de rester très longtemps dans le pays, ils ont créé pour cela des conditions politiques et militaires conséquentes. Avant même les élections parlementaires, Karzai avait convoqué une prétendue « conférence nationale » où 100 personnes de son entourage se sont rassemblées. Elles lui ont donné le pouvoir de conclure un contrat avec les USA sur la base duquel les troupes états-uniennes pouvaient rester pour un temps indéterminé en Afghanistan. Obama a fait de la lutte contre les talibans et les terroristes d'Al-Qaïda une priorité de sa politique étrangère ; voilà ce que l'on pourrait appeler sans risque de se tromper « le changement dans la continuité ».
RÉFÉRENCE :
(1) « les soviétiques en afghanistan1979-1989, l'armée rouge bouleversée»
www.cdef.defense.gouv.fr
PAR MERIEM ABDOU
Source :
http://www.lecourrier-dalgerie.com/papiers/lacapitale.html
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MessageSujet: Re: L'histoire en marche   L'histoire en marche - Page 4 EmptyMar Mar 03, 2009 12:23 pm

Revenant a l'histoire avec cet extrait d'un texte fondamentale de Claude Levi Strauss : Race & Histoire, que je vous conseil vivement, il est très simple d'accès et démonte tous les discours ethnocentriste et raciste en vogue a l'époque (1952) et encore aujourd'hui...

"Race et histoire 1

L'humanité ne se développe pas sous le régime d une uniforme monotonie, mais à travers des modes extraordinairement diversifiés de sociétés et de civilisations; cette diversité intellectuelle, esthétique, sociologique, n'est unie par aucune relation de cause à effet à celle qui existe, sur le plan biologique, entre certains aspects observables des groupements humains: elle lui est seulement parallèle sur un autre terrain. Mais, en même temps, elle s'en distingue par deux caractères importants. D'abord elle se situe dans un autre ordre de grandeur. Il y a beaucoup plus de cultures humaines que de races humaines, puisque les unes se comptent par milliers et les autres par unités (...). En second lieu, à l'inverse de la diversité entre les races, qui présente pour principal intérêt celui de leur origine historique et de leur distribution dans l'espace, la diversité entre les cultures pose de nombreux problèmes, car on peut se demander si elle constitue pour l'humanité un avantage ou un inconvénient (...).
Enfin et surtout on doit se demander en quoi consiste cette diversité, au risque de voir les préjugés racistes, à peine déracinés de leur base biologique, se reformer sur un nouveau terrain. (…) On ne saurait donc prétendre avoir résolu par la négative le problème de l'inégalité des races humaines, si l'on ne se penche pas aussi sur celui de l'inégalité ou de la diversité des cultures humaines qui, en fait sinon en droit, lui est, dans l'esprit du public, étroitement lié. (...)

La collaboration des cultures

(...) La chance qu'a une culture de totaliser cet ensemble complexe d'inventions de tous ordres que nous appelons une civilisation est fonction du nombre et de la diversité des cultures avec lesquelles elle participe à l'élaboration-le plus souvent involontaire d'une commune stratégie. Nombre et diversité, disons-nous. La comparaison entre l'Ancien Monde et le Nouveau à la veille [de 1492] illustre bien cette double nécessité
L'Europe de la Renaissance était le lieu de rencontre et de fusion des influences les plus diverses: les traditions grecque, romaine, germanique et anglo-saxonne; les influences arabe et chinoise. L'Amérique précolombienne ne jouissait pas, quantitativement parlant, de moins de contacts culturels puisque les deux Amériques forment ensemble un vaste hémisphère. Mais, tandis que les cultures qui se fécondent mutuellement sur le sol européen sont le produit d'une différenciation vieille de plusieurs dizaines de millénaires, celles de l'Amérique, dont le peuplement est plus récent, ont eu moins de temps pour diverger ; elles offrent un tableau relativement plus homogène. Aussi, bien qu'on ne puisse pas dire que le niveau culturel du Mexique et du Pérou fût, [en 1492], inférieur à celui de l'Europe (nous avons même vu qu'à certains égards il lui était supérieur), les divers aspects de la culture y étaient peut-être moins bien articulés. (...) Leur organisation peu souple et faiblement diversifiée explique vraisemblablement leur effondrement devant une poignée de conquérants. Et la cause profonde peut en être cherchée dans le fait que la "coalition" culturelle américaine était établie entre des partenaires moins différents entre eux que ne l'étaient ceux de l'Ancien Monde.
Il n'y a donc pas de société cumulative en soi et par soi. L'histoire cumulative n'est pas la propriété de certaines races ou de certaines cultures qui se distingueraient ainsi des autres. Elle résulte de leur conduite plutôt que de leur nature. Elle exprime une certaine modalité d'existence des cultures qui n'est autre que leur manière d'être ensemble. En ce sens, on peut dire que l'histoire cumulative est la forme d'histoire caractéristique de ces super organismes sociaux que const1tuent les groupes de sociétés, tandis que l'histoire stationnaire si elle existait vraiment serait la marque de ce genre de vie inférieur qui est celui des sociétés solitaires.
L'exclusive fatalité, l'unique tare qui puissent affliger un groupe humain et l'empêcher de réaliser pleinement sa nature, c'est d'être seul.
On voit ainsi ce qu'il va de maladroit et de peu satisfaisant pour l'esprit dans les tentatives dont on se contente généralement pour justifier la contribution des races et des cultures humaines à la civilisation. On énumère des traits, on épluche des questions d'origine, on décerne des priorités. Pour bien intentionnés qu'ils soient, ces efforts sont futiles, parce qu'ils manquent triplement leur but
D'abord, le mérite d'une invention accordé à telle ou telle culture n'est jamais sûr. (...) En second lieu, les contributions culturelles peuvent toujours se répartir en deux groupes. D'un côté, nous avons, des traits, des acquisitions isolées dont l'importance est facile à évaluer, et qui offrent aussi un caractère limité. (...) Au pôle opposé (avec, bien entendu, toute une série de formes intermédiaires), il y a les contributions offrant un caractère de système, c'est-à-dire correspondant à la façon propre dont chaque société a choisi d'exprimer et de satisfaire l'ensemble des aspirations humaines L'originalité et la nature irremplaçable de ces styles de vie (patterns) ne sont pas niables, mais comme ils représentent autant de choix exclusifs on aperçoit mal comment une civilisation pourrait profiter du style de vie d'une autre, à moins de renoncer à être elle-même. En effet, les tentatives de compromis ne sont susceptibles d'aboutir qu'à deux résultats: soit une désorganisation et un effondrement du pattern d'un des groupes; soit une synthèse originale, mais qui, alors, consiste en l'émergence d'un troisième pattern, lequel devient irréductible par rapport aux deux autres. Le problème n'est d'ailleurs pas même de savoir si une société peut ou non tirer profit du style de vie de ses voisines, mais si, et dans quelle mesure, elle peut arriver à les comprendre, et même à les connaître.(…)

