REC mardi 22 avril 2008
Bienvenue, bienvenue dans l’émission cul de jatte ou tronc de figuier, vu qu’elle a perdu deux de ses membres en cours de route, je veux parler d’oum el kheir qui a enlevé une dent qu’elle avait contre je ne sais qui, et qui est en conséquence indisponible, quelle enflure, et de yacine qui a un partiel fondamental, je n’ai pas dit fondamentaliste vu qu’il est censé sortir ingénieur en androïdes ou quelque chose d’approchant, vous me connaissez, le domaine informatique reste pour moi de la science fiction, je reste un indécrottable pithécanthropus erectus, erectus ça me va bien, qui s’éclaire à la bougie et qui chasse les mammouths à la massue… du coup, on se retrouve dans un tête à tête inédit avec abdallah, mais comment allons nous faire dans cette configuration ultra minimaliste pour respecter autant que faire se peut notre feuille de route qui consiste, je vous le rappelle, à gloser de manière plus ou moins inspirée sur les images, les mots et les sons qui s’introduisent subrepticement dans nos foyers, dans nos cervelles et dans nos habitudes, au risque de faire de nous, du moins selon certains, des êtres dépourvus de raison, complètement aliénés et fascinés par les lumières de l’orient et de l’occident réunis, et prêts à prendre le large sur une barcasse pourrie pour rejoindre ces chimères…
C’est bien joli tout ça, mais moi-même, j’étais un peu patraque, alors j’avais décidé de m’en remettre à la sagacité légendaire de mes acolytes anonymes pour parler de la télé, des satellites, du web et de toutes ces sortes de choses, et je m’étais endormi du sommeil du juste en pensant que je n’aurais qu’à produire deux boutades éculées, trois saillies approximatives et quelques transitions en forme de trait d’esprit pour boucler l’affaire, bien le bonjour à la malika éponyme, mais voilà que le sort s’acharne contre moi, et me voilà contraint à produire du sens pile poil au moment de l’année où je sature, où je trouve que la télé, finalement, c’est assez surfait, et que mon démo comme je vous le rappelle tous les jours, est en voie de dissolution, de restructuration, de délocalisation et de catastrophisation, que le peu de chaînes qui restent ne m’inspirent guère, sinon pas du tout. Ceci dit, c’est quand même dans la tête que ça se passe, je veux dire que j’ai changé, car je suis tombé sur relooking extrême, vous savez qu’en temps normal , je pourrais vous faire une demi heure sur ce thème, eh bien là, rien, sinon un vague dégoût devant la laideur de ces gens, le cynisme des producteurs et le voyeurisme qu’ils nous prêtent, je vous le dis, non vraiment ça va pas fort en ce moment…
J’aurais pu meubler, dans un autre registre, une nouvelle fois avec aimé césaire dont la France veut faire un bien pensant alors que c’était un radical révolté, mais à quoi bon, ma voix est si petite dans cet océan de niaiseries, et je ne me crois plus capable de vous donner envie de lire les carnets d’un retour au pays natal ou la critique du colonialisme, même si ça fait du bien par où ça passe, à quoi bon ? tout ça n’a aucun sens, je suis un aquoiboniste, un faiseur de plaisantristes, qui répète sur tous les tons, à quoi bon, alors je ne vais pas vous parler du destin de germaine tillion qui vient de disparaître à 101 ans, qui fut une jeune ethnologue dépêchée dans les années trente dans les Aurès, et qui en a tiré des observations humaines et culturelles qui devraient nous être utiles encore aujourd’hui, je ne vous raconterai même pas que dans une vie antérieure, je suis parti sur ses traces sur les pentes du djbel ahmar kheddou pour un reportage parce qu’à quoi bon remuer les souvenirs et les regrets aussi, non, rien de rien, je sais tout mais je ne dirai rien, à moins que ça ne soit l’inverse, il ne me reste plus qu’à m’en remettre à abdallah benadouda et à sa faconde proverbiale pour alimenter cette tranche de vie, et sinon, il nous reste les sons à nul autres pareils de l’ammi karim, et ça, c’est irremplaçable et ça peut toujours sauver les meubles, la preuve en écoute qui s’imagent d’elles mêmes.