La civilisation mondiale

Enfin, il n'y a pas de contribution sans bénéficiaire. Mais s'il existe des cultures concrètes, que l'on peut situer dans le temps et dans l'espace, et dont on peut dire qu'elles ont "contribué" et continuent de le faire, qu'est-ce que cette "civilisation mondiale" supposée bénéficiaire de toutes ces contributions ? Ce n'est pas une civilisation distincte de toutes les autres, jouissant du même coefficient de réalité. (...) [C'est] une notion abstraite, à laquelle nous prêtons une valeur, soit morale s'il s'agit d'un but que nous proposons aux sociétés existantes, soit logique si nous entendons grouper sous un même vocable les éléments communs que l'analyse permet de dégager entre les différentes cultures. Dans les deux cas il ne faut pas se dissimuler que la notion de civilisation mondiale est fort pauvre, schématique, et que son contenu intellectuel et affectif n'offre pas une grande densité. Vouloir évaluer des contributions culturelles lourdes d'une histoire millénaire (...) [selon le seul] étalon d'une civilisation mondiale qui est encore une forme creuse, serait les appauvrir singulièrement, les vider de leur substance et n'en conserver qu'un corps décharné.
(...) La véritable contribution des cultures ne consiste pas dans la liste de leurs inventions particulières, mais dans l'écart différentiel qu'elles offrent entre elles. Le sentiment de gratitude et d'humilité que chaque membre d'une culture donnée peut et doit éprouver envers toutes les autres, ne saurait se fonder que sur une seule conviction : c'est que les autres cultures sont différentes de la sienne, de la façon la plus varice (...).
Nous avons considéré la notion de civilisation mondiale comme une sorte de concept limite, ou comme une manière abrégée de désigner un processus complexe. Car si notre démonstration est valable, il n'y a pas, il ne peut y avoir, une civilisation mondiale au sens absolu que l'on donne souvent à ce terme, puisque la civilisation implique la coexistence de cultures offrant entre elles le maximum de diversité, et consiste même en cette coexistence. La civilisation mondiale ne saurait être autre chose que la coalition, à l'échelle mondiale, de cultures préservant chacune son originalité."
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MessageSujet: Re: L'histoire en marche   L'histoire en marche - Page 4 EmptyLun Mar 09, 2009 11:51 am

TCHÉTCHÉNIE : «QUAND LES TCHÉTCHÈNES VIENDRONT EVEILLER LA CONSCIENCE D’OCAMPO»


Au coeur de l’Europe, une population entière est décimée, sous le regard complice de la communauté internationale que rien ne semble vouloir ou pouvoir faire bouger. Pas un mot n’est dit. Un génocide déclaré «affaire intérieure » sans risque de poursuite ou encore moins de condamnation, Ocampo se tient à l’écart du nettoyage ethnique le plus dense, le plus monstrueux, le plus cruel du siècle.
Combien de morts dans la population civile tchétchène durant plus d’une décennie de guerre ? Au moins 100 000, au plus 300 000, selon les estimations des ONG. Soit un civil sur dix ou sur quatre. Le black-out qui règne sur cette parcelle du Caucase interdit toute évaluation chiffrée des ravages d’un conflit que chacun sait impitoyable. Comment accepter le viol des filles enlevées par les troupes d’occupation ou leurs milices ? Pourquoi supporter le meurtre des enfants et le rapt des garçons, torturés, brisés et revendus, vivants ou morts, à leur famille ? Et les camps de «filtration» ? Et les «fagots humains» incendiés ? Et les villages décimés pour l’exemple ? M. le procureur de la cour pénale internationale. Les femmes, les enfants, tous les civils tchétchènes sont-ils moins dignes de respect que le reste de l’humanité ? Sont-ils encore considérés comme des êtres humains ? Ou alors manquez- vous autant que cela d’arguments pour dresser la liste évidente des crimes que votre cour refuse d’accomplir, probablement pour des raisons évidentes de suivisme politique ? Ce qui est encore flou pour vous au Soudan, ne l’est pourtant plus ailleurs. M. Ocampo vous avez été incapable, et l’êtes encore aujourd’hui, de condamner le plus atroce acte génocidaire commis sur le sol européen, vous ne l’avez pas fait et vous ne le ferez pas! Quant la CPI interpellera Poutine pour le nettoyage ethnique dont il est instigateur et responsable, car n’a-t-il pas dit : « je traquerai les terroristes jusque dans les chiottes… en Tchétchénie». Les populations du reste du monde, vous livrerons par elles mêmes leurs « dictateurs ».
L'histoire en marche - Page 4 2000Adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1948, la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide définit ce dernier comme « l’extermination intentionnelle, systématique et programmée d’un groupe ethnique, linguistique, national, religieux ou racial ». La majorité des Tchétchènes considère que tel est bien le caractère des opérations menées par l’armée russe dans leur République. Aujourd’hui, si on essayait de savoir combien de Tchétchènes sont morts et combien ont fui en Europe occidentale ou en Russie, on aurait des surprises. Il ne reste presque plus de Tchétchènes en Tchétchénie. Les guerres de Tchétchénie durent depuis trois cents ans. Elles furent sauvagement coloniales sous les tsars, quasi-génocidaires sous Staline, qui déporta l’entière population, dont un tiers périt dans le seul transfert au Goulag. Aujourd’hui, il s’agit, eu égard à la proportion des morts et à la cruauté des moyens, du pire conflit inaugurant le XXIe siècle. Le 25 avril 2000, la Commission des droits de l’Homme des Nations unies a voté la résolution 2000/58 sur la Tchétchénie. Elle y a condamné la Russie pour la guerre qu’elle mène au Caucase du Nord. La résolution exige de la Russie qu’elle enquête sur les violations des droits de l’Homme commises par les soldats russes, qu’elle les poursuive, et exige que les experts des droits de l’Homme de l’ONU obtiennent un libre accès en Tchétchénie. Des cibles civiles telles que des quartiers d’habitation, des hôpitaux, des écoles, des convois de réfugiés et des mosquées ont été systématiquement bombardées. Par ailleurs, l’armée russe est responsable de plusieurs massacres graves. Des exécutions arbitraires individuelles et de masse ont eu lieu. (1) Pour rappel, à l’exception de la Croix Rouge, aucune organisation humanitaire n’a été, et pendant de longues années, autorisée en Tchétchénie.Lors de son incursion militaire en 1999, les forces armées russes ont dévasté villages et villes, pillant les habitations au motif de la recherche « d’islamistes ». Les abus de l’armée russe sont notamment relatés par la presse occidentale, en témoigne un article du quotidien français Le Monde qui est parvenu à se procurer en avril 2003 un document confidentiel du FSB à l’attention du Kremlin et comptabilisant près de 3 000 civils sauvagement assassinés, sous la torture et sous les balles russes rien que durant la seule année 2002. Le Kremlin rétorque que la guerre tchétchène n’est qu’une affaire intérieure à la Russie et qu’elle ne doit en aucun cas susciter la moindre réaction des Occidentaux. A un journaliste du Monde qui l’interrogeait sur la Tchétchénie, Vladimir POUTINE a répondu que : « Les journalistes qui s’inquiètent pour les Tchétchènes peuvent se faire circoncire ». Ce dérapage verbal, non traduit dans un premier temps, n’est pas le premier de la part de l’ancien président russe. Lors d’un discours prononcé quelques jours après la tragédie de Beslan, Poutine emploie même le terme de camp de concentration pour obtenir vengeance auprès du peuple tchétchène. La prise d’otages d’octobre 2002 au théâtre de la Doubrovka a constitué une aubaine pour Moscou, qui avait toujours brandi la « menace terroriste » tchétchène, en particulier après le 11 septembre 2001. Elle a donc facilité la mise à l’écart définitive de M. Maskhadov, rejeté par le discours russe dans le camp d’Al-Qaïda, et écarté du même coup toute perspective de négociations politiques avec la partie tchétchène. La journaliste russe Anna Politkovskaya (2) a révélé un élément très troublant dans l’hebdomadaire russe Novaya Gazeta : l’un des membres du commando, toujours en vie, ancien représentant de M. Maskhadov en Jordanie, travaille désormais... au service de presse de Poutine ! De même, sur les attentats de septembre 1999 dans des immeubles d’habitation à Moscou et à Volgodonsk, attribués aux résistants tchétchènes et invoqués par Poutine pour justifier la relance d’opérations militaires en Tchétchénie, de nombreux doutes subsistent puisque aucun Tchétchène n’a été reconnu coupable, alors que de nombreux témoignages mettent en cause le FSB. Le 17 avril 2003, Sergueï Youshenkov, qui faisait partie de la commission d’enquête sur ces attentats, a été assassiné par des inconnus. (3) À peine arrivé au pouvoir, Poutine décide de ne plus reconnaître le gouvernement tchétchène. Les troupes russes pénètrent en Tchétchénie, rasent la capitale Grozny, chassent le président élu et le remplacent par un homme proche du Kremlin.
Lancée durant l’été 1999, l’opération « antiterroriste », qui, selon le gouvernement russe, devait prendre fin en mars de l’année suivante, se poursuit. Cette guerre d’usure a causé la mort de dizaines de milliers de civils, détruit à grande échelle et dépeuplé la République caucasienne. De sources officieuses, la population serait passée de 1,2 million à l’époque soviétique à moins de 300 000 aujourd’hui ! Le conflit tchétchène trouve ses origines dans la dislocation de l’empire soviétique en 1991. La Tchétchénie était alors rattachée à l’Ingouchie, dans un ensemble régional autonome intégré à l’URSS. Proclamé dauphin de Boris Eltsine, Vladimir Poutine devient chef de l’État par intérim le 31 décembre 1999. Ancien colonel du KGB, Vladimir Poutine s’impose rapidement et sera confirmé à son poste lors des élections présidentielles de mars 2000. Depuis l’indépendance qui lui a été accordée en 1991 par Boris Eltsine, la Tchétchénie a été le talon d’Achille de la République fédérale de Russie. L’oléoduc qui la traverse et achemine le pétrole de la Caspienne en Russie, est en effet un enjeu stratégique dans le cadre de l’affrontement régional auxquels se livrent les anciens adversaires de la guerre froide, Moscou et Washington. Sous couvert de lutte anticoloniale, les conflits qui secouent la province russe sont donc en réalité une guerre de ressources dissimulée. Le second conflit tchétchène commence à l’automne 1999 alors que Vladimir Poutine vient juste d’être nommé Premier ministre. Le Kremlin met sur pied les modalités de l’intervention militaire fédérale dans la République sécessionniste, qui subit par ailleurs un blocus économique. Une part importante de la population, près de 75 000 personnes, se réfugie aussitôt dans la région voisine d’Ingouchie. Le conflit s’annonce difficile pour les troupes fédérales : l’échec des premières tentatives de médiation permet au président, Aslan Maskhadov, d’unifier l’ensemble des forces tchétchènes. Les ressources pétrolières de la Caspienne, mises à jour à partir 1998, ont suscité une ruée des compagnies pétrolières du monde entier, mais surtout anglo-états-uniennes. Les projets de construction de pipeline se multiplient alors, avec pour objectif de « désenclaver » ces réserves de l’emprise russe. Le 17 avril 1999, c’est l’ouverture de l’oléoduc reliant Bakou à Soupsa, un port géorgien situé sur les bords de la mer noire.
Il s’agit là du premier projet faisant échapper le pétrole à la main-mise de Moscou. En octobre 1999, juste avant le début de l’offensive militaire en Tchétchénie, les compagnies pétrolières anglo-états-uniennes annoncent la prochaine construction d’un oléoduc reliant Bakou au port turc de Ceyhan, nouvelle pierre dans le jardin russe. La position du Kremlin s’aligne donc sur celle de l’état-major militaire : la Tchétchénie doit rester dans le giron russe, à n’importe quel prix. Le 2 octobre 1999, Poutine annonçait ne plus reconnaître la légitimité du président Maskhadov, ni, par voie de conséquence, celle des autorités tchétchènes dans leur ensemble : « Tous les organes du pouvoir en Tchétchénie sont illégitimes (...) car ils ont tous été élus en dehors des lois russes ». Cette phrase résume parfaitement la pensée de Vladimir Poutine : il ne reconnaît ni les accords de Khassaviourt, signés par le général Lebed et le président Maskhadov, ni ceux signés par Boris Eltsine et le numéro un tchétchène en mai 1997. Et de là commence le massacre.
L’absence d’initiatives de la CPI est criante, face à des puissances telles que la Russie, la Chine et les USA. La Cour est compétente pour les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide commis depuis 2002. Elle peut inculper un individu si les crimes ont été commis sur le territoire d’un État partie ou s’il est ressortissant d’un État partie. Israël n’est pas un État partie de la CPI. Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno- Ocampo, a indiqué mardi 3 février qu’il allait s’interroger sur l’existence légale d’un État palestinien. Après 22 jours de bombardements, au soir du 19 janvier, selon le bilan provisoire rapporté par le chef des services d’urgence à Ghaza, 1 315 Palestiniens ont été tués dans l’offensive militaire israélienne avec plus de 410 enfants et 100 femmes, et plus de 5 285 autres ont été blessés. Ocampo s’interroge encore! Monsieur Ocampo refuse de donner un avis, de prononcer un seul mot, ou de faire la moindre déclaration sur la poursuite des constructions de colonies en Cisjordanie par l’État hébreu, malgré le fait que ce crime contre l’humanité soit mentionné dans la Charte de Rome. Le procureur a refusé d’accepter la requête présentée par le spécialiste en droit pénal Hugo Ruiz Diaz Balbuena (Paraguay), qui, au nom d’organisations arabes lui a demandé d’examiner l’agression israélienne contre le Liban. Ocampo lui a envoyé une lettre de dix pages le 2/09/2006, déclarant la CPI incompétente et allant jusqu’à dire que les crimes commis par l’occupant en Irak ne méritent pas que la Cour s’y penche.
Le prix pourrait en être une profonde fracture avec le reste du monde et notamment Arabe et Africain, dont une écrasante majorité a ratifié la création de la CPI, cette politique de double standard peut en effet devenir le moteur d’une hostilité du monde arabo-musulman qui ne comprend pas l’énigme de la soudaine comparaison entre Hitler et Al Bachir faite par Monsieur le procureur général devant le Conseil de sécurité.
RÉFÉRENCE :
1-Exposé écrit présenté par la Société pour les peuples en danger, Organisation non gouvernementale dotée du statut consultatif spécial à la Commission des droits de l’Homme des Nations unies le 05 février 2005.
2-Anna Stepanovna Politkovskaïa est une journaliste russe assassinée le 7 octobre 2006 à Moscou, connue pour son opposition à la politique de l’ancien président Vladimir Poutine.
Le procureur général de Russie, Iouri Tchaïka, supervise l’enquête sur ce meurtre, confiée au service des affaires particulièrement graves du Parquet général de Russie.
Les enquêteurs privilégient l’hypothèse selon laquelle sa mort est liée à ses activités professionnelles.
3-Gwenn Roche : « Guerre et normalisation en Tchétchénie »
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MessageSujet: Re: L'histoire en marche   L'histoire en marche - Page 4 EmptyLun Mar 09, 2009 12:05 pm

MARIE JÉGO, CORRESPONDANTE DU QUOTIDIEN FRANÇAIS «LE MONDE» À MOSCOU : «Le 11 septembre a été du pain béni pour Poutine»


Vladimir Poutine a immédiatement compris, après les attentats du 11 septembre que le monde changeait, le 22 septembre 2001 l’ancien chef du Kremlin déclarait : « La Russie n’a d’autres choix que de participer à la coalition contre le terrorisme » chacun de ses mots était pesé et étudié, en contrepartie de sa coopération la Russie a obtenu le soutien politique de l’Occident dans la guerre d’usure qu’elle mène en Tchétchénie Marie Jégo correspondante du quotidien français « Le Monde » à Moscou, revient dans cet entretien sur les enjeux russe dans le Caucase depuis septembre 2001.
Courrier d’Algérie : Dans quelle mesure Moscou aurait utilisé la crise internationale de l’époque, résultant des attentats du 11 septembre, afin d’être acteur dans un jeu visant à bouleverser complètement l’équilibre stratégique établi ?
Marie Jégo: Je crois en effet que le 11 septembre a été pour Vladimir Poutine du pain béni, ces attaques lui ont permis à l’époque de justifier les opérations militaires que l’armée russe mène depuis plusieurs années en Tchétchénie, sous couvert de la lutte antiterroriste et dont est victime la population civile et puis par ailleurs il était important pour Poutine de se réaffirmer à nouveau et d’avoir un poids en tant que grande puissance, c’était là une occasion de se redorer le blason, il s’agissait de remettre la Russie sur l’échiquier international avec pour enjeu, du deal bien sûr la Tchétchénie.

Cependant ne faut-il pas reconnaître que cette « lutte antiterroriste » a mis à mal Moscou, de nouveaux rapports de forces ont vu, depuis quelques années le jour en Asie centrale, les états-unis ont installé dans cette région des centres de renseignement et d’écoute aux portes de la Russie ?

Oui, c’est vrai, mais je dois préciser que Vladimir Poutine avait très bien réagi quand les Américains ont installé en Ouzbékistan, et notamment dans le sud, une base avec quelque 2000 Boys, le Kremlin s’était doté de réalisme sachant qu’il n’avait plus les moyens de faire vivre des soldats et de maintenir des bases et que cependant il fallait accepter que la force d’un pays ne se mesure pas à sa capacité de domination militaire en terme d’occupation de territoire, par ailleurs la Russie a conservé ses bases au Tadjikistan, la guerre en Afghanistan leur a apporté également beaucoup dans la mesure où des éléments influents dont certains de l’Alliance du nord avaient des contacts et des liens avec la Russie. Je pense que Poutine a agi très finement. Toutefois l’on a vu que les réactions russes étaient beaucoup plus amères lorsque d’abord les états-unis ont commencé par envoyer un petit contingent en Géorgie, il s’en est suivi les révolutions que nous connaissons, et puis il y a aussi le problème aigu de cette guerre en Tchétchénie.

Pourquoi la Russie s’accroche- t-elle autant que cela à la Tchétchénie ?

Marie Jégo : l’argument officiel est de dire : « on ne peut pas donner l’indépendance à cette fédération, la Russie subirait alors le sort de l’Union Soviétique et elle finirait par s’effondrer, cet argument n’est plus valable aujourd’hui dans cette situation sans fin et sans victoire ni pour l’un ni pour l’autre, le problème essentiel est que l’on ne peut plus arrêter la machine, en Tchétchénie les militaires ont carte blanche et font ce qu’ils veulent, pour eux la Tchétchénie est une compensation ils vont là bas pour se faire de l’argent. Ce sont les militaires qui dans cette République mènent le jeu car ils y ont des intérêts, il y a également un petit peu de pétrole qui est largement trafiqué par les officiers. Autre chose, quand les familles veulent récupérer l’un des leurs vivant ou mort il faut payer, vous savez les économies de guerre c’est quelque chose dont on ne parle pas beaucoup et ce statu quo est tout simplement avantageux pour la hiérarchie russe.
M.A.

Source :
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MessageSujet: Re: L'histoire en marche   L'histoire en marche - Page 4 EmptyLun Mar 16, 2009 5:54 pm

«LE NOUVEAU JEU DE CARTE AFRICAIN DE LA CPI»

En 2008 au cours de la conférence de presse qu'il a donnée à l'occasion du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, le chef de l'État français, Nicolas Sarkozy, a demandé au président Omar el-Béchir du Soudan de "faire le choix" de la paix au Darfour dans «les jours qui viennent», ou répondre personnellement de sa responsabilité au Darfour devant la justice internationale. Il dira : «C'est un choix qu'il doit faire non pas dans les semaines qui viennent, mais dans les jours qui viennent. Quand on a dans son gouvernement un homme qui est poursuivi pour crimes, alors la communauté internationale ne peut pas parler avec vous» des propos tenus en présence de Jimmy carter qui n'est pas exempt de reproches pourtant. Sarkozy avait également demandé à Mugabe de «partir» …
Avec ses 2 505 810 km2 le Soudan est le plus grand pays de l'est de l'Afrique, comprenant plus de 35 millions d'habitants. Il est bordé par de nombreux pays : la Libye et l'Égypte au Nord, la mer Rouge, l'Érythrée et l'Éthiopie à l'Est, le Kenya, l'Ougandaet la RDC au Sud, la République centrafricaine et le Tchad à l'Ouest. Son nom vient de l'Arabebalad as-s_daan, qui signifie littéralement « Pays des noirs ». Les deux langues officielles du pays sont l'arabe et l'anglais. 597 groupes ethniques et multiconfessionnels sont présents sur le territoire. Géographiquement, le Soudan est traversé de part en part par le Nil. Le premier janvier 1956, la République Unitaire du Soudan est instaurée. Elle sera reconnue immédiatement par l'Égypte et le Royaume- Uni. Le Soudan devient membre de la Ligue arabe le 19 janvier, et des Nations unies le 12 novembre de la même année. La guerre civile au Darfour a débuté en 2003 et un conflit armé couvrant toute la région du Darfour. Les forces en présence dans ce conflit sont, d'une part, les Janjawid, une milice arabe recrutée parmi les tribus Abbala et, d'autre part, les forces rebelles. Les forces rebelles sont issues des 3 principales tribus du Darfour qui sont en grande partie représentées par les mouvements SLM (Sudan Liberation Mouvement) et JEM (Justice and Egality Movement). Le SLM a une branche armée appelée SLA, (Sudan Liberation Army). Ce groupe armé est soutenu par beaucoup de cultivateurs de la région mais également par le SPLM (Sudan Popular Liberation Mouvement).La nation, qui constitue le Soudan, appartient à deux familles de la communauté mondiale - l'africaine et l'arabe. Celles-ci sont structurées dans la Ligue arabe et l'Union africaine, deux organisations universellement reconnues. Bien que très médiatisée, la crise au Darfour est très mal connue. Cette région de l'ouest soudanais est ravagée par un conflit d'ordre économique et politique. Cette situation chaotique aiguë perdure depuis 2003, mais les origines du conflit remontent au milieu des années 1980. D'une population de 6 millions de personnes, le Darfour est une région qui abrite trois principales tribus : les Fours, les Masalits et les Zaghawas. Le conflit a débuté entre les éleveurs à la recherche d'eau pour leurs bêtes et les paysans qui voulaient protéger leurs territoires. Avec les années, les tensions se sont envenimées à cause de l'eau de plus en plus rare, de la désertification de plus en plus forte et, surtout, à cause de la population qui a doublé en quelques années. C'est le 31 juillet 2007 que le Conseil de sécurité a voté la résolution 1769 à l'unanimité, une première au sein des Nations unies. Ban Ki-moon, le Secrétaire général des Nations unies, a déclaré que cette résolution permettait la création d'une des plus importantes missions de paix au monde. La force hybride de l'ONU et de l'UA fut mise sur rails le 31 décembre 2007 pour une durée de 12 mois. Cette mission prendra la relève de la MUAS. En juin 2004, Invité du G8, le président sud-africain, Thabo Mbeki, note dans le Washington Post qu'il «y sera accueilli en mendiant. Les Occidentaux sont prêts, dira-t-il, à aider l'Afrique, mais pas à renoncer à l'exploiter. Ils continuent à l'aborder de manière paternaliste et n'imaginent pas que les Africains puissent réussir quoi que ce soit par eux-mêmes ». Le 22 juin 2006, l'Assemblée parlementaire paritaire UE/ACP (composée de 78 représentants des pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique) et de 78 députés (européens) a appelé à des embargos sur les armes et le pétrole au Soudan, en réaction, expliquerontils, au « génocide sans précédent » au Darfour. Les participant sont aussi demandé au Conseil de sécurité des Nations unies de prendre des actions ciblées contre les responsables des atteintes aux droits de l'homme et autres atrocités constatées, sans accentuer les souffrances de la population soudanaise. Lundi 14 juillet 2008, le procureur général de la Cour pénale internationale de La Haye avait demandé qu'on délivre un mandat d'arrêt contre le président Omar Hassan el Béchir. Il accusait le chef de l'État soudanais de crime contre l'humanité, de crimes de guerre et de génocide. Moreno- Ocampo fit état de 300 000 morts au Darfour, qui irait sur le compte de Béchir. Dans l'une de ses réflexions, Rony Brauman, médecin diplômé en épidémiologie et médecine tropicale, également président de Médecins sans Frontière jusqu'en 1994, écrivait : «Qu'il y ait eu intention d'exterminer les peuples du Darfour en tant que tels, voilà qui relève de la spéculation. Comment, si tel était le cas, comprendre le fait que plus de deux millions de Darfouriens se sont regroupés autour des principales villes de garnison de leur province, qu'un million d'entre eux vivent à Khartoum, où ils n'ont jamais été inquiétés tout au long de cette guerre, ou encore qu'un énorme dispositif humanitaire a été mis en place et qu'il a permis d'épargner des dizaines de milliers de vies humaines ? Imagine-t-on des Tutsis cherchant abri auprès des forces armées rwandaises en 1994 ? (…) Il est vrai qu'au cours de son intervention au Conseil de sécurité le 5 juin dernier, le procureur est allé jusqu'à parler des camps de réfugiés comme de lieux où se perpétrait le génocide, ce qui est, à proprement parler, délirant. Ces manifestations d'incontinence intellectuelle ne sont pas les premières en ce qui concerne le Darfour, et celui-ci n'en a pas le monopole, bien qu'il les suscite en nombre. Reste qu'avec de tels arguments au service d'une telle incrimination, la qualification juridique et la compréhension politique se séparent radicalement au point que la première fait écran à la seconde. On peut se demander ce que signifie le droit dans de telles conditions. » Affirmant ne s'agenouiller que devant Dieu, le président soudanais défie la Cour pénale internationale, qui l'accuse de crimes de guerre au Darfour, et a ordonné l'expulsion de dix ONG coupables, selon Khartoum, de complicité avec la CPI. « Nous avons refusé de nous agenouiller devant le colonialisme. C'est pour cela qu'on a ciblé le Soudan (...) parce que nous ne nous agenouillons que devant Dieu», a déclaré Omar Hassan al Béchir lors d'un rassemblement, au lendemain du mandat d'arrêt émis contre lui par la CPI. Le chef de l'Etat sénégalais, Me Abdoulaye Wade, a estimé à Dakar qu'au vu de la manière dont fonctionne la Cour pénale internationale (CPI) elle donne l'impression aux Africains d'être une juridiction tournée essentiellement vers la poursuite de leurs responsables. « Beaucoup d'Africains ont l'impression que la Cour pénale internationale (CPI) est un tribunal destiné à poursuivre seulement les Africains », a notamment indiqué le président Wade, lors d'une conférence de presse donnée au Palais présidentiel avec la présidente de la Finlande, Tarja Kaarina Halonen, en visite d'Etat à Dakar. La Chine, l'un L'histoire en marche - Page 4 2500des principaux partenaires commerciaux du Soudan et des Etats africains et arabes, a appelé à la suspension des poursuites contre Béchir. L'Union africaine a annoncé l'envoi à cet effet d'une délégation de haut niveau auprès du Conseil de sécurité de l'ONU. De leur côté, les Etats-Unis ont salué cette décision de la Cour internationale instaurée en 2002. La spécificité de l'Afrique réside certainement dans le fait qu'elle n'a jamais vraiment eu droit à la parole et que l'Occident, plus qu'ailleurs, s'est acharné à faire taire ceux qui y pensaient différemment et voulaient suivre une voie différente. Des guerres coloniales aux assassinats politiques de l'époque moderne - par exemple celui du Congolais Patrice Lumumba tué avec l'aide du colonisateur belge en 1962, l'Occident s'est cru autorisé à faire usage de toutes les méthodes pour imposer sa vision du monde et pour piller l'Afrique de ses nombreuses richesses. Le rêve des indépendances, lorsqu'il n'a pas été comprimé par la force, a été étouffé par la dette, la chute des prix des matières premières, et l'implacable logique de rapports de force qui fondent le capitalisme. (1) En novembre 2008, à quelques semaines de la fin de son mandat le président américain, George W. Bush, a engagé son successeur Barack Obama à maintenir la pression sur le gouvernement soudanais pour résoudre la crise au Darfour. «Les Etats-Unis doivent continuer à rallier la communauté internationale pour faire pression sur le gouvernement», a dit Bush, qui recevait dans le bureau ovale de la Maison Blanche une militante de la cause du Darfour, Halima Bachir. «Il est très important, rajoutera l'ancien locataire de la Maison Blanche, que le président soudanais Omar el-Béchir sache qu'il ne peut pas échapper aux comptes qu'il doit rendre» Parmi les anciens responsables de l'administration Clinton qui se sont surtout concentrés de tout leur poids sur l'observation du Soudan, on trouve : Susan Rice, Madeleine Albright, Roger Winter, Prudence Bushnell, Hillary Clinton, John Podesta, Anthony Lake, John Prendergast. Samantha Power Carr, cofondatrice de Center for Human Rights, fait maintenant partie du National Security Council d'Obama. Susan rice, actuelle ambassadrice des États-Unis à l'ONU [membre du Conseil de sécurité national (1993- 1997) et assistante secrétaire d'État aux Affaires africaines dans l'administration Clinton (1997-2001)] déclarait, en 2004, sur CNN : «En tant qu'anciennes responsables (les États- Unis) des questions africaines aux États-Unis nous avons dû superviser plusieurs déploiements de force dans ce continent, mais nous sommes restées hantées par les images du génocide rwandais. C'est pour cette raison que nous nous permettons de donner des conseils sur la conduite à suivre au Darfour, une région qui pourrait devenir un nouveau Rwanda si nous ne faisons rien (…) Il faudra peut-être prendre des sanctions. Certains gouvernements accuseront alors Washington d'hypocrisie suite à l'affaire d'Abu Ghraib, mais Washington ne doit pas tenir compte de ces remarques. Il faut que les États-Unis demandent également au Conseil de sécurité d'autoriser une action militaire pour protéger les civils. Il faudra qu'elle soit menée par un pays africain ou européen avec le soutien des États- Unis.» Aussitôt dit, les mesures jadis souhaitées viennent d'êtres prises. Dans son livre, «oes America Need a Foreign Policy ?» Henry Kissinger affirme que l'Afrique est destinée au désastre à moins que le peuple américain et la communauté internationale ne s'engagent moralement en sa faveur. L'idée de base de cette affirmation est que l'Afrique est incapable de se sauver elle-même et doit compter sur les étrangers !
RÉFÉRENCE :
(1) Anne-Cécile Robert «L'Afrique au secours de l'Occident»
MERIEM ABDOU
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MessageSujet: Re: L'histoire en marche   L'histoire en marche - Page 4 EmptyLun Mar 16, 2009 6:00 pm

UN DIPLOMATE EN POSTE À L'ONU À PROPOS DE L'INCULPATION DU PRÉSIDENT OMAR EL-BÉCHIR PAR LA CPI
«La démarche ne repose pas sur des faits concrets»


Le procureur de la Cour pénale internationale accuse Omar el-Béchir de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Pour Luis Moreno- Ocampo, c'est bien le président soudanais qui a intégré les milices janjawides dans la structure de l'État et qui a planifié les crimes de guerre au Darfour. Dans son acte d'accusation, Ocampo estime qu'Omar el-Béchir a volontairement mis en place les mécanismes conduisant à la destruction des populations Four, Massalite, et Zaghawa, en raison de leur seule appartenance ethnique. Pour le procureur, les motivations d'Omar el-Béchir sont politiques. Selon lui, la responsabilité personnelle du président soudanais ne fait aucun doute. Le ciblage des civils, l'impunité dont bénéficient les auteurs de crimes, la mobilisation de l'appareil d'Etat, constituent autant de preuves qu'il s'agit bien d'un plan concerté et soigneusement appliqué. Pour constater le degré de véracité des différents chefs d'accusation prononcés par Luis Moreno Ocampo, le Courrier d'Algérie a questionné un ancien responsable onusien au Soudan. Actuellement à New York en mission auprès des Nations unies, il lui est un peu difficile de répondre publiquement à nos questions ; cependant, il a tout de même consenti, à titre officieux (sans que mon nom ne soit mentionné), à clarifier quelques points :
Le Courrier d'Algérie :
La Cour pénale internationale (CPI) a annoncé l'émission d'un mandat d'arrêt contre le président soudanais Omar Hassan el-Béchir pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre au Darfour. Connaissant la situation pa+r le fait de vos engagements professionnels, quelle appréciation faitesvous de cette mesure ?
Réponse :
Je pense que ce mandat ne repose pas sur des faits concrets, mais uniquement sur des allégations - qui sont, désormais, communément, acceptées par la communauté internationale. Ainsi, lorsque j'ai quitté le Soudan en 2006, la communauté internationale mentionnait le chiffre de 200 000 victimes du conflit. Moins d'une année plus tard, le directeur d'un Ocha, John Holmes, évoquait le chiffre de 300 000 morts, qui est, désormais, devenu le chiffre «officiellement» admis. D'où viennent ces 100 000 morts en 9 mois, alors que la plus grande partie de la population darfourienne est soutenue par l'assistance humanitaire internationale et qu'aucun combat majeur n'a été rapporté ? La réalité est que ces chiffres (y compris les 200 000) ne résultent pas d'observations, mais de calculs et d'extrapolations arithmétiques sans aucun rapport avec ce qui se passe sur le terrain. En fait, les observations effectuées par mon équipe et moi-même montraient alors des chiffres considérablement plus bas, qui sont très proches des chiffres donnés par le gouvernement soudanais. Certes, ces chiffres ne tiennent pas compte de la malnutrition, des victimes des maladies et autres causes «non violentes», mais - à ma connaissance - aucune étude sérieuse sur la mortalité «normale» des populations darfourienne n'existe. Le problème est que la communauté internationale tire ses informations des groupes rebelles et des opposants au régime.
Les juges de la CPI accusent le président soudanais de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre au Darfour. En revanche, l'accusation de génocide qu'avait portée le procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo, dans son acte d'accusation n'a pas été retenue. Pensez-vous qu'il puisse réellement être question de génocide au Darfour ?
Pour que l'on puisse parler de génocide (chef d'accusation que la Cour pénale internationale n'a pas retenu), il faudrait qu'il y ait une volonté de détruire un groupe particulier. Or, une analyse sérieuse des diverses actions violentes au Darfour ne permet pas d'identifier une systématique contre l'une ou l'autre des populations darfouriennes. Une étude attentive des diverses attaques des «janjaweed » - généralement considérés comme «milices» du gouvernement - font apparaître que ce terme recouvre toutes sortes de personnages, y compris des combattants rebelles! En fait, les affrontements entre «janjaweed» et forces de sécurité soudanaises sont fréquents (la caserne de police d'El-Geneina a notamment été assiégée durant plusieurs jours par des Janjaweed en octobre 2006). En plus, en ce qui concerne les villages brûlés, nous avons noté à plusieurs reprises que ce sont les habitants eux-mêmes qui ont brûlé leur cases en accusant les «janjaweed» afin de rejoindre les camps de personnes déplacées et éviter d'être refoulés, car la vie dans les camps est considérablement plus facile que dans les villages darfouriens. Ceci n'explique sans doute pas tous les cas, mais c'est une réalité que personne ne mentionne jamais.
Par quoi expliquer l'échec des diverses tentatives de négociations ou de règlement du problème darfourien ?
Le gouvernement soudanais pense - à juste titre - que le conflit est essentiellement de nature tribale et tente une approche orientée sur une réconciliation des tribus et communautés locales, alors que la communauté internationale tente une approche de paix «classique», avec des groupes armés qui n'ont qu'une représentativité très limitée dans la population. Je pense que nous devrions plus faire confiance au gouvernement soudanais, même si sa démarche est sans doute trop lente pour une communauté internationale toujours (trop) pressée.
M.A.

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